Génocide des Tutsi : Heineken mis en cause par un journaliste néerlandais

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Tous droits réservés Marc Bouchage
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Par Marc BouchageDelphine Réau
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Dans son livre "Heineken en Afrique", le journaliste néerlandais Olivier van Beemen met en cause les activités de la multinationale lors du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Des accusations rejetées par Heineken.

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Quel rôle a joué Heineken lors du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 ?

Une partie de la réponse à cette question se trouve dans l'ouvrage "Heineken en Afrique" sorti en France jeudi 30 août et qui dénonce les méthodes de la multinationale sur le continent africain.

Dans ce livre, dont Mediapart a publié les bonnes feuilles dans un article, le journaliste néerlandais Olivier van Beemen consacre notamment un chapitre sur les activités de la firme au Rwanda où elle possède une filiale du nom de Bralirwa.

En 1994, alors que le génocide des Tutsi débute et que les corps des 800 000 victimes commencent à joncher le sol, Heineken continue la production de bière. Elle sera utilisée par les génocidaires pour motiver les tueurs pendant les trois mois que dureront les massacres.

Suspendre la production ? Impensable pour le groupe comme le rappelle dans son livre le journaliste qui cite la déclaration à l'époque d'une porte-parole de Heineken : « Tant qu’il y a de la demande et que nous pouvons produire, ça ne me semble pas à l’ordre du jour ».

Une source interne à Bralirwa confirme à l'écrivain que jusqu’à la fin du génocide, la brasserie restera fidèle aux autorités rwandaises :« En ce temps-là, nous appelions Bralirwa le grand frère du gouvernement. Même pendant le génocide, ils continuèrent à payer des impôts. Si Heineken avait fermé la brasserie, les tueurs auraient essuyé un revers. Ça n’aurait pas fait cesser les meurtres, mais l’entreprise aurait pu avoir une influence. »

Contacté par euronews, Heineken rejette les accusations : « Les allégations concernant le Rwanda sont extrêmement graves et inacceptables. HEINEKEN n’a joué aucun rôle dans le génocide rwandais. Le génocide rwandais a été un drame absolu pour le pays et sa population et HEINEKEN est extrêmement choqué d’y être associé dans ce livre. »

L'intégralité du communiqué de presse en français est à lire ci-dessous :

Réaction d’HEINEKEN à l‘article Mediapart sur le livre “Heineken en Afrique” Jeudi 30 août 2018

Le livre Heineken en Afrique – Une multinationale décomplexée, écrit par le journaliste néerlandais Olivier van Beemen, formule un certain nombre d’affirmations concernant nos activités en Afrique.

Les allégations concernant le Rwanda sont extrêmement graves et inacceptables. HEINEKEN n’a joué aucun rôle dans le génocide rwandais. Le génocide rwandais a été un drame absolu pour le pays et sa population et HEINEKEN est extrêmement choqué d’y être associé dans ce livre.

Lorsque le génocide a débuté au Rwanda, notre directeur général était à l’étranger tandis que le reste de l’équipe de direction a été contraint de se cacher ou de quitter le pays pour assurer sa protection.

Le siège et l’usine de boissons non alcoolisées de la capitale Kigali, qui ont été en partie détruits et pillés, ont été fermés dès le début de ces événements tragiques.

À Gisenyi, dans l’ouest du pays, la direction a par ailleurs perdu le contrôle de la brasserie. Cette dernière a alors été gérée par une équipe dont le dirigeant a fui le pays une fois la paix rétablie. Cette personne est aujourd’hui encore poursuivie pour complicité de génocide. Durant cette période, HEINEKEN n’a fait aucune livraison, à la brasserie de Gisenyi, de levure ou d’orge indispensables à la fabrication de la bière, aucune pièce de rechange, aucun support technique ni financier.

De nombreuses allégations portées dans le livre se fondent sur des rumeurs et des propos sortis de leur contexte, faisant référence à des événements datant parfois de plusieurs dizaines d’années.

Au-delà du Rwanda, sur l’ensemble de l’ouvrage, HEINEKEN ne s’identifie absolument pas à l’image véhiculée par l’auteur.

Juste avant l'impression de l'édition néerlandaise du livre, le journaliste explique que le groupe avait plaidé auprès de lui pour une perte de contrôle de la brasserie tombée au mains des extrémistes : «Nous maintenons qu’à l’époque du génocide, en raison de la grande panique et du chaos régnant dans le pays et la région, la brasserie de Gisenyi n’était pas sous le contrôle de Heineken. »

Toujours selon le journaliste, la firme lui aurait néanmoins concédé à ce moment-là que pendant le génocide « deux membres de la direction de Bralirwa se trouvaient à Goma, juste de l’autre côté de la frontière (au Zaïre, aujourd'hui la République démocratique du Congo, NDLR), et qu’il y avait un contact avec la brasserie. »

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