Pourquoi Salvini a tort d'accuser Bruxelles du drame de Gênes

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Par Lillo Montalto Monella
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Le ministre de l'Intérieur a pointé du doigt le pacte budgétaire, qui empêche l'Italie de dépenser "pour les écoles et les routes". Sauf que...

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Il y a quelques mois, Emmanuel Macron dénonçait les dirigeants européens accusant systématiquement Bruxelles pour tout ce qui va mal chez eux.

"Accuser Bruxelles ou Strasbourg de tous les maux. Continuer à faire cela, c’est décider d’avoir un jeu de dupes qui sera peut-être plus confortable pour chacun d’entre nous mais qui nous conduira à ne résoudre aucun problème", disait-il devant le Parlement européen.

Quelques heures après l’effondrement mortel d’un pont à Gênes, le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini semblait choisir cette option, en déclarant :

"Alors que les contraintes européennes nous empêchent de dépenser de l'argent pour sécuriser les écoles de nos enfants et les routes qu'empruntent nos travailleurs, nous ferons tout pour la sécurité des Italiens."

Matteo Salvini, le chef du parti d'extrême droite la Ligue, faisait référence au pacte budgétaire de l'UE qui impose des restrictions sur les dépenses publiques des États membres, afin d'empêcher que limiter leur dette. L'Italie est l'un des pays les plus endettés de l'UE.

Alors, a-t-il raison ?

Pas vraiment, répond à Euronews Veronica Vecchi, professeure de gestion publique à l’Université Bocconi de Milan.

Elle indique que si la baisse des dépenses publiques est une réalité en Italie, c'est bien Rome qui a choisi sur qui elle les ferait peser. En l’occurrence, ce fût sur les régions en réduisant leur budget.

Selon le professeur Vecchi, cela a conduit les autorités locales à chercher à tout prix des liquidités, en rendant par exemple les partenariats public-privé plus attractifs.

Ainsi, c'est un accord conclu avec le secteur privé qui devrait être examiné à la lumière de la catastrophe de Gênes, a-t-elle ajouté.

Autostrade per l'Italia, entité du groupe d’infrastructure Atlantia, était responsable du contrat d’entretien du pont, vieux de 50 ans.

"Dans ce cas spécifique, il s’agit d’un contrat relevant du ministère de l’infrastructure", a-t-elle déclaré.

"Le vrai problème avec de tels contrats est la négociation de plans d'investissement avec les entrepreneurs. Le tarif fixé par Autostrade per l'Italia doit être suffisant pour couvrir la maintenance."

Autostrade affirme avoir effectué des contrôles réguliers et poussés de la structure et qu'elle n’avait décelé aucun problème. Cependant, le ministre italien des Transports a appelé à la démission de la direction de l'entreprise.

En réponses aux déclarations de M. Salvini, la Commission européenne a déclaré que l'Italie avait été l'un des principaux bénéficiaires de la flexibilité fiscale de Bruxelles, qui lui avait permise "d'investir et de dépenser beaucoup plus ces dernières années".

"Sur la période 2014-2020, l'Italie devrait recevoir environ 2,5 milliards d'euros au titre des Fonds structurels et d'investissement européens pour des investissements dans des infrastructures de réseau, telles que les routes ou le rail", a poursuivi le communiqué.

"En avril 2018, la Commission a également approuvé un plan d'investissement pour les autoroutes italiennes, qui permettra d'investir environ 8,5 milliards d'euros, y compris dans la région de Gênes".

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