Présidentielle en Iran : les jeunes plus enclins à voter Hassan Rohani

Présidentielle en Iran : les jeunes plus enclins à voter Hassan Rohani
Par Sandrine Delorme
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Les 15-29 ans représentent un quart de la population, et la politique les passionne, surtout les jeunes issus des milieux aisés et instruits.

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Qui les Iraniens vont-ils choisir comme prochain Président ? Le sortant et modéré, Hassan Rohani ou son principal adversaire le religieux et conservateur Ebrahim Raisi, soutenu par le guide suprême Ali Khameinei ? Rohani a pour lui la signature de l’accord sur le nucléaire avec les Etats-Unis, la baisse radicale de l’inflation, mais les promesses d’emploi, de croissance et d’investissements étrangers qui devaient suivre ne se sont pas encore concrétisées. Et c’est là-dessus que son adversaire principal Ebrahim Raisi, l’attaque. Lui prône une ligne dure et estime ne pas avoir besoin de l’aide étrangère.

Chez les jeunes, Rohani est plutôt favori. Les 15-29 ans représentent un quart de la population, et la politique les passionne, surtout les jeunes issus des milieux aisés et instruits.

Connue pour avoir été emprisonnée après avoir dansé sur une chanson de Pharrel Williams dans une vidéo postée sur internet, Reihaneh Taravati est une jeune photographe. Elle a 170 000 followers sur Instagram.
Elle affirme que c’est grâce au tweet de Rohani en sa faveur que sa libération a été accélérée.
Sa brève expérience derrière les barreaux, la rendu plus avide de changements, et elle ira voter :

Je constate que beaucoup de jeunes pensent que tout le monde doit voter. Entre 16 et 26 ans, je connais peu de gens qui n’iront pas voter.

Selon des chiffres officiels, cette élection compte 1,35 millions de primo votants. Reihaneh pense que les nouvelles technologie ont un rôle clef dans la mobilisation des jeunes :

“_Ils ont tous un portable. Les réseaux sociaux, c’est quelque chose de familier pour eux, il sont très à l’aise avec internet. Indépendamment de leur classe sociale, ils sont au courant de tout. Ils suivent des personnes célèbres ou des people, surveillent leur points de vue, vérifient les infos. Cette génération a grandi avec les smartphones et les tablettes. Et les enfants qui n’avaient peut-être pas leur propre portable, empruntaient ceux de leurs mères après l‘école. Ce sont des enfants de la nouvelle technologie.”

Bardia, un ami de Reihaneh apparaît aussi dans la vidéo controversée d’Happy. Comme elle, il a été arrêté. Il tente de devenir acteur, il peint aussi. Il voit bien comment le vote peut jouer un rôle dans son domaine, à savoir les arts.

Si la politique dans un pays est sur la bonne voie, alors tous les petits et grands événements qui se déroulent seront également sur la bonne voie. Pour moi, en tant que personne qui travaille dans le domaine de l’art, la culture est plus importante. Je vois que durant le mandat de Rohani, plus d’attention a été accordée à la culture, et je pense que c’est sa politique qui a créé une telle atmosphère.

Les débats des quatre candidats en lice, à télévision et à la radio sont très populaires et largement suivis, comme ici sur cette place où les gens se sont rassemblés pour écouter le dernier débat radiophonique et ensuite échanger, commenter sur les réseaux sociaux.

Jafar est étudiant en pharmacie à l’Université de Téhéran, un hub en matière politique pour les jeunes étudiants :

Je pense que l’Université de Téhéran où je suis des cours est l’une des entités académiques les plus politisées du pays. Mes camarades de fac sont tout à fait conscients du fait que les élections sont l’un des moments importants de la vie démocratique du pays. Pour eux, il est donc logique de ne pas se priver de cette opportunité.

Vendredi, outre la présidentielle, c’est jour d‘élections municipales.
Shervin ira voter pour les deux scrutins. Lui, c’est l’inflation qui l’inquiète, même si elle est passée de 40 % sous Mahmoud Ahmadinejad, à moins de 10 % depuis l’arrivée d’Hassan Rohani au pouvoir

Lorsque l’inflation sévère avait fait monter le prix du dollar très haut, mes économies étaient passées de 1000 dollars à 250 dollars. Et cela a eu un impact direct sur ma vie. Et puis l’autre problème, ce sont les libertés sociales qui peuvent changer au gré des gouvernements. Et enfin il y a le problème de l’isolement international dont notre pays souffrait depuis des années. Le gouvernement a pu résoudre en partie le problème par le dialogue et obtenir un certain degré de respect mutuel. C’est pour toutes ces raisons que je pense qu’il est nécessaire de participer aux élections.

Ayant vu les conséquences terribles de deux mandats de Mahmoud Ahmadinejad, les jeunes Iraniens savourent à présent les résultats de l’accord sur le nucléaire conclu avec les Occidentaux. Et même si les retombées ne sont pas encore à la hauteur des attentes d’un pays qui a vécu des années dans l’isolement international, ces jeunes électeurs semblent déterminés à ne pas laisser les conservateurs revenir au pouvoir.

D’après un reportage de notre correspondant à Téhéran, Javad Montazeri.

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