Groupe Etat Islamique : ses méthodes pour préparer la prochaine génération de djihadistes

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Par Euronews
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Dans les régions placées sous le contrôle du groupe Etat Islamique, plus de 30 000 femmes seraient actuellement enceintes, prêtes à donner naissance

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Dans les régions placées sous le contrôle du groupe Etat Islamique, plus de 30 000 femmes seraient actuellement enceintes, prêtes à donner naissance aux enfants qui rejoindront prématurément les rangs de l’organisation terroriste, d’après les estimations d’un rapport de la fondation Quilliam, publié début mars.

Les femmes sont enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles. Leurs ventres sont sciemment exploités pour fournir davantage de “main d’oeuvre”, d’après Nikita Malik, chercheuse au sein de la fondation Quilliam et co-auteur du rapport Les Enfants de l’Etat Islamique.

Les jeunes enrôlés, parmi lesquels figurent cinquante Britanniques, sont exposés à une violence extrême dès le plus jeune âge, y compris au sein du “système éducatif” mis en place.
“L‘étendue des violences était très choquante”, poursuit-elle. “Elle est instillée jusque dans le moindre détail des apprentissages”. “Par exemple, les livres scolaires montrent des images d’armes à feu, qui sont utilisés pour compter, [en mathématiques], et il y aussi des images de tanks, et ce dès l‘école primaire”. “La normalisation de la violence m’a beaucoup choquée car c’est quelque chose que l’on n’associe pas à la petite enfance. L‘école est un endroit où l’on fait en sorte que où les élèves se sentent heureux et en sécurité, et non pas un lieu où ils sont exposés à des choses aussi brutales et aussi terribles”.

Comment le groupe Etat Islamique utilise les enfants ?

D’après l’analyse de Nikita Malik, le groupe Etat Islamique a recours aux méthodes d’endoctrinement généralisé des enfants, d’inspiration nazie, à l’instar des écoles et des camps d’entraînement.

Certaines vidéos publiées par l’organisation terroriste, qui font partie des plus choquantes, ont montré des enfants en train d’exécuter des ennemis. Un geste destiné à “normaliser ces atrocités et à renforcer l’endoctrinement des enfants”, selon le rapport.

Les plus jeunes sont aussi exploités en tant que soldats, prédicateurs, ou kamikazes, précise l’enquête, qui affirme que la génération actuelle de combattants considère ces enfants comme encore plus dangereux qu’elle-même, puisque le pouvoir d’endoctrinement dès l’enfance se montre encore plus efficace que la radicalisation intervenant à un moment tardif.

Une radicalisation en famille

D’après le rapport, ces enfants se sont retrouvés en Syrie et en Irak, après avoir été enlevés ou enrôlés de force. “Le rôle des familles dans le processus de radicalisation était aussi intéressant à observer”, développe Nikita Malik. Sous le régime de Saddam Hussein, mais aussi sous le IIIème Reich, les enfants étaient utilisés en priorité comme espions dans les familles, pour qu’ils rapportent aux dirigeants ce qu’elles pensaient en réalité du régime. “A l’inverse, avec le groupe Etat Islamique, les familles font partie du processus de radicalisation”, note la chercheuse. “Elles emmènent leurs enfants à l‘étranger, vers la Syrie ou l’Irak, et en font de nouveaux, une fois sur place”.

“Des histoires sur le martyr ou la mort, avant de se coucher”

La stratégie de l’organisation terroriste consisterait donc à s’assurer d’une mainmise sur des familles entières, et pas seulement sur des individus. “Ce n’est pas uniquement un groupe rebelle, mais une organisation aspirant à devenir un Etat, qui a donc besoin d’une véritable société, et pas seulement de soldats”. Sa tactique de recrutement découle d’une stratégie de long terme, essayant de convaincre des familles entières, et ne s’adressant pas seulement aux rangs de la jeunesse. L’organisation “donne aux femmes des manuels pour leur expliquer comment éduquer leurs enfants et comment en faire de bons djihadistes. Il leur est suggéré de raconter des histoires aux enfants sur le martyr, avant qu’ils n’aillent se coucher, et d’exposer les enfants au contenu des sites internet faisant l’apologie du Jihad”.

Et près de 31 000 femmes enceintes seraient bientôt prêtes à accoucher d’enfants qui ne tarderont pas à être endoctrinés. “C’est un chiffre très élevé, mais il faut garder à l’esprit que nombre de ces femmes sont des deuxièmes ou troisièmes épouses, des esclaves sexuelles qui ont été enlevées et engrossées à la seule fin de fournir une prochaine génération de combattants”.

Et après ?

Les Enfants de l’Etat Islamique livre également une analyse prospective, en évoquant l’hypothèse d’un retour des jeunes élevés par le groupe Etat Islamique dans leur pays d’origine. D’après Nikita Malik, si l’un des cinquante enfants britanniques censés se trouver en Syrie et en Irak revenait sur le sol du Royaume-Uni, le gouvernement aurait l’obligation d’accepter leur venue. Une Britannique, Tareena Shakil, partie en Syrie avec son jeune garçon en 2014, a décidé de refaire le chemin en sens inverse, après avoir “réalisé à quel point le régime du groupe Etat Islamique était extrémiste”.

Tareena Shakil found GUILTY of taking her son to Syria to join ISIS https://t.co/SbruuSpwZepic.twitter.com/QLtbnOKpEc

— Gun Crazy (@GunCrazyTalk) March 3, 2016

“Il est fort probable que nous ayons à faire face à des retours d’enfants, à l’initiative de leurs familles ou de leur propre chef”. D’après le rapport, le système actuel de réintégration proposé par les autorités britanniques ne serait pas adapté, puisque la famille a fait partie intégrante du processus d’endoctrinement.

Quelle est la fiabilité de ce rapport ?

“Ce rapport a été établi à partir des études menées sur la propagande réalisée et diffusée par le groupe Etat Islamique”, reconnaît Nikita Malik, “et peut donc présenter des lacunes”.

“Ces documents sont biaisés, bien sûr. Il montrent des exemples d’enfants s’adressant à la caméra en ayant l’air très heureux, alors qu’on ne sait pas dans quelle mesure ils ont été contraints de tenir ces propos, et dans quelle mesure ils comprennent ce qu’ils disent, mais cela nous donne un aperçu de leur quotidien, de ce à quoi ressemble leur vie, même si cet aperçu peut être biaisé par ceux donnent ces informations”.

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