Cela ne pourrait être qu’une “petite” bataille perdue pour le groupe Etat islamique mais c’est en fait un gros coup porté au moral de ses combattants et de ses…
Cela ne pourrait être qu’une “petite” bataille perdue pour le groupe Etat islamique mais c’est en fait un gros coup porté au moral de ses combattants et de ses chefs. Dabiq, ville hautement symbolique pour les jihadistes, est tombée ce dimanche aux mains de l’Armée syrienne libre, une alliance de groupes rebelles fortement épaulée par l’armée turque dans cette conquête. La victoire est éclair, acquise après seulement 24 heures de combats; elle a été facilitée par le retrait des activistes islamistes de la localité, comme le fait remarquer l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, une ONG basée à Londres qui dispose de nombreuses sources fiables sur le terrain.
L’Armée syrienne libre publie sur Twitter des photos de l’offensive victorieuse :
Free Syrian Army forces inside #Dabiq after liberating in from #Daesh today, shattering their myth#Syriapic.twitter.com/FQC47dpjhJ
— FSA News (@FSAPlatform) October 16, 2016
Selon l’agence de presse officielle turque Anadolu, une dizaine de rebelles syriens ont été tués et près d’une trentaine ont été blessés. Aucune autre source n’a donné de bilan. L’un des groupes de la rébellion, l’Union Fastaqim, a indiqué que Dabiq avait été prise “après de violents combats contre Daech”. Soran, autre petite ville qui la jouxte, a également été reconquise. Le groupe terroriste Etat islamique contrôlait toute la zone depuis un peu plus de deux ans. Comme à chaque progression dans l’ex-territoire islamiste, les rebelles doivent maintenant déminer rue par rue, maison par maison, pour mettre hors d’état de nuire les pièges explosifs laissés systématiquement par les jihadistes derrière eux.
L’Union Fastaqim célèbre la prise de Dabiq :
#FastaqemUnion#EuphratesShield#FSA inside liberated from #ISIS Dabiq village.#Syriapic.twitter.com/sEdKSSse1M
— FastaqemUnion (@fko_union) 16 octobre 2016
Détenir Dabiq, localité située à une quarantaine de kilomètres d’Alep, faisait toute la fierté du groupe Etat islamique : dans le courant religieux sunnite, un hadith, autrement dit une parole rapportée du prophète Mahomet, situerait dans cette localité la bataille de toutes les batailles entre musulmans et “infidèles” (chrétiens), préfigurant l’apocalypse. Les prédicateurs du Jihad aiment à rappeler cette parole pour justifier leur guerre. Dabiq est d’ailleurs le nom d’un site de propagande en anglais publié par Etat islamique sur le réseau internet.
Derrière "Bouclier de l'Euphrate", la Turquie cache son jeu
Le pouvoir islamo-conservateur turc, dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan, souligne son engagement dans l’offensive contre Dabiq, à juste titre puisque sans son armée, aviation et blindés, la rébellion syrienne aurait eu plus de mal à s’emparer de la ville. Mais cela ne fait pas de doute, c’est une manière aussi de contrer les critiques de plusieurs pays occidentaux : la Turquie a souvent été accusée de vouloir éliminer d’abord les forces kurdes syriennes (YPG ou Unités de protection du peuple kurde), avant les combattants du groupe Etat islamique.
Turkish-backed FSA captures Dabiq, Soran from ISIL pic.twitter.com/MZ9Z87YODQ
— Turkey English News (@turkeyenglish1) October 16, 2016
Lancée le 24 août dernier, l’opération “Bouclier de l’Euphrate” assure désormais au gouvernement turc une meilleure légitimation de son action, même si elle permet toujours de se débarrasser au passage des rebelles kurdes le long de sa frontière avec la Syrie. Le fameux “califat” rêvé par les jihadistes, à cheval sur l’Irak et la Syrie, s‘étendait encore sur près de 91 000 km2 au début de l’année 2015, selon des experts militaires; aujourd’hui, il couvre environ 68 000 km2. Grâce à sa propre offensive aux côtés des rebelles syriens, Ankara peut se vanter d’avoir déjà arraché 1 130 km2 de territoire aux islamistes.