La route escarpée de Gibraltar vers le Brexit

La route escarpée de Gibraltar vers le Brexit
Par Sophie Desjardin
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L'invité surprise des négociations sur le Brexit, c'est ce rocher qui empoisonnent les relations britanico-espagnoles depuis des siècles.

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L’invité surprise des négociations sur le Brexit, c’est ce rocher qui empoisonnent les relations britanico-espagnoles depuis des siècles. Gibraltar est à nouveau au coeur de la discorde, suite à la présentation de la feuille de route de l’Union pour la sortie du Royaume-Uni, stipulant que le sort de Gibraltar devra être soumis au feu vert de Madrid.

Réaction : une levée de bouclier sur le rocher et à Londres. Car Gibraltar est officiellement britannique depuis 1713 et le traité d’Utrecht.
Or, les 33 000 habitants de ce tout petit territoire de 6,8 km2 ont voté à 96 % pour rester membres de l’Union européenne le 23 juin 2016.

Londres quittant l’Union, cela leur pose un problème, certes, mais 99 % avaient aussi voté pour rester Britanniques en 2002.

Cette année-là, l’Espagne qui revendique depuis toujours le rocher perdu lors de la guerre contre les forces anglo-néerlandaises, leur avait effectivement proposé la co-souveraineté. Une proposition rejetée donc par les habitants qui tiennent à rester dans le giron britannique.

Y tiendront-ils autant maintenant ? Madrid fait le pari que non. D’autant que les Espagnols ont des moyens de pression. En 2013, suite à un différend, ils avaient renforcé les contrôles aux frontières provoquant des embouteillages monstres.

L’isolement, c’est ce que redoutent peut-être le plus les Gibraltariens.
Mais les rétorsions espagnoles sanctionnent également les 10 000 travailleurs espagnols qui traversent chaque jour la frontière.
Petit paradis économique, fiscal, dénonce Madrid, à Gibraltar, on frise le plein-emploi.
Les taxes sur les 18 000 entreprises n’y sont que de 10 %, bien moins qu’en Espagne (30 %) ou même en Grande-Bretagne (25 %).

Une situation économique, outre celle géographique et géostratégique, forcément convoitée par le grand voisin, qui peine à se remettre de la crise. L’Espagne voit dans le Brexit une occasion en or pour ses revendications. A Londres, chez certains, comme l’ancien leader du parti conservateur britannique, Lord Michael Howard, on n’hésite pas à sortir la rhétorique guerrière en faisant référence à la guerre des Malouines :

Il y a 35 ans cette semaine, une autre femme première ministre a envoyé l’armée à l’autre bout du monde pour défendre la liberté d’un autre petit groupe de Britanniques contre un autre pays hispanophone, et je suis absolument certain que notre actuelle première ministre fera preuve de la même résolution pour les habitants de Gibraltar“.

Invoquer le spectre des Malouines, c’est osé.
Peu de chances que Theresa May suive les pas de Margaret Thatcher. Et l’Espagne d’aujourd’hui n’est pas non plus l’Argentine sous la dictature.
Reste que le différend pourrait connaître de nouveaux développements dans les mois à venir.

'Keep calm and negotiate' on Gibraltar, Barnier tells Brits. @AFP story from @Pierre_Sorlut in Luxembourg https://t.co/SCFbFgNAxS

— Danny Kemp (@dannyctkemp) 4 avril 2017

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