Accord de Lausanne : le marathon sur le nucléaire iranien est-il terminé ?

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Par Euronews
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Après huit jours de discussions acharnées, l’Iran et les Etats-Unis ont salué « l’accord historique » entériné à l’issue du travail à Lausanne du Groupe des 5+1 et de la délégation iranienne.

Cet accord-cadre a mis fin à dix-huit mois de négociations intenses entre les diplomates de Hassan Rohani et les représentants des six puissances internationales. Cette déclaration a clarifié les principaux points sur lesquels un accord définitif doit être rédigé et ratifié d’ici fin juin 2015.

L’importance de cet accord-cadre réside dans le fait que les deux côtés sont arrivés pour la première fois à un compromis sur les aspects techniques ainsi que sur les dimensions juridiques des négociations.

L’Iran a ainsi accepté des engagements et des limites sur son programme nucléaire pour « rassurer » la communauté internationale. Téhéran s’engage à ce que son programme soit entièrement pacifique et qu’il n’y ait pas de possibilité de fabriquer une quelconque arme nucléaire. En contrepartie, les six puissances représentant « la communauté internationale » ont accepté de lever les sanctions économiques et financières imposées à l’Iran depuis 2006 par des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, des USA et de l’UE.

Quelques heures après la conférence de presse entre Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, et Federica Mogherini, le chef de la diplomatie de l’UE, le Département d’Etat américain et le ministère iranien des Affaires étrangères ont publié leur version du texte de ce compromis. Cette différence de points de vue a déjà déclenché une vive polémique entre les conservateurs et les réformateurs en Iran.

Quoiqu’il en soit, les engagements des deux parties restent identiques, seul «l’esprit » des textes diffère. Les principaux engagements de l’Iran pourraient être résumés par les points suivants : - L’Iran a accepté de réduire de deux-tiers le nombre de ses centrifuges. De plus, les centrifuges qui seront conservées, seront celles de la première génération de cette technologie d’enrichissement d’uranium. Enfin, elles pourront tourner pendant 10 ans.

  • L’Iran ne pourra pas construire de nouveaux centres d’enrichissement d’uranium pendant 15 ans.
  • Le réacteur nucléaire d’eau lourde d’Arak sera « reconditionné » pour qu’il ne puisse pas produire de plutonium à des fins militaires.
  • Les installations nucléaires controversées de Fordow deviendront un centre de recherche scientifique.

Téhéran a aussi accepté que l’AIEA devienne l’organe de référence de surveillance de ses engagements, ce qui n’était pas vraiment la volonté de la République Islamique.

Levée des sanctions internationales

Les six puissances internationales se sont engagées à lever les sanctions économiques et financières unilatérales, une fois que l’AIEA certifiera que l’Iran respecte ses engagements.

Le marathon nucléaire continue

L’objectif de cet accord-cadre est de conclure un accord définitif d’ici le 30 juin prochain. Une fois l’accord trouvé, un « Joint Comprehensive Plan of Action » définira précisément les engagements des deux côtés pour les années à venir.

Le compromis « historique » de jeudi soir a provoqué des réactions intenses sur la scène internationale. La réaction la plus attendue ne s’est pas fait attendre, Israël a ainsi vertement protesté. Du côté iranien, malgré des critiques de la part des forces politiques conservatrices, l’imam nommé par le guide suprême, en charge de la prière du vendredi à Téhéran a loué le travail des négociateurs iraniens devant les fidèles.

Pendant des mois, les deux parties se sont accusées mutuellement du manque de volonté politique. Il semble que cette volonté ne soit plus, dorénavant, un problème. Un travail encore plus détaillé sur les aspects techniques des engagements de l’Iran et des devoirs juridiques des 5+1 reste désormais à accomplir.

Les autorités iraniennes et américaines ont conscience de ce que représente cette « occasion historique » : deux gouvernements « modérés » qui cherchent à mettre fin à la polémique de façon diplomatique. Les démocrates aux Etats-Unis ont besoin de cet accord afin d’en faire la « vitrine » de leur réussite en matière de politique étrangère.

Les « modérés » iraniens, de leur côté, en ont besoin pour continuer leur politique de réformes intérieures. Dans une situation historique rare au Moyen-Orient, plus bouleversée que jamais, cette mouvance de la scène politique iranienne a le soutien du guide suprême l’ayatollah Khamenei. ​

AmirBehnam MASOUMI

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