Aquarius : le règlement de Dublin en crise

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Par Loreline Merelle
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Interview avec Catherine Woollard, secrétaire générale du Conseil européen sur les réfugiés et exilés (ECRE)

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Les 629 migrants de l'Aquarius vont pouvoir débarquer. C'est la fin d'un contentieux européen qui a révélé la profondeur des divisions européennes sur la politique d'asile. En refusant d'accueillir le bateau humanitaire, l'Italie a remis au centre des préoccupations le règlement de Dublin, qui fait du premier pays d'arrivée le principal responsable de la demande d'asile du migrant.  

Nous avons interrogé Catherine Woollard, la secrétaire générale du Conseil sur les réfugiés et les exilés à ce sujet. Selon elle, cette affaire démontre les conséquences humanitaires du dysfonctionnement de la politique européenne de l'asile.  

Damon Embling, journaliste à Euronews. "Il y a de nouveaux gouvernements en Italie et en Espagne. En Italie, c'est un gouvernement anti-establishment, qui promet de sévir contre l'immigration clandestine. Quelles peuvent être les perspectives?

Catherine Woollard : "C'était un geste prévisible de la part du ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui a fait beaucoup de promesses sur la migration. Le débarquement est une de celles qui est entièrement sous son contrôle. Il a peut-être compromis ses efforts pour tenir ses autres promesses car elles dépendent de la coopération européenne comme la réforme du règlement de Dublin."

Beaucoup diraient que l'Italie a été submergée par les migrants. Alors, n'est-ce pas juste quand les gens se lèvent et disent : ça suffit ?

"Nous nous opposons fortement au racisme de l'actuel gouvernement italien. Cependant, l'Italie et la Grèce ont raison de dire que ce système est injuste puisqu'il met la responsabilité sur les seuls pays d'arrivées. Cela crée aussi un effet pervers car cela incite ces pays à maintenir des mauvaises conditions d'accueil et à ne rien faire pour encourager l'intégration."

L'UE a voulu partager équitablement les migrants entre les États-membres, sans succès. Qu'est-ce que Bruxelles doit faire maintenant?

"Je crains que nous ne voyons d'autres Etats-membres récolter les fruits de cette affaire. Avec d'autres, nous avions prédit la formation de ce genre de gouvernements anti-migration, qui puisent leur ressource dans l'injustice fondamentale du système de Dublin. C'est quelque chose qui a provoqué du ressentiment en Italie pendant de nombreuses années. Nous devons maintenant avoir une réforme plus profonde et plus juste du système d'asile européen."

Vous parlez de la réglementation de Dublin qui va être discutée lors du sommet européen de ce mois-ci. Qu'attendez-vous de la discussion entre les dirigeants européens? Qu'est-ce qui pourrait en sortir?

"Il est peu probable que nous ayons un accord à ce sommet. De notre côté, ce n'est pas nécessairement le pire des scénarios parce que les propositions sur la table ne répondent pas aux défauts fondamentaux de Dublin. À bien des égards, ce sont des mauvaises propositions qui viennent au mauvais moment. Nous devons maintenant passer à une réforme plus profonde et à d'autres mesures telles que l'ouverture de voies sûres et légales de protection à travers l'Europe, le respect de la législation européenne en matière d'asile et insister sur le fait que tous les pays d'Europe sont des pays d'asile."

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