Réfugiés en Ouganda : l'intégration par la formation

Réfugiés en Ouganda : l'intégration par la formation
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Par Monica Pinna
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L'Ouganda et ses partenaires internationaux tentent de faire face à l'afflux de réfugiés venus du Soudan du Sud et leur proposent des formations.

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Dans cette édition d’Aid Zone, nous nous rendons en Ouganda, premier pays d’accueil de réfugiés originaires du Soudan du Sud où la reprise des combats en juillet dernier a causé une nouvelle vague de migration vers ses pays voisins. Les autorités ougandaises soutenues par différents partenaires internationaux s’organisent pour venir en aide à ces nouveaux arrivants. Ils mettent en particulier l’accent sur la formation pour renforcer leur autonomie.

Commençons par quelques éléments chiffrés. Désormais, plus d’un million de personnes ont quitté le Soudan du Sud pour rejoindre ses pays voisins. Près de 250.000 d’entre elles ont fui après les dernières violences de juillet.

L’Ouganda, premier pays d’accueil des réfugiés sud-soudanais, accueille aujourd’hui plus de 440.000 d’entre eux. Plus du tiers sont arrivés ces quatre derniers mois. Ici, on leur permet de s’installer sur des terrains spécifiques, de cultiver leur terre et de travailler. Cette politique généreuse vaut à l’Ouganda d‘être régulièrement cité en exemple par les Nations Unies.

Apprendre un métier

Pour renforcer l’autonomie des nouveaux arrivants, des formations leur sont proposées. Au centre de Nyumanzi dirigé par le Conseil norvégien pour les Réfugiés à Adjumani, ils sont deux cents à apprendre un métier. Le cours de boulangerie figure parmi l’un des plus demandés. La classe compte quarante élèves. “Cette formation dure six mois à raison de cinq jours par semaine, explique Jackson Aliga, formateur en boulangerie du Conseil norvégien pour les Réfugiés. Dans le premier groupe qui représente 31 personnes, je dirais que la moitié d’entre elles ont déjà trouvé un emploi et les autres sont dans un processus de recrutement,” précise-t-il.

Parmi ceux qui ont entamé leur cursus en juillet, Yarkon. Elle est arrivée du Soudan du Sud il y a quelques mois avec ses quatre enfants et quatre autres de sa famille. Un cas de figure qui est loin d‘être rare ici. “Je voudrais travailler, insiste-t-elle, parce que je veux ouvrir mon commerce et comme cela, j’aurai de l’argent pour faire vivre ma famille.”

Aid Zone UgandaEn fonction du contexte local

Les huit cours dispensés au centre ont été élaborés en fonction du contexte local et des besoins des réfugiés et de la population sur place. Ils font face à une très forte demande de la part des nouveaux arrivants.

“On travaille sur la manière dont les réfugiés peuvent se faire une place sur le marché local, indique Hosana Adisu, manager de zone au Conseil norvégien pour les Réfugiés. On a établi des relations entre les diplômés et les institutions financières existantes dans la région comme les établissements de microfinance, les coopératives d‘épargne et de crédit et les banques,” explique-t-il.

Une fois leur diplôme obtenu, les élèves reçoivent individuellement ou en groupe, de l’argent et des outils et bénéficient d’un suivi pendant six mois.

Daruka a ouvert sa boulangerie avec quatre autres apprenties à côté de sa maison sur le terrain d’Adjumani.
Aujourd’hui, elles vendent au sein du “village” des réfugiés et au marché à proximité.

“Du jour où j’ai commencé ce travail, souligne-t-elle, les choses sont devenues plus simples. Tous mes enfants ont des vêtements et des chaussures et si on doit acheter quelque chose pour l‘école, je peux payer, je ne suis plus dans la situation dans laquelle j‘étais en arrivant du Soudan du Sud,” poursuit-elle.

“Ugandans have learnt a lot from the refugees … and the refugees have benefited from Ugandans” https://t.co/tPYSDTe4TZ

— UN Refugee Agency (@Refugees) 31 octobre 2016

Afflux de réfugiés

De nouveaux sites d’accueil ont été rapidement construits ces derniers mois pour faire face à un nombre croissant d’arrivées en raison de la reprise des violences au Soudan du Sud.

Au premier point d’accueil de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) à Elegu, les Sud-Soudanais racontent avoir été confrontés à des meurtres, des pillages et à l’enrolement de force de jeunes dans les groupes armés.

“Actuellement, nous accueillons entre 100 et 180 personnes par jour, précise Gerald Edema, assistant d’enregistrement pour le gouvernement ougandais, avant d’ajouter : Mais aux alentours du 17-18 juillet dernier, au moment du pic des arrivées, c‘était entre 3000 et 4000.”

Ouganda : l'aide aux réfugiés bénéficie à l'économie locale https://t.co/jMi7mOZLN4

— Africanews Français (@africanewsfr) 29 octobre 2016

“Adapter le système”

Les réfugiés restent un à deux jours dans les points d’accueil avant de rejoindre des centres de transit où vu l’affluence nouvelle, la durée du séjour s’allonge. A Adjumani, elle est passée d’une semaine à plusieurs mois actuellement. Cet afflux met à rude épreuve la politique d’accueil ougandaise dans laquelle différents partenaires notamment européens s’impliquent.

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“Si cela continue comme cela et que nous enregistrons de nouvelles arrivées, s’inquiète Quentin Le Gallo, du service de l’Union européenne à l’aide humanitaire qui est aussi présent sur place, il faudra adapter le système parce qu’il ne conviendra plus : par exemple, pour l’attribution des terres, précise-t-il, plus il y a de réfugiés, plus on doit donner de terres, donc on va manquer de terres disponibles. (…) Les parcelles seront plus petites.”

En plus de sa politique d’accueil spécifique, l’Ouganda a fait de la formation, l’une de ses priorités nationales pour accélérer l’intégration des réfugiés.

Uganda's #refugee policy is a model for other countries – nice piece in TheEconomist</a> <a href="https://t.co/Z2bDinXpb2">https://t.co/Z2bDinXpb2</a></p>&mdash; Alexander Betts (alexander_betts) 29 octobre 2016

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