Toujours pas de pardon de l'Allemagne pour son génocide en Namibie

Cérémonie Berlin : génocide de deux tribus en Namibie.
Cérémonie Berlin : génocide de deux tribus en Namibie.
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Par Joël Chatreau
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C'est un geste de réconciliation qui ne suffit pas pour les tribus Herero et Nama de Namibie. L'Allemagne, responsable du premier génocide du XXe siècle à leur encontre dans son ex-colonie africaine, a remis symboliquement des ossements de victimes à une délégation namibienne ce mercredi à Berlin.

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L'Allemagne n'a toujours pas demandé pardon officiellement pour ce qui est considéré comme le premier génocide du XXème siècle, qu'elle a perpétré dans son ancienne colonie, la Namibie, entre 1904 et 1908. Voici pourquoi les descendants des victimes, qui appartenaient à deux tribus, les Herero et les Nama, ne se satisfont pas pleinement de la cérémonie qui a eu lieu ce mercredi à Berlin. Des ossements, dont une vingtaine de crânes, ont été remis à une délégation namibienne conduite par la ministre de la Culture de ce pays du sud-ouest de l'Afrique, Katrina Hanse-Himarwa.

70 000 membres des ethnies Herero et Nama exterminés

Pour la fondation Ova Herero Genocide par exemple, l'événement aurait dû être le moment ou jamais pour les autorités allemandes de présenter enfin des excuses, afin de "guérir les blessures émotionnelles". L'Allemagne, dont la Namibie est restée une colonie de 1884 à 1915, a reconnu sa culpabilité dans l'extermination d'au moins 60 000 Herero et 10 000 Nama. En 2016, des négociations ont débuté entre les deux pays, afin de mettre au point une déclaration commune sur le génocide, mais les excuses officielles se font toujours attendre.

Le gouvernement allemand ne veut pas entendre parler de réparations financières, il met en avant les fortes compensations distribuées depuis presque trente ans aux Namibiens pour l'aide au développement. Seulement voilà, la population en profite en général mais pas vraiment les ethnies massacrées : les Herero ne représentent plus que 7% des habitants, contre 40% en 1900; les Nama sont encore moins nombreux.

Lothar von Trotha, général génocidaire

A la suite des révoltes successives des deux tribus, en 1904 puis en 1905, contre la puissance coloniale qui s'accaparait leurs terres, le général allemand Lothar von Trotha avait ordonné ni plus ni moins d'éliminer jusqu'au dernier de leurs membres. Aussitôt dit, aussitôt fait. Massacres de masse, hommes, femmes, enfants, sans pitié... Les survivants pourchassés, qui meurent de soif par dizaines de milliers dans le désert du Kalahari... Et pour les achever, des camps de concentration comme celui de Shark Island.

On ne le sait pas assez. Dans le camp de Shark Island furent menées des expériences dites scientifiques qui inspireront plus tard les bourreaux nazis. Il s'agissait là de tenter de prouver la "supériorité" des Blancs sur les Noirs. Des centaines de crânes de prisonniers suppliciés furent envoyés en Allemagne pour être examinés. Adolf Hitler notamment lira avec attention les conclusions du médecin tortionnaire Eugen Fischer.

Dans l'attente désespérée d'une demande de pardon, cela valait bien une plainte contre l'Allemagne pour génocide, déposée par des représentants des Herero et des Nama devant un tribunal de New York. Fin juillet dernier, Berlin a tenté de faire annuler cette procédure judiciaire, les juges américains n'ont pas encore tranché.

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