Législatives au Maroc : les islamistes pourraient renforcer leur pouvoir

Législatives au Maroc : les islamistes pourraient renforcer leur pouvoir
Par Joël Chatreau
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L’air de rien, c’est le seul pouvoir encore tenu par des islamistes dans la région. Le parti Justice et Développement (PJD) compte bien garder sa majorité au parlement à l’issue des élections législatives qui se déroulent ce vendredi au Maroc, et même prendre plus de poids, fort d’un bilan économique satisfaisant dans le contexte mondial actuel. Ce parti, qui s’inspire de certaines théories des Frères musulmans, a remporté les précédentes législatives en 2011, une victoire qualifiée d’historique. Son chef, Abdelilah Benkirane, devenu Premier ministre, dirige depuis lors une coalition hétéroclite formée avec des libéraux et des communistes.

Rendre coup pour coup

Mais on devrait assister à un corps-à-corps entre le PJD et le Parti authenticité et modernité (PAM), d’inspiration libérale. Leurs chefs se détestent : Ilyas El Omari, le secrétaire général du PAM, affirme que le Premier ministre islamiste suit notamment la doctrine du sunnite Ibn Taymiyya, une référence pour certains groupes qui pratiquent la “guerre sainte”. L’idéologie du PJD “nous fait peur”, explique Ilyas El Omari, avec ses “violentes réactions contre la modernisation des moeurs”. Avec son slogan “Le changement, c’est maintenant !” (ça vous rappelle quelque chose ?), le PAM dit au contraire vouloir particulièrement défendre les droits et les libertés des femmes au Maroc. Il présente d’ailleurs des listes entièrement féminines et six femmes en tête de liste.

Ilyas El Omari, le pourfendeur des islamistes :

Ilyas El Omari: “Si mon parti s’allie avec le PJD, je quitte mon poste de SG” https://t.co/u5NHanxkcA via Medias24</a> <a href="https://t.co/BmhMUM4uiJ">pic.twitter.com/BmhMUM4uiJ</a></p>&mdash; Medias24 (Medias24) 6 octobre 2016

Le chef du gouvernement sortant accuse en retour le dirigeant du PAM d‘être un opportuniste, un homme de l’ombre du roi Mohammed VI. Le parti libéral a été fondé en 2008 par un conseiller influent du monarque mais son responsable actuel, ex-militant d’extrême-gauche traqué par la police de Hassan II dans sa jeunesse, nie tout lien, de près ou de loin, avec le palais royal. Mohammed VI proclame sa neutralité et promet des élections législatives transparentes. Pour répondre à la colère de la rue en 2011, lors du “Mouvement du 20 février”, version marocaine du “Printemps arabe”, le roi avait été poussé à mettre en oeuvre une réforme constitutionnelle.

Abdelilah Benkirane, la figure de proue du pouvoir islamiste :

#Benkirane: “Sa Majesté est le garant de la transparence et de la sincérité des élections“ https://t.co/kKKsjZRxK1 via Medias24</a> <a href="https://t.co/MinET8NWR6">pic.twitter.com/MinET8NWR6</a></p>&mdash; Medias24 (Medias24) October 6, 2016

Se réveiller enfin !

La gauche est peut-être en train de sortir du coma profond dans lequel elle est plongée depuis maintenant une dizaine d’années. Et c’est une femme qui veut la réveiller, la seule femme à la tête d’une formation politique au Maroc : Nabila Mounib, qui est la secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), mène au combat de ces législatives la Fédération de la gauche démocratique (FGD), un rassemblement de trois mouvements de gauche. Elle espère se faire une place entre les islamistes et les libéraux et redonner un peu de fierté à la gauche historique, opposante déterminée au défunt roi Hassan II malgré la répression à son encontre.

Nabila Mounib, le nouvel espoir de la gauche marocaine :

With Parliamentary elections round the corner, #Moroccan Nabila Mounib wants to offer voters a 'third-way' https://t.co/iu6Uku7KJt#Moroccopic.twitter.com/mfOq6jZGEU

— BCI (@BindaConsulting) October 5, 2016

Tout comme la Tunisie et l’Algérie, le Maroc n’est pas à l’abri des attentats. Un groupe d’une dizaine de jeunes filles, mineures pour la plupart, a été démantelé lundi dernier, ont informé les services de sécurité marocains. Les adolescentes, qui ont accepté le mariage avec des combattants du groupe Etat islamique sur le réseau internet, s’apprêtaient à commettre des attentats suicide pendant le scrutin législatif. En mai 2003, des attentats islamistes perpétrés notamment contre le consulat de Belgique et un grand hôtel à Casablanca avaient fait 45 morts.

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