L'opposant Leopoldo Lopez libéré mais assigné à résidence

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Par Euronews
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Leopoldo Lopez, l'un des plus emblématiques opposants vénézuéliens, est sorti de prison samedi, pour être aussitôt assigné à résidence chez lui, à Caracas, après plus de trois ans d'incarcération, sur fond de tensions croissantes entre le président socialiste Nicolas Maduro et l'opposition.

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Leopoldo Lopez, l’un des plus emblématiques opposants vénézuéliens, est sorti de prison samedi, pour être aussitôt assigné à résidence chez lui, à Caracas, après plus de trois ans d’incarcération, sur fond de tensions croissantes entre le président socialiste Nicolas Maduro et l’opposition.

Souriant, il a agité le drapeau de son pays et levé les mains en signe de victoire face à des dizaines de ses partisans venus l’acclamer devant son domicile.

Peu auparavant, dans un message écrit lu par Freddy Guevara, membre comme lui du parti Volonté populaire, Leopoldo Lopez a promis de “lutter jusqu‘à conquérir la liberté pour le Venezuela“: “Je maintiens fermement mon opposition à ce régime“, a-t-il ajouté, en référence au régime chaviste de Nicolas Maduro, héritier de Hugo Chavez, à la tête du pays de 1999 à 2013.

Cette déclaration semble aller clairement à l’encontre de la requête de Nicolas Maduro, qui a souhaité “un message de paix” de la part de Leopoldo Lopez : “Après presque quatre ans de prison, j’espère que LL (comme il a ainsi nommé son opposant) va s’amender et émettre un message de paix, car le pays veut la paix“, a déclaré le chef de l’Etat, quelques heures après cette libération, à la télévision.

La Cour suprême a annoncé sur son compte Twitter avoir décidé la libération de Leopoldo Lopez et son assignation à résidence “pour raisons médicales”. Elle a précisé que la mesure, prise vendredi, a été concédée en vertu de considérations “humanitaires”, sans préciser l‘état de santé de l’opposant.

Auparavant, la nouvelle de cette sortie avait été rendue publique par l’un des avocats de Leopoldo Lopez à Madrid, où il compte de très nombreux appuis: il “se trouve à son domicile de Caracas avec Lilian (Tintori, sa femme) et ses enfants. Il n’est pas encore libre, il est assigné à résidence. On l’a sorti à l’aube“, avait tweeté Javier Cremades.

Lilian Tintori avait affirmé vendredi avoir pu rendre visite en prison à son époux pendant une heure. “Lilian, on me torture !“, lui avait-il lancé fin juin, depuis sa cellule.

Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur de Voluntad Popular, un parti membre de l’internationale socialiste, et farouche opposant au régime de Nicolas Maduro et de son prédécesseur mort en 2013 Hugo Chavez, était emprisonné depuis février 2014.

Il avait été condamné pour “incitation à la violence” pendant des manifestations organisées afin de réclamer la démission du président Maduro, manifestations qui s‘étaient soldées par 43 morts entre février et mai 2014.

Fils de bonne famille, diplômé en économie de la prestigieuse université américaine de Harvard, il est issu de l’opposition dure au régime chaviste, qui l’accuse, lui et sa famille, d‘être “d’extrême droite” et “putschistes”.

Nous sommes très heureux que Leopoldo Lopez soit chez lui avec sa famille ! Il faut lui rendre sa pleine liberté comme à tous les prisonniers politiques !“, a réagi Henrique Capriles, l’une des figures de proue de l’opposition.

Il reste 300 prisonniers politiques dans les geôles bolivariennes“, a affirmé Javier Cremades, dans un autre message sur Twitter. L’ONG Foro Penal dénombre elle 433 “prisonniers politiques”.

Cette libération a aussitôt été saluée par les Etats-Unis comme “un pas dans la bonne direction”: “Nous répétons notre appel pour que M. Lopez retrouve sa liberté pleine et entière et l’ensemble de ses droits politiques“, a déclaré le Département d’Etat dans un communiqué.

Réunis pour un sommet du G20 à Hambourg, en Allemagne, les dirigeants espagnol, argentin, mexicain et brésilien ont de leur côté réclamé la “libération de tous les prisonniers politiques et l’organisation d‘élections libres et démocratiques“ au Venezuela, selon le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

Ce geste envers Leopoldo Lopez intervient à un moment où la situation au Venezuela est des plus tendues, des militants partisans de M. Maduro ayant pénétré mercredi dans l’enceinte du Parlement, seule institution contrôlée par l’opposition. Quelque 300 élus et journalistes avaient alors été retenus dans le bâtiment pendant neuf heures.

Les manifestations contre le président vénézuélien sont quasi quotidiennes depuis trois mois et ont fait 91 morts.

Le gouvernement essaie de faire baisser la pression“, explique à l’AFP l’analyste Luis Vicente León. Il “cherche à calmer le mouvement de protestation“ à l’approche de l‘élection, prévue pour le 30 juillet, de l’Assemblée constituante, renchérit le politologue Luis Salamanca.

Le président socialiste, qui dénonce régulièrement un “complot” ourdi par les Etats-Unis, est sous pression, 80% des Vénézuéliens étant hostiles à son gouvernement, échaudés par les pénuries, l’hyperinflation et la criminalité galopante, résultat de la chute des cours du pétrole, la principale ressource du Venezuela. Les files d’attente de plusieurs heures, les pillages et les morts violentes y sont monnaie courante.

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Pour sortir de cette crise, Nicolas Maduro a proposé l‘élection d’une Assemblée constituante, une option rejetée par l’opposition qui la considère comme une manœuvre pour s’accrocher au pouvoir et compte organiser un référendum le 16 juillet sur la convocation de cette Assemblée.

M. Maduro, qui affirme que cela pourra entraîner une reprise économique et pacifier le Venezuela, est critiqué jusque dans son propre camp, à l’image de la procureure générale Luisa Ortega, chaviste entrée en rébellion.
Et les critiques redoublent.

L’Eglise catholique vénézuélienne, traditionnellement hostile au pouvoir chaviste, a sauté un pas supplémentaire vendredi en qualifiant le régime de “dictature”.

Avec agence (AFP)

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