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COP30 : qu'attendre des négociations climatiques des Nations unies au Brésil ?

Un arc-en-ciel près du logo du sommet climatique COP30 de l'ONU, le samedi 8 novembre 2025, à Belém, au Brésil
Un arc-en-ciel près du logo du sommet climatique COP30 de l'ONU, le samedi 8 novembre 2025, à Belém, au Brésil Tous droits réservés  AP Photo/Fernando Llano
Tous droits réservés AP Photo/Fernando Llano
Par Emma De Ruiter & Vincent Reynier
Publié le Mis à jour
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La COP30 débute officiellement ce lundi à Belém, au Brésil, après plusieurs jours de réunions préparatoires. Si les enjeux climatiques sont plus élevés que jamais, l'ambition, elle, ne semble pas vraiment au rendez-vous.

Alors que le sommet des Nations unies sur le climat (COP30) s'ouvre ce lundi au Brésil, les enjeux sont plus importants que jamais.

Au cours de la décennie qui s'est écoulée depuis que les dirigeants ont signé l'Accord de Paris, il y a dix ans, le réchauffement de la Terre s'est poursuivi plus rapidement que la société n'a réussi à limiter l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz naturel.

Si des progrès ont été accomplis - plus d'un degré Celsius a été retranché des projections de réchauffement futur depuis 2015 - leur insuffisance sera au centre des discussions des deux prochaines semaines à Belém, au Brésil.

L'objectif est simple, mais ambitieux : les pays doivent collaborer pour mettre un terme aux pires effets du changement climatique d'origine humaine.

De nombreux experts estiment cependant que cet objectif est en train de s'éloigner. Le changement climatique est déjà à l'origine de catastrophes qui mettent la vie de milliards de personnes en danger dans le monde, et tout retard dans l'action ne fera qu'aggraver le problème.

Pleins feux sur les peuples autochtones

Avec la plus grande forêt tropicale du monde, l'Amazonie, à sa porte, Belém est le lieu idéal pour souligner le rôle des peuples indigènes et de la gestion durable des terres dans la lutte contre le changement climatique.

Le gouvernement du président Luiz Inácio Lula da Silva, qui comprend le tout premier ministère brésilien des Peuples autochtones, s'attend à ce que plus de 3 000 délégués autochtones participent ce mois-ci en tant que membres de la société civile et négociateurs.

Un indigène participe à une manifestation pour la défense de l'Amazonie lors de la COP30, à Belém, dans l'État de Para, au Brésil, le jeudi 6 novembre 2025
Un indigène participe à une manifestation pour la défense de l'Amazonie lors de la COP30, à Belém, dans l'État de Para, au Brésil, le jeudi 6 novembre 2025 AP Photo/Eraldo Peres

À titre de comparaison, le sommet de l'année dernière en Azerbaïdjan n'avait attiré que 170 autochtones.

"Cette fois, les dirigeants mondiaux viennent à Belém, au cœur de l'Amazonie, plus près de nos maisons, de nos rivières, de nos territoires", s'est félicitée Olivia Bisa, cheffe de la nation Chapra, au Pérou.

Bien que les autochtones ne puissent pas représenter les nations tribales lors des négociations, Olivia Bisa et d'autres auront un rôle plus important en tant que délégués négociant au nom de leurs États-nations.

Leurs protestations ont cependant mis en lumière les contradictions du Brésil, pays hôte, qui se présente comme le défenseur de la forêt amazonienne. L'approbation récente par Lula d'un projet de forage pétrolier à l'embouchure de l'Amazone a déclenché des manifestations dans le pays.

Progrès en matière de protection des forêts

Dans les jours précédant le coup d'envoi officiel du sommet, des dizaines de pays se sont déjà engagés à soutenir une nouvelle mesure d'incitation ambitieuse prise par le président brésilien Lula pour soutenir les forêts menacées dans le monde entier.

Le fonds, baptisé "Tropical Forests Forever Facility", avait recueilli vendredi 5,5 milliards de dollars de promesses, la Norvège et la France ayant rejoint le Brésil et l'Indonésie dans leurs investissements. L'Allemagne a également déclaré vendredi qu'elle prendrait un engagement "considérable".

À terme, le dispositif vise à mobiliser des investissements à hauteur de 125 milliards de dollars.

Le bétail marche le long d'une zone illégalement déboisée dans une réserve extractive près de Jaci-Parana, dans l'État de Rondonia, au Brésil, le 12 juillet 2023
Le bétail marche le long d'une zone illégalement déboisée dans une réserve extractive près de Jaci-Parana, dans l'État de Rondonia, au Brésil, le 12 juillet 2023 AP Photo/Andre Penner

Financé par une dette portant intérêt plutôt que par des dons, le fonds cherche à renverser la logique économique de la déforestation en faisant en sorte qu'il soit plus lucratif pour les gouvernements de conserver leurs arbres plutôt que de les abattre.

Une liste de plus de 70 pays fortement boisés - du Congo à la Colombie - pourra bénéficier de paiements tant qu'ils maintiendront la déforestation en deçà d'un taux déterminé. En revanche, les pays qui ne protègent pas leurs forêts verront leurs paiements réduits à un taux punitif pour chaque hectare détruit.

L'absence flagrante des États-Unis

Les États-Unis n'enverront aucun responsable de haut niveau à la COP30, a déclaré la Maison Blanche vendredi. Le président américain Donald Trump a qualifié le changement climatique de "canular" et a retiré les États-Unis de l'Accord de Paris le jour de son entrée en fonction.

"Le président Trump ne mettra pas en péril la sécurité économique et nationale de notre pays pour poursuivre des objectifs climatiques vagues qui tuent d'autres pays", a déclaré Taylor Rogers, porte-parole de la Maison Blanche, dans un communiqué.

Les dirigeants posent pour une photo de groupe lors de la COP30 à Belém, au Brésil, le vendredi 7 novembre 2025
Les dirigeants posent pour une photo de groupe lors de la COP30 à Belém, au Brésil, le vendredi 7 novembre 2025 AP Photo/Eraldo Peres

Certains craignent que l'absence des États-Unis, qui ont parfois joué un rôle clé pour convaincre la Chine de réduire ses émissions de carbone et pour garantir des financements aux pays pauvres, ne soit le signe d'un recul plus large de la politique climatique.

L'accord de Paris, 10 ans après

Il y a dix ans, les pays ont conclu un accord historique dans le cadre du premier pacte mondial de lutte contre le changement climatique.

Depuis, la température annuelle de la planète a déjà augmenté d'environ 0,46 °C, soit l'une des plus fortes hausses de température jamais enregistrées sur dix ans, selon les données du service climatologique européen Copernicus.

L'accord de Paris était censé limiter le réchauffement à 1,5 °C au-dessus de la moyenne historique, mais de nombreux scientifiques affirment aujourd'hui qu'il est peu probable que les pays restent en dessous de ce seuil.

Des habitants luttent contre un incendie qui progresse vers le village de Rebordondo, près d'Ourense, dans le nord-ouest de l'Espagne, le 18 août 2025
Des habitants luttent contre un incendie qui progresse vers le village de Rebordondo, près d'Ourense, dans le nord-ouest de l'Espagne, le 18 août 2025 AP Photo/Pablo Garcia, File

Mais le monde a fait quelques progrès. Dans la plupart des régions, les énergies renouvelables sont désormais moins chères que le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

Et si les pays acceptent de faire ce qu'ils ont dit jusqu'à présent, ils pourraient éviter un réchauffement d'un peu plus d'un degré Celsius. Cela peut sembler peu, mais chaque dixième de degré compte pour limiter les effets catastrophiques du changement climatique.

Contrairement à l'Accord de Paris - ou même à l'année dernière lorsque les pays riches se sont engagés à financer l'adaptation climatique des pays pauvres à hauteur de 300 milliards d'euros par an d'ici dix ans -, les négociations de cette année ne devraient pas se terminer par un nouvel accord ambitieux.

Les organisateurs et les analystes considèrent plutôt la conférence de cette année comme la "COP de la mise en œuvre".

"Ceux qui se rendent à Belém en se demandant quel accord en sortira ne se posent pas la bonne question", a déclaré Christiana Figueres, ancienne responsable des questions climatiques au sein des Nations unies.

Sources additionnelles • AP

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