Grève à Air France : "Des hommes et des machines fatigués"

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Tous droits réservés REUTERS/Gonzalo Fuentes
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Par Fleur Martinsse
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Au-delà de la demande de revalorisation salariale, les conditions de travail sont elles aussi au centre la grève. Les syndicats dénoncent une détérioration des conditions de travail, une cadence infernale et un manque d'effectifs.

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Alors que les salaires cristallisent les tensions chez Air France, les conditions de travail sont elles aussi au cœur de la grève.

L'intersyndicale, qui discute avec la direction cette semaine, déplore des restructurations incessantes. Au-delà de la revalorisation salariale, les pilotes et tout le personnel navigant dénoncent une cadence infernale et un manque d'effectifs. De 4200 pilotes en 2011, ils ne sont plus que 3800 actuellement. Un manque que n'ont pas encore réussi à combler les récents recrutements.

François Hamant, membre du bureau du syndicat Alter, travaille pour la compagnie depuis 22 ans. Le pilote de ligne critique cette succession de plans ces dernières années qui suivent toujours la même logique : la rentabilité. Il souhaite que la direction remette l'humain au centre de ses projets.

"La logique de l'entreprise qu'est devenue Air France, c'est une logique de répétition perpétuelle, depuis plus de dix ans, de plans : diminuer les effectifs, augmenter la productivité individuelle,... Comment on fait ça avec un pilote ? On fait ça en lui retirant des jours de congés, on essaie d'organiser les vols en décollant plus tôt le matin, en atterrissant plus tard le soir, en faisant des temps de demi-tour les plus rapides possibles pour optimiser l'utilisation de l'avion. Cela peut faire sens économiquement, mais quand vous poussez la logique à son extrémité et bien ça finit par craquer de partout."

"On nous a retiré le sens de notre métier"

Au lieu d'une heure de latence entre deux vols pour les moyens courrier, les équipes n'ont par exemple plus que 45 minutes pour préparer l'avion avant de redécoller. C'est l'illustration d'un quotidien bousculé pour les équipes et qui mobilise à tous les niveaux.

François Hamant souligne l'aspect inédit de la grève actuelle, qui pour la première fois réunit tous les métiers : pilotes, hôtesses de l'air, stewards,... A l'unisson, ils regrettent de ne plus pouvoir exercer leur métier avec plaisir, faute de temps et sous la pression accumulée.

"C'est totalement inédit (la durée de cette grève). Et au risque de vous surprendre, on déteste faire grève, c'est pas quelque chose qui nous plaît. Nous, ce qu'on aime faire, c'est notre métier en paix, avec du sens et ce sens, on nous l'a retiré. Il y a un moment où l'on pousse tellement loin que, je dis pas qu'on remet en cause complètement la sécurité, mais il y a au moins une fatigue qui s'accumule tant pour les hommes que pour les machines."

Ce mardi, les syndicats ont repoussé la proposition d'augmentation de la direction, jugée "indécente". Ils ont jusqu'à vendredi midi pour tenter de trouver un accord.

Au total, le coût des grèves, en incluant les journées de mardi et mercredi, s'élèverait à 220 millions d'euros. La situation "met en péril l'avenir de la compagnie" selon la direction.

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