L'Union européenne a adopté une nouvelle série de sanctions à l'encontre de la Russie, visant les secteurs énergétique et financier du pays,
L'Union européenne a adopté vendredi une nouvelle série de sanctions à l'encontre de la Russie, ciblant les secteurs énergétique et financier du pays, dans le but de serrer la vis à la machine de guerre du Kremlin et de forcer un cessez-le-feu temporaire en Ukraine.
Les sanctions, approuvées vendredi par les ambassadeurs à Bruxelles, interdisent les transactions avec 22 banques russes, le Fonds russe d'investissement direct et ses filiales, ainsi que l'utilisation directe et indirecte des gazoducs sous-marins Nord Stream, qui sont actuellement fermés mais que Moscou cherche à redémarrer à l'avenir.
L'UE modifie également le plafond des prix du pétrole brut russe de 60 dollars le baril en un mécanisme dynamique qui restera inférieur de 15 % au prix moyen du marché, selon des sources diplomatiques. Le nouveau plafond entrera en vigueur à 47,6 dollars le baril.
Les États-Unis, principaux partisans du plafond au niveau du G7 sous l'administration précédente, n'ont pas soutenu la révision à la baisse.
105 autres navires appartenant à la "flotte fantôme", les vieux pétroliers que Moscou utilise pour contourner le plafonnement des prix du pétrole brut, se voient refuser l'accès aux ports et aux services de l'UE. Cela porte la liste noire de la "flotte fantôme" à plus de 400 navires.
Cet accord représente le 18e train de sanctions depuis février 2022.
La percée politique n'a été possible que lorsque la Slovaquie a cédé et levé son veto, qui avait jusqu'à présent empêché l'approbation des nouvelles sanctions.
L'opposition slovaque portait sur un tout autre sujet : l'élimination progressive de tous les combustibles fossiles russes d'ici à la fin de 2027.
La Commission européenne a dévoilé la feuille de route en mai et a présenté le projet de législation en juin, basé sur des interdictions progressives des contrats de gaz à court et à long terme.
La Slovaquie a vivement protesté contre ce plan, avertissant qu'il augmenterait les prix pour les consommateurs, affaiblirait la compétitivité et mettrait en péril la sécurité énergétique.
Lors d'un sommet européen le mois dernier, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a fait monter les enchères en demandant une série de compensations financières.
Il a déclaré que son pays risquait d'être poursuivi par le fournisseur de gaz russe Gazprom pour un montant compris entre 16 et 20 milliards d'euros, en raison de la résiliation de son contrat à long terme, qui court jusqu'en 2034. La Commission soutient que les interdictions de gaz agiront comme une "force majeure" devant les tribunaux et protégeront les gouvernements et les entreprises contre les dommages.
La croisade solitaire de Robert Fico
L'impasse a intensifié le dialogue entre Bratislava et Bruxelles, en mettant l'accent sur des solutions pratiques pour diversifier le bouquet énergétique de la Slovaquie en s'éloignant de la Russie, en renforçant les connexions avec les pays voisins et en atténuant la volatilité des prix.
Robert Fico a salué le caractère "constructif" de cette démarche, mais a campé sur ses positions, ce qui a surpris les diplomates qui pensaient que le veto serait levé plus tôt. Le chancelier allemand Friderich Merz et le Premier ministre polonais Donald Tusk sont intervenus pour sortir de l'impasse.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s'est également impliquée.
En début de semaine, elle a envoyé au Premier ministre slovaque une lettre de trois pages dans laquelle elle le rassure sur la mise en œuvre de l'élimination progressive, y compris sur le déploiement éventuel d'aides d'État et de fonds européens pour "compenser les effets négatifs pour les ménages et l'industrie".
Ursula Von der Leyen a également promis de clarifier les critères de déclenchement de la "pause d'urgence" et de suspendre temporairement l'application des interdictions d'utilisation du gaz en cas de "flambée extrême des prix".
La lettre ne parle pas d'une enveloppe financière sur mesure pour la Slovaquie.
"Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les États membres les plus directement concernés, notamment la Slovaquie, afin de garantir que l'élimination progressive des importations d'énergie russe dans l'ensemble de l'Union soit graduelle et bien coordonnée dans toute l'Union", a écrit la présidente de la Commission.
Selon Robert Fico, qui a publié l'intégralité de la lettre confidentielle sur ses réseaux sociaux, l'offre d'Ursula von der Leyen a été catégoriquement rejetée par ses partenaires de coalition.
Il a ensuite demandé une exemption totale de l'élimination progressive pour continuer à acheter du gaz russe jusqu'à ce que le contrat avec Gazprom prenne fin en 2034.
Mais quelques jours plus tard, face à la pression croissante, Robert Fico a cédé et accepté de lever son veto.
"À ce stade, il serait contre-productif de continuer à bloquer le 18e paquet de sanctions", a-t-il déclaré jeudi soir. "Toutes les options ont été épuisées pour l'instant, et rester dans notre position de blocage mettrait déjà en péril nos intérêts".
Le Slovaque a toutefois promis de poursuivre sa croisade contre l'élimination progressive.
"La deuxième étape de notre bataille avec la Commission européenne sur la question du gaz russe commence. Nous avons approuvé un plan clair", a-t-il déclaré.