La recapitalisation des banques espagnoles : combien, comment ?

La recapitalisation des banques espagnoles : combien, comment ?
Par Euronews
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Le gouvernement espagnol qui fera lundi une demande à l’Eurogroupe pour le renflouement de certaines des banques du pays, essaie toujours d‘éviter que cette aide alourdisse encore la dette publique. Madrid fait le forcing pour que le futur MES puisse prêter directement aux banques. Mais Berlin n’est pas d’accord et les discussions se poursuivent.
Avant de faire sa demande lundi, le gouvernement
Rajoy travaille sur les besoins des banques calculés par les cabinets d’audits.
“Nous croyons que ces rapports seront très importants, de ce point de vue, pour éliminer les doutes, éliminer les incertitudes qu’il y a, a affirmé Luis de Guindos, le ministre espagnol de l’Economie. Je crois que les données seront désormais très claires sur la situation réelle. Elles vont permettre d‘éloigner les incertitudes qu’il y avait sur le système bancaire espagnol”.
Selon les deux cabinets d’audit mandatés par le gouvernemente espagnol pour étudier les comptes du système bancaire, les banques espagnoles ont besoin de 51 à 62 milliards d’euros. Selon un scénario catastrophe, les pertes des banques espagnoles se monteraient à un maximum de 270 milliards d’euros.
“Ils ont tout détruit, affirme Paco, un madrilène désabusé. Ils ont tout dépensé et défoncé. J’imagine qu’il manque de l’argent, mais s’ils continuent à le gérer comme maintenant il me semble que ça ne servira à rien. Même si l’Europe ou n’importe qui donne beaucoup d’argent”.
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a appelé la zone euro à aider ses banques les plus fragiles via une recapitalisation directe.
“Cela aiderait à mettre fin à la contagion entre crise bancaire et crise souveraine”, a-t-elle ajouté.

Pour parler de l’audit du secteur bancaire espagnol, nous sommes avec José Carlos Díez, analyste à Intermoney. Merci d‘être avec nous. Finalement, les chiffres publiés se situent entre ceux du Fonds Monetaire International et les 100 milliards d’euros promis par Bruxelles. Comment doit-on les interpréter? Et quelle devrait être la demande de Madrid ?

José Carlos Diez, Intermoney
“D’abord, le travail a été fait par deux compagnies independantes et ça lui confère de la crédibilité. Je crois qu’il est mieux structuré que celui effectué pour la European Bank Authority l’année dernière et il ressemble plus à ceux exécutés pour la Réserve Federale. Ils sont plus efficaces. En ce sens, c’est mieux. Le problème, maintenant, c’est que l’exercice n’a pas d’utilité. J’imagine que le gouvernement a toute l’information nécessaire. Mais on doit faire un plan, comme Bruxelles l’a demandé, établissement par établissement. On doit préparer une feuille de route et présenter cette feuille de route avec des plan concrets pour que les investisseurs puissent comprendre le plan, l’analyser et l‘évaluer.

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Il parait que le gouvernement espagnol n’avance que sous la pression de ses alliés européens. Normalement, la demande formelle doit être faite ce lundi. Quelles sont les prochaines étapes maintenant?

JC Diez
Une fois que le pays aura demandé l’aide officiellement, l’Eurogroupe et les autres pays doivent demander à la Comission Européenne de préparer un mémorandum et, dans ce mémorandum doivent figurer tous les détails : les conditions de l’aide, la quantité, le taux d’intérêt, les délais, si ce sera le FESF (Fonds Européen de Stabilité
Financière) ou le MESF (Mécanisme Européen de Stabilité Financière). Comme on dit souvent : “le diable est dans les détails”. Il faut connaître le mémorandum pour savoir si le plan peut avoir du succès.

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Précisément, une des interrogations c’est de savoir si on pourra aider les banques sans augmenter la dette de l‘État espagnol. La pression exercée sur le gouvernement d’Angela Merkel sera-t-elle assez forte ?

JC Diez
“On verra. On dit que la politique c’est l’art du possible, mais les règlements sont assez clairs. C’est le pays qui doit demander l’aide et, via le FROB, un organisme 100% public. L’autre chose c’est qu’on parle de changer ces règlements et, dans l’avenir, d’avoir une union bancaire qui puisse aider directement un établissement financier. Mais, pour l’instant, les réglements des fonds de stabilité européens ne le permettent pas.

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Finalement, va-t-on réussir de cette manière à faire baisser la prime de risque et les intérêts de la dette espagnole?

JC Diez
“Ça depend. La verité est que cet audit n’est pas suffisant et la prime de risque espagnole a d’autres causes. On a voulu, au niveau européen et international, faire croire que tous les soucis de la crise de l’euro viennent du système bancaire espagnol. Ce serait fantastique que toute la crise de l’euro soit si simple! En Espagne on peut dire comme disait William de Baskerville dans “Le Nom de la rose”, qu’on peut brûler les banques espagnoles sur le bûcher mais il continuera à y avoir des morts et ils auront les langues et les doigts noirs. La crise de l’euro est une crise très grave, au milieu d’une récession européenne très grave. Les indicateurs de conjoncture montrent que l’Allemagne est déjà entrée en récession. La politique économique qu’on fait en Europe nous entraîne directement dans la dépression comme c‘était arrivé avec Hoover dans les années trente. On verra si Angela Merkel et son gouvernement s’en rendent compte et réagissent pour changer de politique économique. Sinon, les perspectives sont très négatives”.

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