Trêve en Syrie : pourquoi est-elle si fragile ?

Trêve en Syrie : pourquoi est-elle si fragile ?
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Par Sophie Desjardin avec Sandrine Delorme
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Jusqu’au dernier moment avant l’annonce du cessez-le-feu, les bombes se sont abattues sur Alep.

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Jusqu’au dernier moment avant l’annonce du cessez-le-feu, les bombes se sont abattues sur Alep. L’avenir de la trêve se jouera sans doute ici, la ville martyre coupée en deux, deuxième plus grande du pays que ni les rebelles ni le régime veulent lâcher. Hier, Bachar el- Assad, devant les caméras, en visite dans l’ancien fief rebelle de Daraya, a été on ne peut plus clair :

En nous exprimant de cet endroit, nous faisons passer ce message : l’Etat syrien est déterminé à récupérer tout le territoire encore sous la férule des terroristes.

La question ne se pose pas sur les ambitions du Président syrien. Reste celle des cibles à éliminer pour Washington et Moscou. Que sont les terroristes pour Assad et ses alliés russes ? Sont-ils les mêmes pour les Etats-Unis ?

Dans les déclarations, hier, depuis Moscou, du général russe Sergei Rudskoy en charge de la création conjointe d’un centre de coordination des frappes russo-américaines, on sent poindre la pierre d’achoppement de la stratégie commune :

Malgré la trêve, nous allons continuer à combattre les groupes terroristes comme Daech et Fateh al-Cham qui opèrent sur le territoire de la Syrie. Peu importe comment s’appellent ces terroristes, les forces russes continueront à bombarder leurs positions.

Deux ennemis communs ont donc été identifiés : Daech et le Front Fateh al-Cham, anciennement al-Nosra, ex-branche d’Al-Qaïda.
Les forces d’Assad ne sont plus autorisées à viser al-Nosra, juste à se défendre. Ce sera aux forces russo-américaines de s’en charger.

Mais qu’en est-il des rebelles et de la multitude de factions qui les composent ? L’accord russo-américain demande aux rebelles de se distancer des militants salafistes jihadistes liés à Al-Qaïda ou Daech, sous peine d‘être pris pour cible.

Une utopie ? Peut-être, car sur le terrain, militants et rebelles se mêlent… A Alep, ces derniers tiennent la moitié de la ville, grâce à l’aide de divers groupes jihadistes.
Y renoncer risquerait de donner l’avantage à l’armée du régime. Or, aucune des parties ne peut se permettre de perdre Alep. Les uns y jouent leur survie à l‘échelle du pays, les autres y voient la clef de la victoire.

Et puis certains groupes salafistes, comme le puissant Ahrar al Sham, particulièrement présent dans les régions d’Alep et d’Idlib, ont d’ores et déjà émis des critiques à l‘égard de l’accord russo-américain, sans toutefois le rejeter.

L’Armée syrienne libre, la branche dite modérée de la rébellion, a affiché sa volonté de coopérer “positivement”, mais tous s’accordent en tout cas sur l’idée que l’accord sert les intérêts du régime.
Reste à voir si Américains et Russes parviennent à coopérer, ensemble et avec Damas, de manière à leur prouver qu’il sert les intérêts du peuple syrien.

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