François Legault, un ex-homme d'affaires pragmatique aux commandes du Québec

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Ancien ministre indépendantiste rallié à un nationalisme modéré, l'ancien homme d'affaires François Legault, futur Premier ministre du Québec, a réussi son pari d'imposer une "troisième voie" politique malgré des positions controversées sur l'immigration.

"Aujourd'hui on a marqué l'histoire", a triomphé M. Legault, 61 ans, après la nette victoire du parti qu'il a fondé en 2011, la Coalition Avenir Québec (CAQ), aux élections législatives du Québec lundi soir.

Ni indépendantiste ni fédéraliste, l'ancien homme d'affaires multimillionnaire, fondateur de la compagnie aérienne Air Transat, a fait campagne sur le thème du "changement" et se veut l'incarnation d'une "troisième voie".

Pragmatique plus qu'idéologue, cet ancien comptable revendique une approche "business" de la politique et des valeurs nationalistes: moins d'Etat, une meilleure gestion des finances publiques et une plus grande autonomie du Québec.

Il prône également une plus grande fermeté sur l'immigration, qui menace selon lui la langue française au Québec. Il propose de réduire de plus de 20% le nombre d'immigrants et réfugiés accueillis chaque année, et de faire passer des tests de "valeurs québécoises" et de français aux immigrés après trois ans de séjour dans la province. S'ils échouent, M. Legault menace de les expulser... avant de reconnaître qu'il n'en aura pas le pouvoir au niveau provincial.

Ces propositions lui valent les critiques de ses rivaux ou de ses détracteurs, qui l'accusent d'une dérive populiste parfois comparée à celle de l'extrême-droite en Europe. M. Legault s'en défend, rétorque qu'il veut au contraire "bien accueillir" les immigrants, dans une province qui connaît quasiment le plein emploi et ne peut se passer de cette main-d'oeuvre.

"Je crois qu'à 40.000, le Québec va continuer d'accueillir, toute proportion gardée, plus d'immigrants que les Etats-Unis ou la France", a-t-il fait valoir mardi lors de sa première conférence de presse de Premier ministre élu.

Issu d'un milieu modeste, comptable de formation, François Legault a cofondé la compagnie aérienne Air Transat en 1986. Il en claque la porte une dizaine d'années plus tard, revend ses parts et devient millionnaire à moins de 40 ans.

- Dynamiter la traditionnelle alternance -

Il est très vite happé par la politique, rejoint les rangs du Parti québécois (indépendantiste), devient ministre de l'Industrie en 1998, puis ministre de l'Education et de la Santé.

En 2009, il claque la porte du "PQ", persuadé que les Québécois veulent entendre parler d'économie, de santé plutôt que d'indépendance.

Deux ans de réflexion plus tard, il fonde la Coalition Avenir Québec, coalition nationaliste hétéroclite située à droite, qui veut incarner le "changement" tout en maintenant la province dans la fédération. Elle va réunir aussi bien des déçus de la cause indépendantiste ou ceux du parti libéral de Philippe Couillard, de la famille politique de Justin Trudeau.

Lundi soir, après deux échecs en 2012 et 2014, M. Legault a gagné son pari: dynamiter la traditionnelle alternance indépendantistes/fédérales qui rythme la vie politique québécoise depuis un demi-siècle. Son parti obtient une large majorité. M. Legault dirigera le prochain gouvernement.

Ceux qui l'ont connu ou approché brossent de lui un portrait mitigé: travailleur infatigable, rassembleur, fidèle en amitié mais impitoyable en affaires, orgueilleux, colérique, imprévisible.

"C'est un grand bosseur, rigoureux, mais il est influençable et donc imprévisible, il peut changer son fusil d'épaule à la dernière minute", témoigne pour l'AFP l'un de ses anciens conseillers politiques, qui a souhaité rester anonyme. "Il est très fidèle en amitié mais pas très fidèle en affaires".

Dans son discours de victoire lundi, François Legault a promis "un gouvernement avec le coeur à la bonne place et les deux pieds sur terre". Et mardi matin, il a promis de "rassembler les Québécois" autour de trois priorités bien concrètes: économie, éducation, santé.

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