La demande de travail manuel devrait rester la plus forte à l'échelle mondiale, mais les emplois numériques connaîtront une croissance fulgurante dans les cinq prochaines années. Dans le même temps, de nombreuses fonctions administratives et de bureau pourraient être supprimées.
Une société sans travailleurs humains reste du domaine de la science-fiction, du moins pour l'instant.
Malgré l'essor des technologies numériques, le travail manuel restera probablement le plus demandé au cours des cinq prochaines années, selon une étude du Forum économique mondial.
Le plus grand nombre de nouveaux postes - plus de 35 millions dans le monde - sera créé pour les ouvriers agricoles et autres employés du secteur agricole.
Les chauffeurs routiers pourraient également être 10 millions de plus en 2030, tandis que plus de 5 millions de postes devraient être ouverts pour les développeurs d'applications et de logiciels, ainsi que pour les charpentiers de bâtiment.
Mais les spécialistes des big data arrivent en tête des prévisions de croissance avec près de +120 % d'emplois créés, suivis par les ingénieurs de technologie de précision (près de 100 % d'augmentation) et les spécialistes de l'IA et de l'apprentissage automatique avec une hausse de 80 %.
Quels sont les emplois les plus menacés de disparition ?
En termes de pertes absolues, ce sont les caissiers et les guichetiers qui devraient être les plus touchés, avec une projection de 15 millions d'emplois en moins d'ici la fin de la décennie.
Les assistants administratifs pourraient également voir cinq millions de postes supprimés, suivis par les nettoyeurs de bâtiments, les femmes de ménage et le personnel d'entrepôt, qui risquent de perdre cinq millions d'emplois chacun.
De même, les postes qui disparaissent le plus rapidement sont tous des emplois de bureau : près de 40 % de moins pour les postiers et les guichetiers, et environ 20 % pour les assistants à la saisie de données et les caissiers.
Cela ne signifie pas pour autant que tous les emplois dans les magasins vont diminuer.
Les vendeurs et les assistants occupent la cinquième place dans la croissance globale, avec près de 5 millions d'emplois supplémentaires attendus.
Embaucher de nouveaux employés ou perfectionner les travailleurs existants ?
L'enquête explore également la manière dont la relation entre l'homme et la technologie sur le lieu de travail devrait évoluer.
Actuellement, environ 48 % des tâches sont effectuées par des humains, 32 % impliquent un mélange d'humains et de technologie, et 20 % sont effectuées uniquement par des machines.
D'ici à 2030, cet équilibre pourrait changer de manière significative : on s'attend à ce que 34 % seulement des tâches restent "exclusivement humaines", 34 % étant partagées entre l'homme et la technologie et 32 % étant entièrement gérées par les machines.
Afin d'obtenir la meilleure efficacité IA-travailleur, les employeurs européens sont prêts à embaucher du nouveau personnel (à 65 %) ou à former la main-d'œuvre existante (79 %).
L'Espagne veut faciliter l'embauche et le licenciement
Les économies européennes s'apprêtent à faire face à des défis croissants en matière d'embauche : 54 % des employeurs craignent une aggravation de la pénurie de talents, un taux bien supérieur à la moyenne mondiale.
En Espagne, le manque de compétences est perçu comme un obstacle majeur à l'adaptation au changement.
La majorité des employeurs espagnols (60 %) pensent que la solution réside dans des réformes des politiques publiques visant à faciliter les pratiques d'embauche et de licenciement, tandis que 49 % souhaiteraient disposer d'une plus grande marge de manœuvre dans la fixation des salaires.
En France, 46 % pensent que des ajustements des pensions et de l'âge de la retraite pourraient contribuer à accroître la disponibilité des talents.
Les entreprises britanniques et allemandes se méfient des chocs géopolitiques
D'une manière générale, la numérisation, l'atténuation du changement climatique et l'augmentation du coût de la vie sont les principales forces qui devraient remodeler le marché du travail européen d'ici à 2030.
Toutefois, l'incertitude géopolitique est également très présente, en particulier au Royaume-Uni, où 56 % des entreprises citent les tensions géopolitiques comme un facteur potentiel de changement.
Ce sentiment est partagé par l'Allemagne (52 %), la plus grande économie d'Europe, qui est récemment devenue la quatrième puissance militaire mondiale.
En revanche, la plupart des employeurs italiens se concentrent davantage sur le changement climatique.
Ils sont 70 % à considérer les investissements verts comme le principal moteur de la transformation, ce qui est nettement supérieur à la moyenne mondiale de 43 %.