Pétrole : l'accord pied de nez de Moscou et Téhéran

Pétrole : l'accord pied de nez de Moscou et Téhéran
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Par François Chignac
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La République islamique s’apprête à fournir 500.000 barils de brut iranien par jour à la Russie

Dans la tension qui oppose la Russie aux États Unis et à l’Europe, Moscou pourrait bien jouer une partie de billard à trois bandes. Téhéran s’apprêterait à conclure avec elle un accord pétrolier de 20 milliards de dollars. Il s’apparente à du troc, la République islamique fournirait 500.000 barils de brut iranien par jour à la Russie sur trois années en contrepartie d‘équipements russes. Les discussions entamées à l’automne dernier seraient sur le point d’aboutir. Il ne reste plus qu‘à établir le prix, affirmait l’agence Reuters il y a moins de deux jours. De quoi crisper Washington et Bruxelles.

Cet accord risque en effet de distordre le dialogue que la République islamique a renoué avec la communauté internationale et de mettre en suspens les négociations en cours sur le dossier nucléaire. De plus, Moscou n’est pas lié aux sanctions visant le pétrole iranien. Et à la peine économiquement, pour ne pas dire asphyxié, l’Iran a besoin d‘écouler son pétrole.

Elle le fait déjà avec les Chinois, les Indiens ou les Turcs mais ce n’est pas suffisant. Depuis le durcissement des sanctions économiques, les exportations de brut iranien ont chuté à 1 millions de barils par jour, une dégringolade au regard des 6 millions écoulés avant la révolution islamique de 1979.

C’est donc pour Moscou que cet accord représenterait une partie de billard à trois bandes. Il permettrait tout d’abord de faire un pied de nez aux occidentaux alors que des proches du pouvoir sont privés d’accès au système bancaire depuis l’annexion de la Crimée.

Il permettrait ensuite d’acheter un brut bon marché pour la consommation intérieure et de vendre une production russe à un prix élevé.

Enfin et surtout, dans les discussions avec Washington et Bruxelles, il permettrait à Vladimir Poutine de montrer sa proximité avec l’Iran. Car si le Kremlin ne souhaite pas remettre en question les sanctions multilatérales prises par l’ONU sur le dossier du nucléaire iranien, il n’en est pas de même avec les sanctions bilatérales prises par Washington et Bruxelles sur l’exportation du pétrole iranien. Moscou n’a jamais souscrit à ces sanctions. En son temps, elle furent jugées partisanes.

L’accord avec Téhéran s’il voit le jour semble donc du côté de Moscou s’apparenter à un atout dans son bras de fer avec les États-Unis.

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