Davos : les enjeux du sommet décryptés

Davos : les enjeux du sommet décryptés
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Par Euronews
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Lee Howell, le directeur général du Forum économique mondial est l'invité d'euronews. Il détaille les enjeux du sommet.

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Les prévisions de la croissance mondiale ont donné le sourire à de nombreux participants à Davos. Le risque d’une nouvelle récession devrait rester faible alors que les économies arrivent à la fin de ce lent rebond amorcé il y a dix ans. Le FMI a prévu un nouveau taux de croissance mondiale de 3.9% en 2018. Selon certains experts seulement 4 économies mondiales vont décroître.

Je crois que l‘économie mondiale va bien s’en sortir toute seule. L’enjeu selon moi, est une erreur politique, qu’il s’agissent du protectionnisme des Etats-Unis, ou des banques centrales qui sont craintives ou qui freinent trop, ou de la Chine qui gère mal son désendettement. Ces choses là pourraient faire obstacle. Sinon cette économie peut facilement aller au rythme où elle a été pendant une autre année, peut-être deux“, estime Nariman Behravesh, chef économiste pour la société de conseil, IHS Inc.

Ce tableau idyllique pourrait laisser envisager une hausse des salaires, de nouvelles baisses du chômage et rendre plus supportables certains problèmes de la crise financière comme de mauvais prêts bancaires et des déficits budgétaires. Alors que les investisseurs peuvent se frotter les mains, gardons une certaine prudence. Les menaces de l’instabilité géopolitique, avec l’inquiétude sur de nouvelles guerres, pourraient mettre un terme à cet épisode d’optimisme économique et de croissance.

Les 1% les plus riches ont accaparé 82% de la richesse mondiale créée en 2017 ???https://t.co/tOAewqVDqm#Davos#AFPpic.twitter.com/0VO1jxfRSj

— Agence France-Presse (@afpfr) 22 janvier 2018

Isabelle Kumar, euronews : Dans ce monde turbulent et en constant changement, le Forum économique de Davos cherche de nouveaux modèles pour aider à soutenir le progrès économique durable. Nous avons un tableau économique positif en ce moment mais aussi des défis-clés qui attendent le monde. Expliquez-nous brièvement…

Lee Howell, directeur général du Forum économique mondial de Davos : Brièvement… Il semble que la croissance revient au moins au niveau que l’on a connu avant la grande crise financière et il y a un certain nombre de personnes qui l’ont dit explicitement en particulier, par exemple, la directrice générale du FMI Christine Lagarde qui a déclaré, “regardez, c’est quand il fait beau que vous devez réparer le toit qui fuit”. Ce qui signifie avoir plus de croissance inclusive et durable.
“Inclusif” signifie : sommes-nous capables de produire un effet sur les revenus des ménages pour inclure davantage de personnes dans la classe moyenne. “Durable”, en ce qui concerne le climat, signifie être sûrs de créer moins d‘émissions. Cela nécessite des changements structurels.

6 reasons to be optimistic about the future of work https://t.co/BP6wxLDOcQpic.twitter.com/OJYltPXmax

— World Economic Forum (@Davos) 23 janvier 2018

Isabelle Kumar : Oui mais aussi le Forum économique mondial cherche de nouveaux modèles pour avoir cette croissance économique durable, qui soit vraiment durable comme vous le disiez. C’est une question difficile, mais expliquez-nous comment ces modèles fonctionneraient, donnez-moi juste un exemple.

Lee Howell : Je pense que la façon la plus simple de comprendre ces modèles est vraiment de se dire qu’on ne peut pas contrôler ce qu’on ne quantifie pas. Donc on doit commencer par changer les mesures du succès. Si notre objectif était la croissance du PIB, il faut parler de la façon dont se créent les nouveaux emplois. On doit commencer à changer les indicateurs. On sait maintenant que les différences de revenus sont une préoccupation claire et un défi structurel, et il y a plusieurs façons de le voir.

C’est à peu près pareil si l’on parle de genre. Parité dans les salaires mais aussi dans la participation à l‘économie. Si on ne commence pas mesurer ça, on ne sera pas capable de voir s’il y a des progrès.

Isabelle Kumar : Vous venez juste de mentionner les inégalités mais si l’on regarde les chiffres de la croissance cette année, il y a aussi de grands risques. Quels seraient selon vous les trois risques principaux qui pourraient faire de nouveau chuter l‘économie ?

Lee Howell: Et bien des trois risques, celui que nous devons vraiment regarder de près, est le risque géopolitique. Tout cela repose sur une promesse de paix et de stabilité qui permet d’avoir de la richesse et de la croissance mais, par les temps qui courrent on ne peut pas compter là-dessus. On en sait chaque jour plus sur les menaces potentielles dûes à la prolifération des armes nucléaires. Il y a des conflits sur toute la planète qui peuvent faire entrer en jeu les plus grandes puissances, donc je crois que l’enjeu géopolitique est très réel.
Le deuxième selon moi est encore la croissance qui mène vers l’emploi.
La plupart des économies sont situées dans des lieux où les gens qui votent peuvent changer la politique économique.
Et le troisième, bien sûr, est le protectionnisme. Je pense qu’il y a un réel besoin de s’adresser à ceux qui ont dû supporter le poids d’ajustements structurels vers un commerce plus libre et plus ouvert.

Quel est le message que je porterai à #Davos en tant que vice-présidente du #WEF18 ? Découvrez mon article sur le thème de cette année: Réparer les fractures du monde en 2018.https://t.co/KV6X5rNbGm

— Isabelle Kocher (@isabelle_kocher) 23 janvier 2018

Isabelle Kumar : Qu’en est-il de Davos alors ? Qu’aimeriez vous voir accompli à Davos cette année ? La liste des invités est incroyable, alors qu’aimeriez-vous voir émerger ?

Lee Howell : Je pense d’abord et principalement au thème : “une vision commune dans un monde fracturé”. Je pense que l’on devrait être francs sur l’origine de ces fractures. Certaines sont politiques, géopolitiques et nous devons faire quelque chose à ce sujet…
Pour répondre à votre question : je dirais, qu’il faut s’assurer que tout le monde est entendu, pour avoir un diagnostique clair; commencer à se demander où sont les opportunités, réfléchir au travail structurel qui doit être fait.

C’est comme de planter des arbres. Si l’on veut préparer une main d’oeuvre, ce qui est tout l’enjeu de cette 4e révolution industrielle, cela ne commence pas forcément avec moi, mais avec mes enfants, il faut comprendre de quels compétences on a besoin maintenant et comment être sûrs que le marché du travail coïncide avec le système éducatif d’aujourd’hui. Cela nécessite beaucoup d‘échanges.

On passe de cet intérêt a un objectif et ensuite on le diffuse à tous les dirigeants qui vont agir chacun à leur manière. Je pense que la première chose est de s’assurer qu’ils sont à l‘écoute. Et parce que je suis confiant, je pense qu’avec ces informations ils vont passer à l’action.

Global growth has been accelerating and all signs point to a further strengthening. Let us use this moment to find lasting solutions to the challenges facing the global economy. The time to repair the roof is when the sun is shining. #WEOhttps://t.co/mnvGIxKeHLpic.twitter.com/kP79O5NcRz

— Christine Lagarde (@Lagarde) 22 janvier 2018

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