La résistance aux antibiotiques, des abattoirs à l'assiette

La résistance aux antibiotiques, des abattoirs à l'assiette
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Ces dernières années, plusieurs scandales alimentaires liés à la viande ont secoué l’Europe.

Ces dernières années, plusieurs scandales alimentaires liés à la viande ont secoué l’Europe.
Les années 1980 et 1990 ont été marquées par la maladie de la vache folle. En 2013, le scandale des lasagnes à la viande de cheval a révélé que de la viande de cheval avait été utilisée à la place du boeuf, dans des plats préparés. Et plus récemment, en France, de nouvelles vidéos dévoilent régulièrement sur internet des conditions d‘élevage insalubres et des techniques d’abattage déplorables. Mais la France n’est pas un cas isolé, et d’autres affaires de maltraitance animale ont été signalées en Hollande, et dans le sud de l’Europe, entre autres.

Sans débattre du bien-fondé de la consommation de viande, ces affaires ont mis en évidence que les mauvaises conditions d‘élevage pouvaient aussi rendre malades les humains, et que les animaux pourraient être abattus de manière moins violente.

Le reportage de Lise Pedersen montre que les méthodes d’abattage restent violentes , puisque les animaux ne sont pas toujours étourdis correctement, voire pas du tout, avant d‘être tués puis découpés, dans l’abattoir français auquel elle a eu accès.

Les Européens aiment manger leur steak, mais la viande la plus consommée en Europe reste de loin le porc. Comme les autres animaux d‘élevage, on donne aux porcs de larges quantités d’antibiotiques, en moyenne deux fois plus qu’aux humains. Et les animaux développent eux aussi une résistance aux antibiotiques. Avec le temps, des bactéries finissent par résister à tous les traitements. Pire, les bactéries résistantes peuvent se transmettre aux êtres humains dans la viande qui atterrit dans nos assiettes. Serge Rombi et Yaiza Martin sont partis en reportage en Espagne, le pays qui reste le plus gros consommateur d’antibiotiques en Europe, pour les animaux.

Sophie Claudet a interviewé le Dr Elizabeth Tayler, experte en résistance anti-microbienne, à l’Organisation Mondiale de la Santé. Elle confirme les conclusions d’une étude britannique,selon laquelle la résistance aux antibiotiques devrait devenir une cause de mortalité qui supplantera le cancer d’ici 2050. “Au moins 25 000 personnes meurent chaque année de résistance aux antibiotiques”, estime-t-elle, ce qui “coûte près d’un milliard et demi d’euros, entre la durée des traitements et la perte de productivité”.
Seule une utilisation de ces traitements pour favoriser la croissance des animaux est interdite depuis 2006. Mais pour l’heure, les antibiotiques restent largement utilisés de manière préventive dans les élevages intensifs. Et l’absence d’harmonisation réglementaire en Europe conduit aujourd’hui à un usage très variable des antibiotiques selon les pays. La quantité de médicaments utilisée “varie de 1 à 100” selon les pays. L’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie restent les plus gros consommateurs de l’Union en la matière. Le Danemark, à l’inverse, n’utilise plus les antibiotiques dans ses élevages que pour traiter les animaux malades, ce qui a conduit à une hausse de production et à une plus forte rentabilité du secteur.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

"Même mort, l'animal bouge encore"

L'antibiorésistance, nouveau fléau sanitaire mondial ?

Aide aux victimes : les leçons tirées des attentats du 13 novembre 2015 à Paris