Antigel et passe-montagne: l'Otan s'entraîne au combat par grand froid

Antigel et passe-montagne: l'Otan s'entraîne au combat par grand froid
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"C'est la deuxième fois de ma vie que je vois la neige, autant dire que c'est une expérience particulière". Natif de Floride -surnommée l'"État ensoleillé"-, le tankiste est un poil dépaysé sur ces hauteurs en passe de revêtir leur manteau d'hiver.

Comme des milliers d'autres US Marines, Josye Martinez a gagné des latitudes quasi-arctiques en Norvège pour s'entraîner au combat par grand froid, un savoir-faire redevenu en cour à cause des tensions dans la région.

"Quand j'ai atterri en Norvège, j'ai eu vraiment froid, mon corps était sous le choc", confie le soldat première classe, juché sur la tourelle de son char Abrams. "Mais, avec le temps, je m'y suis fait".

Du 25 octobre au 7 novembre, l'Otan conduit dans le pays scandinave les plus grosses manoeuvres militaires depuis la fin de la Guerre froide. Le scénario: porter secours à un État-membre agressé par un tiers.

Inquiet du comportement "imprévisible" de la Russie voisine, surtout depuis la crise ukrainienne en 2014, Oslo a insisté pour accueillir l'exercice Trident Juncture 18 qui rassemble quelque 50.000 soldats, 65 navires et 250 aéronefs.

Signe que les tensions sont réelles, Moscou, qui avait promis une "riposte", a décidé de jouer les trouble-fête en annonçant des tests de missiles dans les eaux internationales où se tient une partie de l'exercice.

- Choc thermique -

A terre, la "bataille d'Oppdal" met fictivement aux prises des Marines à des troupes espagnoles et italiennes. Au total, 5.000 soldats peu accoutumés au froid et qui se disputent le contrôle d'un aérodrome dans le centre du pays.

Pour les équipages d'Abrams venus de Caroline du Nord et plus entraînés à manœuvrer dans le désert, opérer un monstre d'une soixantaine de tonnes dans la neige et sur la glace relève du défi.

"Le pilote doit être vraiment sur ses gardes parce qu'on ne peut pas toujours s'arrêter quand on veut", explique Joaquin Medina, chargeur de munitions à bord du char, dont le camouflage couleur sable tranche avec la blancheur environnante.

"Il y a deux jours, c'était très enneigé et très glissant, nos chenilles étaient comme en roue libre. On a essayé de s'arrêter, mais le tank continuait d'avancer. On essayait de tourner mais impossible de le faire", dit-il.

Sur le "champ de bataille", le thermomètre est ce jour-là plutôt clément pour la saison: 6°C dans l'air, -1°C en ressenti.

Mais ça reste excessivement frisquet pour les troupes. Certains se postent derrière les Abrams pour se réchauffer à la sortie d'air de leur moteur.

"C'est quelque chose à quoi beaucoup ne sont pas habitués", souligne Janar Ploompuu, du 2nd Bataillon de reconnaissance blindée.

"Beaucoup viennent d'États du Sud, de Californie où il ne fait généralement jamais moins de 70°F (20°C)", dit-il, entouré de fantassins emmitouflés et chaussés d'épaisses bottes blanches en caoutchouc.

- Loin du soleil de Cordoue -

La mécanique aussi est mise à rude épreuve. Veiller à ce que les systèmes hydrauliques ne gèlent pas est une nécessité absolue.

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Dans le camp d'en face, on s'acclimate aussi tant bien que mal aux rudes conditions locales.

Le bataillon mécanisé Lepanto du régiment La Reina, d'ordinaire stationné à Cordoue dans le sud hyper ensoleillé de l'Espagne, vient de subir des températures de -20°C dans le pays qu'il est venu défendre.

"Nous nous sommes entraînés dans les Pyrénées", indique son chef, le lieutenant-colonel Gabriel Villalonga.

"Nous avons appris la conduite sur neige, nous avons cherché conseil auprès de notre école militaire de montagne et on nous a appris à vivre et se déplacer dans de telles conditions", ajoute-t-il.

Des enseignements qui pourraient bien aussi servir pour la suite.

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Déjà, les Marines ont décidé de déployer par rotation quelque 700 des leurs en Norvège, indépendamment de Trident Juncture, pour les aguerrir aux combats par grand froid. Plusieurs armées européennes leur ont emboîté le pas.

"Nous sommes prêts à défendre n'importe quel pays de l'Otan ou n'importe quel pays qui aurait besoin de notre aide", assure le lieutenant-colonel Villalonga, bravant le froid alors que ses hommes sont réfugiés dans le chaud relatif de leurs véhicules.

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