Polémique après l'assassinat d'un réfugié expulsé

Polémique après l'assassinat d'un réfugié expulsé
Tous droits réservés  REUTERS/Khalid al Mousily
Par Euronews
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Menacé de mort en Irak, Ali n'avait pas obtenu le droit d'asile en Finlande. A peine rentré à Bagdad, il a été retrouvé criblé de balles.

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Alors que la question de l'expulsion des déboutés du droit d'asile fait débat un peu partout en Europe, l'assassinat d'un Irakien qui venait d'être expulsé de Finlande a suscité une vive polémique dans ce pays.

En 2015, Ali, un ancien policier de 46 ans, avait fui son pays et trouvé refuge en Finlande avec sa famille. Pour justifier sa demande d'asile, l'homme avait déclaré faire l'objet de menaces de mort parce qu'il avait dénoncé des faits de corruption.

Après enquête, le service d'immigration finlandais avait toutefois jugé cette demande infondée.
Ali a donc été expulsé. Mais à peine rentré au pays, le père de famille a été assassiné.
Selon le rapport de la police irakienne obtenu par un média finlandais, il apparaît qu'Ali a été abattu à trois reprises le 17 décembre dernier par des hommes armés non identifiés. Son corps a été retrouvé par son père dans un hôpital de Bagdad.

Interrogée, la fille d'Ali, affirme que son père a été tué par les mêmes hommes qui l'avaient contraint à fuir son pays. Egalement réfugiée en Finlande avec ses enfants, Noor est d'autant plus angoissée qu'elle aussi s'est vue refuser le droit d'asile et risque à son tour d'être renvoyée en Irak.

Tout en qualifiant cette histoire de "tragique", le service d'immigration finlandais a déclaré après coup qu'il n'avait pas compétence pour surveiller les déboutés du droit d'asile une fois qu'ils ont quitté la Finlande. Les responsables du service ont également justifié leur décision de renvoyer Ali en Irak sur la base des informations dont ils disposaient au moment où ils ont clôturé le dossier. En tout état de cause, les autorités finlandaises ont considéré qu'Ali n'était pas en danger et qu'il pouvait se mettre à l'abri dans une autre ville irakienne.

Ces justifications ont aussitôt soulevé une vive polémique en Finlande. Le député des Verts Ville Niinistö a déclaré à Euronews qu'il souhaitait l'ouverture d'une enquête à grande échelle sur toutes les décisions prises par les services d'immigration.

Depuis plusieurs mois déjà, la Finlande a considérablement resserré sa politique en matière d'asile. L'an dernier, sur les 9 565 demandes présentées par des Irakiens, près de la moitié ont été refusées indique le bureau local du HCR.

Selon Caroline Bach, porte-parole du HCR en Finlande, l'agence s'inquiète de la baisse significative du taux de protection des demandeurs d'asile irakiens en Finlande. Le HCR a déclaré qu'elle ne jugeait pas approprié que les États refusent aux personnes venant d'Irak une protection internationale sur la base de l'applicabilité d'une alternative de fuite interne ou de réinstallation.

"Il y a des seuils légaux, des critères de vraisemblance qui doivent toujours être pris en considération, souligne Caroline Bach. L'alternative de fuite interne n'est pertinente que si la zone de réinstallation proposée est pratiquement, sûrement et légalement accessible, et si l'individu concerné n'est pas exposé à un risque supplémentaire de persécution ou de préjudice grave dans la zone de réinstallation ".

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