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L'OTAN peaufine ses drones, des armes décisives dans la guerre qui oppose l'Ukraine et la Russie

Exercice militaire de l'OTAN aux Pays-Bas le 19 septembre 2024.
Exercice militaire de l'OTAN aux Pays-Bas le 19 septembre 2024. Tous droits réservés NATO
Tous droits réservés NATO
Par Pascale Davies
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

"Les drones sont constamment dans le ciel. Ils surveillent notre territoire le long de la ligne de front", indique un membre du ministère ukrainien de la Défense à Euronews Next.

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Alors que deux drones encerclent un camion militaire, deux soldats s'échappent du véhicule, un troisième drone arrive, venant à bout des deux autres et provoquant d'importantes émanations de fumée.

La scène ne se passe pas en zone de conflit, mais relève d'un exercice militaire organisé par l'OTAN, aux Pays-Bas. L'objectif, tester les dernières technologies anti-drones.

La manœuvre s'est déroulée jeudi dernier, le jour même où le président russe Vladimír Poutine a affirmé qu'il multiplierait par dix la production de drones, pour la porter à près de 1,4 million d'unité cette année.

"La Russie s'est avérée être un adversaire doté de réelles capacités dans le champ de la guerre électronique" , note Matt Roper, chef du renseignement interarmées, de la surveillance et de la reconnaissance au département technologie et cybernétique de l'OTAN.

Un drone en vol lors d'un exercice militaire de l'OTAN, le 19 septembre 2024.
Un drone en vol lors d'un exercice militaire de l'OTAN, le 19 septembre 2024. NATO

"Nous avons beaucoup appris en observant ce qui se passe en Ukraine, et nous nous adaptons en conséquence".

Plus de 50 technologies de lutte contre les drones ont été présentées lors de l'exercice annuel de l'OTAN, auquel ont participé plus de 19 États membres de l'OTAN et, pour la première fois, l'Ukraine.

Les drones constituent aujourd'hui l'obstacle le plus conséquent, dans la guerre qui oppose Moscou à l'Ukraine, a déclaré Yaroslav, du centre d'innovation du ministère ukrainien de la défense.

Une "boîte de Pandore"

"Ils sont constamment dans le ciel. Ils surveillent notre territoire le long de la ligne de front, sur 20 km de profondeur", a-t-il déclaré à Euronews Next.

Selon Yaroslav, les drones ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) qui sont utilisés à des fins de surveillance, sont les plus redoutables. Ces derniers ne peuvent être ni vus, ni entendus.

"Ils opèrent à des altitudes assez élevées, de 1 à 5 km, et peuvent se trouver à une grande distance de votre dispositif de brouillage. Et il n'est pas simple de les brouiller", précise-t-il.

Pour y remédier, l'Ukraine envisage d'autres options, principalement des drones capables de frapper le drone ISR pour le détruire.

L'autre type de drone qui préoccupe l'OTAN et d'autres pays est le drone FPV (First Person View), contrôlé par des pilotes au sol et rempli d'explosifs.

Mercredi, l'Ukraine a utilisé un grand nombre de ces drones pour déclencher une explosion de grande ampleur dans un arsenal de la région russe de Tver.

Les drones FPV sont fabriqués à partir "d'équipements communs, de pièces détachées banales, ce qui est très difficile à contrôler, et il y a une grande variété de drones, donc il est très difficile de les brouiller tous", a déclaré Yaroslav.

Un char d'assaut lors d'un exercice militaire de l'OTAN, le 19 septembre 2024.
Un char d'assaut lors d'un exercice militaire de l'OTAN, le 19 septembre 2024.NATO

"La boîte de Pandore est déjà ouverte. Il n'est pas possible de la refermer", prévient-il.

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"Si quelqu'un décide vraiment d'attaquer des structures civiles en Europe, même avec ces drones FPV, il sera extrêmement difficile de les défendre. Je ne veux pas utiliser le mot "impossible", mais c'est "presque impossible".

"Vous pourriez en abattre plusieurs, mais pas tous. Il s'agit donc d'une menace énorme. Nous devons en être conscients. Nous devons être préparés".

Une utilisation "irresponsable" des drones

Une attaque potentielle contre l'Europe suscite une inquiétude croissante.

Au début du mois, au moins un drone russe Shahed s'est écrasé en Roumanie, près de la frontière ukrainienne,** et le président letton a déclaré qu'un drone militaire s'était écrasé dans l'est du pays.

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"Nous savons que la Russie poursuit son utilisation de drones en Ukraine et dans les environs. Nous savons qu'ils représentent une source réelle de risque et une menace", a déclaré M. Roper.

"Nous savons également qu'un certain nombre d'événements ont suscité l'inquiétude des pays situés dans les zones frontalières, où des fragments de systèmes d'armes et de drones se sont retrouvés à l'intérieur de leurs frontières". "L'OTAN voit cela d'un très mauvais œil et considère qu'il s'agit d'une utilisation irresponsable de ces systèmes par la Russie".

Une phase de transition

"Nous nous trouvons actuellement dans une phase de transition, passant de la recherche et du développement à des capacités opérationnelles", poursuit M. Roper.

L'une des technologies présentées lors de l'exercice de l'OTAN permet d'écouter un drone, de décider de le pirater en vol, de le déconnecter de son pilote, de le reprogrammer et d'en prendre le contrôle pour le faire voler ailleurs.

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Celle-ci est actuellement utilisée dans 27 pays à travers le monde, au sein d'armées et de forces spéciales.

"Rien n'est aisé, lorsque vous essayez de prendre le contrôle d'un aéronef en temps réel à l'extérieur d'une usine ou d'un laboratoire, contre la volonté du pilote", explique Simon Foreman, directeur des opérations de la société D-Fend Solutions.

"Il s'agit d'une technologie de pointe et nous devons faire face à des drones encodés plus complexes. Mais c'est là tout l'intérêt de la cybernétique", a-t-il ajouté.

Le prochain tournant

Une autre technologie exposée consiste à utiliser l'intelligence artificielle (IA) pour aider à identifier et à différencier les types de drones.

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La société écossaise Quell AI n'a pas encore officiellement lancé son produit, mais son directeur des opérations, Bobby Hamilton, assure que ce type de technologie est nécessaire pour la défense et la protection au-delà des frontières des États.

NATO military exercise on 19 September 2024.
NATO military exercise on 19 September 2024. NATO

"Nos modèles sont entraînés pour identifier, mais aussi pour détecter à distance et évaluer la situation pour l'utilisateur", a déclaré M. Hamilton à Euronews Next.

L'IA au services des drones est le "prochain horizon technologique décisif" pour l'OTAN, a déclaré M. Roper.

D'une part, elle peut être utilisée à des fins de défense pour repérer plus facilement les drones, mais du côté des assaillants, l'IA, l'apprentissage automatique et la vision par ordinateur peuvent être utilisés pour orienter les bombes et les explosifs vers un point précis.

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"Cela change l'environnement en termes de traitement des menaces lorsque l'on sait que le drone de l'adversaire est doté d'un niveau d'intelligence artificielle très sophistiqué", conclut M. Roper.

Video editor • Roselyne Min

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