Newsletter Newsletters Events Évènements Podcasts Vidéos Africanews
Loader
Suivez-nous
Publicité

L'Afghanistan n'est pas encore prêt à accueillir les réfugiés présents en Europe, estime l'ONU

Des femmes afghanes attendent de recevoir de la nourriture offerte par Muslim Hands, une organisation à but non lucratif, à Kaboul, en Afghanistan
Des femmes afghanes attendent de recevoir de la nourriture offerte par Muslim Hands, une organisation à but non lucratif, à Kaboul, en Afghanistan Tous droits réservés  AP Photo/Rahmat Gul
Tous droits réservés AP Photo/Rahmat Gul
Par Eleonora Vasques & Vincent Reynier
Publié le
Partager Discussion
Partager Close Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article : Copy to clipboard Lien copié

Les Nations unies affirment que l'Afghanistan peine déjà à accueillir les réfugiés rapatriés ces dernières années, alors que les États membres de l'UE cherchent à accélérer le retour des demandeurs d'asile afghans déboutés.

Un haut fonctionnaire de l'ONU a déclaré à Euronews que l'Afghanistan n'avait pas la capacité d'absorber davantage de réfugiés, alors que les États membres de l'UE cherchent des moyens de les renvoyer dans leur pays d'origine.

Selon un rapport de l'Agence des Nations unies pour le développement (PNUD), environ 4,5 millions d'Afghans sont rentrés dans leur pays ces deux dernières années, principalement depuis l'Iran et le Pakistan.

Mais les conditions difficiles auxquelles le pays est confronté - notamment le manque généralisé d'accès à l'aide internationale, déjà réduite par l'arrêt des financements américains de l'USAID - rendent difficile la réintégration des Afghans qui reviennent de l'étranger.

Un "décalage" entre la réalité et les projets d'expulsion des réfugiés

Parmi les problèmes principaux, le rapport de la PNUD cite : la grande pauvreté, les conditions climatiques difficiles, les dégâts causés par les récents tremblements de terre et les restrictions sévères imposées par les talibans aux droits humains fondamentaux et à la vie quotidienne, qui touchent particulièrement les femmes et les jeunes filles.

La directrice du PNUD pour l'Asie et le Pacifique, Kanni Wignaraja, a déclaré à Euronews que la réalité sur le terrain ne se prêtait pas au projet européen d'expulser les Afghans en situation irrégulière.

"Il y a un décalage entre les appels mondiaux au retour en Afghanistan et la capacité des communautés afghanes à accueillir ceux qui reviennent", estime-t-elle.

Bruxelles a récemment entamé des discussions préliminaires avec les talibans, un régime que l'UE ne reconnaît pas officiellement, à la suite d'une initiative de 20 pays européens visant à renvoyer les demandeurs d'asile afghans déboutés.

Des soldats de l'armée afghane dirigée par les talibans surveillent un convoi qui tente d'atteindre le site d'un puissant séisme dans la province de Samangan, 3 novembre 2025
Des soldats de l'armée afghane dirigée par les talibans surveillent un convoi qui tente d'atteindre le site d'un puissant séisme dans la province de Samangan, 3 novembre 2025 AP Photo/Sirat Noori

Selon les dernières données de l'Agence européenne pour l'asile (EUAA), entre juin et août 2025, 63 % des demandeurs d'asile afghans ont été reconnus comme réfugiés dans les pays de l'UE et de l'AELE, bien que les taux varient considérablement d'un pays à l'autre.

Les données de l'EASO excluent les formes nationales de protection, le type de protection le plus souvent accordé aux Afghans, ainsi que les cas ayant fait l'objet d'un recours devant les autorités judiciaires après avoir été rejetés.

L'un des pays les plus pauvres du monde

Avec une population d'environ 44 millions d'habitants, l'Afghanistan fait partie des pays les plus pauvres du monde : selon les dernières données de l'indice de pauvreté ajustée, environ deux tiers des Afghans vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Kanni Wignaraja a expliqué à Euronews que les Afghans qui rentrent actuellement chez eux reviennent principalement d'Iran et du Pakistan, de gré ou de force.

"Près de 10 % de la population revient sans apporter de biens", indique-t-elle. "Ils ne ramènent presque rien. Ce qu'ils emportent avec eux, outre les vêtements qu'ils portent sur le dos, ce sont des dettes".

"Il est très difficile pour les rapatriés de trouver un emploi, par exemple. Lorsqu'ils arrivent, ils n'ont ni maison ni services de santé et d'éducation de base. Et surtout, les femmes et les filles ne peuvent pas retourner à l'école après la sixième année et les femmes ne peuvent pas trouver de travail", ajoute-t-elle.

Outre les difficultés liées à la satisfaction des besoins de base, l'aide internationale ne parvient guère aux rapatriés une fois qu'ils sont arrivés dans les communautés afghanes.

"Lorsque l'on demande aux communautés locales qui accueillent les rapatriés si elles ont reçu de l'aide internationale, environ 76 % d'entre elles ont dit au PNUD qu'elles n'en avaient pas vu", déclare Kanni Wignaraja.

Exiger de meilleures conditions pour les femmes

Depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, les femmes et les jeunes filles afghanes sont privées de la quasi-totalité de leurs droits. Elles n'ont accès qu'à l'éducation de base, la plupart des emplois leur sont interdits, tandis que leurs déplacements et leur participation à la vie publique sont extrêmement limités.

Des Afghanes assises à la mosquée bleue de Mazar-e-Sharif, lors d'une cérémonie marquant le Nouvel An persan, le jeudi 21 mars 2002
Des Afghanes assises à la mosquée bleue de Mazar-e-Sharif, lors d'une cérémonie marquant le Nouvel An persan, le jeudi 21 mars 2002 AP Photo/Alexander Zemlianichenko

Kanni Wignaraja appelle l'UE, tout en recherchant un dialogue avec les talibans, à faire de la liberté et des droits des femmes et des jeunes filles l'un des principaux points de négociation pour le retour des réfugiés afghans.

"Tout le monde, hommes et femmes, filles et garçons, devrait avoir la possibilité de mener une vie digne et de se sentir bien à son retour", affirme la directrice du PNUD. "Mais surtout, les filles et les femmes afghanes doivent pouvoir exercer leurs droits à l'éducation et au travail".

"Je pense qu'il s'agit là d'une question essentielle qu'il convient d'examiner tout en soutenant le retour des réfugiés par le biais de l'aide internationale", conclut-elle.

Accéder aux raccourcis d'accessibilité
Partager Discussion

À découvrir également

Dix-neuf pays de l'UE et la Norvège exigent le retour des Afghans volontairement ou de force

La France et l'Allemagne soutiennent la simplification des règles numériques de l'UE

Numérique : Macron appelle l'Europe à ne pas être simple "cliente" des États-Unis et de la Chine