L'enquête sur les têtes de porc est toujours en cours, mais une série d'incidents similaires se sont produits en France ces dernières années et la Russie est soupçonnée d'être impliquée.
Les révélations selon lesquelles neuf têtes de porc ont été placées à l'extérieur d'une série de mosquées à Paris lundi soir ont déclenché un débat tendu sur l'islamophobie en France.
Cependant, les procureurs ont révélé que deux ressortissants étrangers ayant fui le pays étaient à l'origine de l'incident, qui a été qualifié de tentative de "provoquer des troubles au sein de la nation".
L'histoire a commencé à s'éclaircir lorsqu'un agriculteur français de la région du nord de la Normandie s'est présenté aux enquêteurs, affirmant que deux hommes conduisant un véhicule immatriculé en Serbie lui avaient acheté une douzaine de têtes de porc.
Le parquet de Paris a indiqué à EuroVerify que les images de vidéosurveillance confirmaient ces affirmations, révélant que ces deux mêmes individus s'étaient rendus à Paris dans le même véhicule lundi soir, avant de déposer des têtes de porc devant des mosquées à Paris, ainsi que dans quatre villes de la banlieue de la capitale : Montreuil, Montrouge, Malakoff et Gentilly.
Le nom de famille du président français Emmanuel Macron aurait été inscrit sur l'une des têtes de porc, selon les médias français.
Les suspects auraient quitté le territoire français et franchi la frontière belge mardi matin. Au même moment, les procureurs ont déclaré à EuroVerify qu'ils avaient probablement "utilisé un numéro de téléphone croate, qui a été retracé jusqu'à un point de passage à la frontière franco-belge".
Les procureurs ont ouvert une enquête pour "servir les intérêts d'une puissance étrangère ou d'une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger", ainsi que pour incitation publique "à la haine ou à la violence en raison de l'origine, de l'ethnie, de la nationalité, de la race ou de la religion".
Ces chefs d'accusation sont passibles respectivement de six ans et d'un an de prison.
La Russie soupçonnée d'être à l'origine d'une série d'incidents antérieurs
Mardi, alors que l'affaire des têtes de porc commençait à faire la une des journaux nationaux et internationaux, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a affirmé que "l'on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec des actions antérieures (...) qui se sont révélées être des actes d'ingérence étrangère".
Alors que l'enquête sur l'incident de la tête de porc est toujours en cours, une série d'incidents similaires se sont produits en France ces dernières années, et la Russie est soupçonnée d'être impliquée ou d'avoir orchestré ces opérations.
Au début de l'année, en juin, trois synagogues, un restaurant juif et un mémorial de l'Holocauste ont été aspergés de peinture verte samedi dans le quartier historique du Marais et dans le 20e arrondissement.
Trois ressortissants serbes qui s'apprêtaient apparemment à quitter la France ont été arrêtés dans les Alpes-Maritimes, dans le sud-est du pays.
Un autre incident a fait la une des journaux en mai 2024 : des mains rouges ont été peintes sur le Mémorial de l'Holocauste à Paris.
Les autorités françaises ont identifié trois ressortissants bulgares comme suspects, tandis que selon le journal français Le Canard Enchaîné, les enquêteurs soupçonnent Moscou d'être à l'origine de ces actes de vandalisme.
De tels incidents se sont également produits à des moments où la tension sociale était à son comble en France.
En novembre 2023, alors que la communauté juive de France n'avait pas encore digéré les attentats du 7 octobre au cours desquels des militants du Hamas avaient tué quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et 250 autres avaient été enlevées dans le sud d'Israël, des dizaines d'étoiles de David ont été graffitées sur les murs de la capitale française et de sa banlieue.
A leur tour, deux ressortissants moldaves ont été arrêtés, tandis que les services de sécurité français ont identifié un homme d'affaires moldavo-russe comme étant leur éventuel maître d'œuvre.
Le journal Le Monde a ensuite révélé une note confidentielle - dont l'agence de presse AFP a confirmé la légitimité - dans laquelle la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française affirme que l'opération "Étoile de David" a été orchestrée par un service chargé des opérations internationales au sein des services de sécurité russes.
Moscou a réagi en niant toute implication et en qualifiant ces rapports de "stupides" et de "scandaleux".
Dans une interview accordée en mars à FranceInfo, la directrice de la sécurité intérieure française, Céline Berthon, a commenté cet incident en affirmant que "nous avons la preuve que les individus qui ont commis ces actes sont venus sur notre territoire pour le faire, en obéissant à des ordres qui leur ont été donnés".
"Qu'est-ce qui nous interpelle ? Les premières photos ont été mises en ligne par un appareil qui, de notre point de vue, obéit à la Russie", a ajouté Mme Berthon, précisant que la "Russie" pouvait être qualifiée comme "un éventail assez large d'acteurs : il pourrait évidemment s'agir du Kremlin directement, d'agences gouvernementales, ou d'associations de soutien".