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COP29 : un accord à 300 milliards de dollars pour les pays menacés par le changement climatique

La COP29 à Bakou se termine sur un accord jugé décevant pour de nombreuses délégations.
La COP29 à Bakou se termine sur un accord jugé décevant pour de nombreuses délégations. Tous droits réservés  Sergei Grits/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
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Par euronews avec agences
Publié le Mis à jour
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A l'issue d'un sommet chaotique, les pays développés se sont engagés ce dimanche à payer 300 milliards de dollars par an, mais dans dix ans, pour les pays menacés par le changement climatique. Un accord jugé trop faible par les pays en développement.

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La COP29 s'est finalement achevée dans la nuit de dimanche sur un accord, mais un accord très décevant pour les pays en développement.

Les pays développés se sont engagés à Bakou à financer davantage les pays pauvres menacés par le réchauffement climatique à hauteur de 300 milliards de dollars par an à compter de 2035.

Ces 300 milliards annuels iront aux pays en développement qui ont besoin d’argent pour se sevrer du charbon, du pétrole et du gaz qui provoquent la surchauffe de la planète. Ces dons ou ces prêts permettront également de s’adapter au réchauffement futur et à payer les dommages causés par les conditions météorologiques extrêmes dues au changement climatique.

Les négociateurs estiment que cet accord va envoyer des signaux positifs qui contribueront à générer des financements provenant d’autres sources, comme les banques multilatérales de développement et les sources privées.

Partage du fardeau

Ce partage du fardeau a toujours fait partie des discussions lors de ces négociations : les pays riches ne pensent pas qu'il était réaliste de s'appuyer uniquement sur des sources de financement publiques. Mais les pays pauvres craignent que si l'argent est fourni sous forme de prêts plutôt que de subventions, cela les ferait régresser davantage et risque de les endetter davantage.

La somme globale négociée est également loin d’atteindre le montant total de 1 300 milliards de dollars réclamé par les pays en développement, même si cette somme représente le triple de l’accord de 100 milliards de dollars par an à partir de 2009 qui arrive à expiration.

Au final, certaines délégations ont déclaré que cet accord allait dans la bonne direction, avec l'espoir que davantage d'argent circulera à l'avenir.

Mais de nombreux pays en développement ont rapidement dénoncé cet accord. D'abord parce qu'il n'aurait pas été scellé par consensus comme c'est généralement le cas durant une COP. Certains pays en développement étaient furieux d’avoir été ainsi ignorés.

Le président azerbaïdjanais de la COP29, Mukhtar Babayev, a accepté l’accord avant qu’aucune nation n’ait eu la chance de s’exprimer. Lorsque certaines délégations l'ont fait, elle lui ont reproché d'être injuste envers elles.

Un accord "trop faible et trop tardif"

"C'est une somme dérisoire", a déclaré le négociateur indien Chandni Raina, répétant à plusieurs reprises que l'Inde s'opposait aux applaudissements. "Je suis désolé de dire que nous ne pouvons pas l'accepter." Elle a déclaré à l'Associated Press qu'elle avait perdu confiance dans le système des Nations unies.

Le Nigérian Nkiruka Maduekwe, PDG du Conseil national sur le changement climatique, a qualifié l'accord d'insulte et de plaisanterie.

Le financement promis pour 2035 "est trop faible, trop tardif et trop ambigu", a regretté le Kényan Ali Mohamed, parlant au nom du groupe africain.

"Je suis déçu. C'est définitivement en dessous du niveau de référence pour lequel nous nous battons depuis si longtemps", a déclaré Juan Carlos Monterrey, de la délégation panaméenne. Il a noté que quelques changements, notamment l'inclusion des mots "au moins" avant le chiffre de 300 milliards de dollars et une possibilité de révision d’ici 2030 ont contribué à les pousser vers la ligne d’arrivée. "Notre cœur va à toutes ces nations qui ont le sentiment d'avoir été piétinées", a-t-il déclaré.

S'exprimant au nom de près de 50 des pays les plus pauvres du monde, Evans Davie Njewa, du Malawi, s'est montré plus mesuré, exprimant ce qu'il a qualifié de réserves à l'égard de l'accord. Et Cedric Schuster, de l'Alliance des petits États insulaires, a déclaré qu'il avait davantage d'espoir "que le processus protégerait les intérêts des plus vulnérables", mais a néanmoins exprimé un soutien modéré à l'accord.

Quant au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, il a déclaré dans un article sur X qu’il espérait un "résultat plus ambitieux". Mais il a déclaré que l’accord "fournit une base sur laquelle construire".

Le secrétaire exécutif de l'ONU sur le changement climatique, Simon Stiell, a qualifié l'accord de *"police d'assurance pour l'humanité"***,** ajoutant que, comme l'assurance, "il ne fonctionne que si les primes sont payées intégralement et à temps".

Wopke Hoekstra, le commissaire au climat de l'Union européenne, a de son côté qualifié cet accord de nouvelle ère de financement climatique pour aider les plus vulnérables. Mais des militants présents dans la salle plénière ont toussé durant son discours pour tenter de le perturber.

Du point de vue de la France, le texte a été jugé "décevant" et "pas à la hauteur des enjeux", a souligné la ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Elle a regretté "une absence de leadership de la présidence" azerbaïdjanaise.*

L’accord est considéré comme une étape visant à aider les pays bénéficiaires à créer des objectifs plus ambitieux pour limiter ou réduire les émissions de gaz à effet de serre, objectifs qui devraient être fixés au début de l’année prochaine.

Le résultat de la COP29 fait aussi partie du plan visant à continuer de réduire la pollution avec de nouveaux objectifs tous les cinq ans, convenu par le monde lors des négociations des Nations unies à Paris en 2015.

L’accord de Paris avait alors fixé le système d’augmentation régulière des ambitions en matière de lutte climatique afin de maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Or la température mondiale est déjà de 1,3 degrés Celsius et les émissions de carbone ne cessent d’augmenter.

L'appel explicite à l'élimination du pétrole n'a pas été rappelé

Les différents textes adoptés tôt dimanche matin comprenaient une référence vague mais non spécifique au bilan mondial de l'année dernière approuvé à Dubaï. En 2023, une féroce bataille avait eu lieu autour d’un texte inédit sur l’élimination du pétrole, du charbon et du gaz naturel. Le texte final s'était contenté d'appeler à une transition loin des combustibles fossiles.

A Bakou, les dernières discussions n’ont fait référence qu’à l’accord de Dubaï, mais n’ont pas explicitement réitéré l’appel à une transition vers l’abandon des combustibles fossiles.

Les délégations de la COP29 se sont également mis d'accord sur l'adoption de l'article 6, créant des marchés pour échanger des droits de pollution par le carbone, une idée qui a été mise en place dans le cadre de l'Accord de Paris pour aider les nations à travailler ensemble pour réduire la pollution causée par le climat.

L'idée étant de créer un système de crédits carbone, permettant aux pays de rejeter dans l’air des gaz à effet de serre s’ils compensaient leurs émissions ailleurs.

Les bailleurs de fonds ont déclaré qu’un marché soutenu par l’ONU pourrait générer jusqu’à 250 milliards de dollars supplémentaires par an en aide financière climatique. Malgré son approbation, les marchés du carbone restent un projet controversé car de nombreux experts affirment que les nouvelles règles adoptées n’empêchent pas les abus, ne fonctionnent pas et donnent aux grands pollueurs une excuse pour continuer à émettre des émissions.

"Ce qu’ils ont fait essentiellement, c’est saper le mandat visant à essayer d’atteindre 1,5°", a déclaré Tamara Gilbertson, coordinatrice du programme de justice climatique au sein du Réseau environnemental autochtone. An Lambrechts de Greenpeace a jugé l'accord final d’"arnaque climatique" comportant de nombreuses failles.

La prochaine COP30 est déjà programmée pour l'an prochain, à Belem, au Brésil.

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