L'Afrique en quête d'unité

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Par Euronews
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“Libye, Côte d’Ivoire, Sud Soudan, Zimbabwe. Ces derniers mois, l’Afrique a vu les stigmates de son histoire venir heurter parfois violemment les consciences internationales. Alors ici, en Guinée Equatoriale, à l’Ouest de cette ruelle en terre, s’est tenu le 17e sommet de l’Union Africaine, explique François Chignac, envoyé spécial d’euronews.”

Direction Sipopo, et le centre de conférences, fierté du régime. Un régime pour qui ce sommet était une sorte de consécration diplomatique après avoir longtemps été mis au ban des nations en raison des violations des droits de l’Homme.

Trois jours durant, il a fallu rebâtir des liens distendus. Car autant l’avouer, l’Union Africaine semblait au bord de l’implosion.

Prenez la crise en Côte d’Ivoire. Goodluck Jonathan, président du Nigéria, voulait utiliser des troupes africaines pour déloger Gbagbo. Non, lui rétorquait Jacob Zuma, son homologue sud-africain, adepte de la négociation, au risque d‘être taxé de pro-Gbagbo. Trois mois plus tard, c’est du passé. Tout deux ont affiché une union qui n’avait rien de façade.

De quoi réjouir l’ivoirien Alassane Ouattara. Soutenu par l’Union Africaine tout au long de la crise, il prend ici sa revanche avec son premier sommet en tant que président.

“Je pense que l’on y arrive. C’est une union qui est jeune, donc les choses prennent un peu de temps. Mais cela se passe bien, raconte le président ivoirien.”

Autre dossier très sensible : la Libye. Son ombre n’a cessé de planer sur le sommet. L’Union peinait à parler d’une seule voix. Kadhafi fut un grand bailleur de fonds de l’organisation mais aussi de beaucoup de chefs d’Etat. Certaines délégations prônaient un soutien indéfectible au leader libyen. D’autres réclamaient sa tête. La campagne menée par l’OTAN était vilipendée. Pas de quoi inquiéter les membres du Conseil National de transition.

“Désormais, je peux affirmer que de nombreux états sont ouvertement de notre côté. Ils affirmaient même en comité restreint qu’il était nécessaire que Kadhafi renonce au pouvoir et s’en aille. Une chose est sûre, plus personne ne soutient Kadhafi, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, déclare Abderrahman Chalgham, du Conseil National de transition libyen.”

Les discussions à huis clos ont été ponctuées par des éclats de voix. L’Ethiopie, le Nigeria, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, ont voulu que l’UA adopte un ton plus dur à l‘égard du colonel Kadhafi. En vain. 25 orateurs ont pris la parole au cours de débats musclés. Au final, on a arraché un accord à minima, mais un accord quand même, comme le souligne le Gabonais Jean Ping.

“Les crises comme la crise libyenne. Les crises comme la crise ivoirienne. Les crises comme la crise au Soudan ou en Somalie, toutes ces crises devaient être abordées à un moment précis où l’Afrique avait, comme tous les continents, des points de vue qui ne sont pas forcément identiques. Et donc il fallait aller, à la suite d’un long débat, de négociations, aller vers une position commune, estime Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine.”

Un accord-cadre mi-figue mi-raisin. Les membres de l’UA proposent d’organiser des pourparlers de paix entre le régime libyen et les insurgés. Mais l’offre passe sous silence tout rôle futur pour le numéro un libyen. Reste que l’unanimité a été sauvée.

“L’Afrique sort de ce sommet unie. Unie sur toutes les questions majeures, en particulier sur la question relative à la crise libyenne. Une discussion a été adoptée à l’unanimité, explique Mahamadou Issoufou, président du Niger.”

Et dans la rue alors ? Avec près un milliard d’habitants, l’Afrique compte le septième de la population mondiale. Mais elle reste le continent le plus pauvre. Et les populations sont confrontées à des démocraties en devenir, à des dictatures en pleine exercice, ou des régimes taxés de favoriser le blanchiment d’argent. L’Union a-t-elle alors un sens ?

“L’Union africaine, c’est une très grande chose pour le peuple africain. Parce que ailleurs dans le monde, les Etats s’unissent. Pourquoi pas l’Afrique, s’interroge ce Camerounais.”

“Je voudrais être unie à tous les Africains, pas forcément de Guinée équatoriale, mais venant aussi d’autres pays africains, déclare une citoyenne de Guinée équatoriale.”

L’Union donc, envers et contre tous. Car s’il y a une organisation de toute évidence nécessaire à l’amélioration future de l’Afrique, c’est bien l’Union Africaine. Mais pour cela, ses dirigeants doivent affronter leurs propres échecs et défis, ou ceux de leurs voisins, tout en encourageant les Africains ordinaires à user de leur ingéniosité pour bâtir leur propre avenir.

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