France : délivrance pour Liana Guillon après presque 3 ans de prison

France : délivrance pour Liana Guillon après presque 3 ans de prison
Par Joël Chatreau
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C’est une délivrance pour Liana Guillon, une délivrance physique mais pas réellement morale, pas complètement. La mère de famille est sortie mercredi 21 janvier de la prison de Fresnes, dans la banlieue sud de Paris, après plus de six mois de détention en France. Cette peine s’ajoutait aux plus de deux années passées dans une cellule en République dominicaine : en tout, elle est restée enfermée pendant 2 ans, 8 mois et 22 jours, elle a compté…”Ce sont des jours qu’on lui a volé, ainsi quà ses enfants”, témoigne son frère, Eric Martin-Vallas, qui est venu l’accueillir avec d’autres membres de la famille. Tout le monde avait beaucoup d’appréhension mais, selon l’un de ses avocats, également présent, “Le bonheur a finalement tout submergé. Liana est apparue heureuse et combative”.

Malgré sa libération tant désirée, la Française garde toutefois un goût d’amertume. Elle n’a toujours pas réussi à faire reconnaître l’innocence qu’elle clame depuis le début de sa terrifiante histoire. Alors que Liana Guillon et son mari venaient de profiter de leur “lune de miel” en République dominicaine, tout a basculé le 29 avril 2012 : ils ont été arrêtés juste avant d’embarquer dans l’avion du retour vers Paris, après la découverte de 11 kilos de cocaïne dans leur bagage à main. La suite est un cauchemar : pas l’ombre d’une enquête, aucune audition du couple – ce qui viole les droits élémentaires de la défense – pas de réelles expertises, beaucoup d’incohérences dans les éléments à charge, et finalement Liana Guillon condamnée à une lourde peine de huit ans de prison ferme pour trafic de drogue international. Autre décision surréaliste, le mari, Christophe, a été libéré au bout de cinq mois, tout simplement parce que seul le nom de son épouse était inscrit sur le bagage.

Comment tourner la page ?

Liana Guillon va croupir, dans des conditions sanitaires déplorables, plus de 26 mois dans une prison pour femmes de Puerto Plata, dans le nord de l’île des Caraïbes. Elle n’est pas la première touriste, et pas la dernière, à se faire piéger par les trafiquants de drogue locaux, mais rien n’y fait, son appel est rejeté en février 2014. A bout de force, multipliant les crises d’épilepsie sans pouvoir être bien soignée, elle renonce à faire de nouveau appel. C’est le 12 juillet dernier que la détenue est finalement rentrée en France, bénéficiant de la convention de transfèrement qui est passée avec la République dominicaine. Ecrouée depuis à la maison d’arrêt pour femmes de Fresnes, elle en est sortie le 21 janvier grâce à un aménagement de peine. Elle est désormais en libération conditionnelle et doit porter un bracelet électronique pendant six mois, soit jusqu’à ce qu’elle ait purgé la moitié de sa peine.

“La situation personnelle de Liana Guillon a pesé en faveur de sa libération conditionnelle, explique à Euronews son avocat, Me Philippe Valent, personne ne doutait de sa réinsertion”. Son dossier est solide, elle va retrouver son travail à la Sécurité sociale car son employeur et ses collègues l’ont toujours soutenue, et puis elle a une maison où elle va pouvoir, chaque jour, serrer dans ses bras ses cinq enfants qui lui ont tant manqué. “Comment tourner la page ?”, se questionne Eric Martin-Vallas, son frère. “Cela va être très compliqué. Si vous rembobinez toute l’histoire, c’est comme si Liana sortait aujourd’hui de l’aéroport en République dominicaine, poursuit-il, mais entre-temps, elle a été détruite”. La famille estime que l’ex-prisonnière va devoir se concentrer sur sa reconstruction et sur celle de ses enfants, et elle promet de bien l’entourer.

La plus grosse inquiétude, c’est que l’injustice dont a souffert Liana Guillon, selon l’expression employée par son frère, “lui retourne le couteau dans la plaie au quotidien”. Pour essayer d’alléger cette souffrance, Me Valent, l’un de ses avocats, ne renonce pas à contester encore le jugement. “Une révision du procès devant la justice dominicaine nécessitera un exercice compliqué”, avoue-t-il cependant. Il y a aussi, selon lui, “la possibilité d’ouvrir une enquête en France pour retrouver les éventuels trafiquants de drogue qui ont porté préjudice à Liana Guillon”. Pour cela, il faut faire une demande au procureur de la République. Toutes les démarches devront être effectuées avant la fin avril.

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