Haïti sous tension, le président réaffirme sa légitimité et appelle au calme

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Le président haïtien Jovenel Moïse a réaffirmé mercredi soir sa légitimité, contestée par la rue, dans une allocution télévisée constituant sa première prise de parole depuis les manifestations de l'opposition qui réclamaient sa démission et ont été suivies par trois jours de grève générale.

"Pendant les cinq ans de ma présidence, personne, je dis bien personne, quel que soit le prétexte, ne peut menacer les intérêts du pays, ni mettre la nation en danger" a déclaré Jovenel Moïse, au pouvoir depuis février 2017.

Entouré de son Premier ministre Jean-Henry Céant, des ministres de l'Intérieur et de la Justice ainsi que du haut commandement de la police nationale d'Haïti (PNH), Jovenel Moïse a appelé au dialogue et au calme.

"Je demande au Premier ministre de rencontrer tout le monde, de toute tendance, comme je l'ai toujours fait. Le dialogue doit ramasser toutes les couches de la société, dans le respect de la Constitution" a ajouté le président haïtien dans son discours en créole d'une durée de 6 minutes.

-"La Constitution l'exige"-

"La démocratie demande pour que les règles du jeu soient respectées comme la Constitution l'exige" a-t-il rappelé avec vigueur dans ce discours diffusé sur la télévision d'État.

Cette prise de parole avait préalablement été annoncée pour mardi soir, mais seul un message d'excuse avait défilé sur les écrans pour annoncer son report.

Ce raté en communication a été largement critiqué sur les réseaux sociaux, certains citoyens refusant de croire à un problème technique, d'autres déplorant une incompétence de la présidence.

La déclaration du chef de l'État, constitue sa première prise de parole depuis les grandes mobilisations citoyennes de dimanche à travers les principales villes haïtiennes.

Trois personnes ont été tuées par balle au cours de ces manifestations, selon la police nationale d'Haïti, alors que l'opposition évoque un bilan de 11 tués sur l'ensemble du pays.

Depuis, écoles, commerces et entreprises privées sont majoritairement restés fermés dans les principales villes suite à un appel à la grève générale lancé par l'opposition.

-"Trop de sang a coulé"-

Dans l'après-midi mercredi, la circulation reprenait timidement dans la capitale Port-au-Prince, d'ordinaire encombrée d'embouteillages. Quelques marchands informels avaient repris leur place sans trouver leur clientèle habituelle, car peu d'habitants se risquaient encore à sortir dans la rue pour vaquer à leurs activités.

"C'est seulement quand les rues sont vides que les politiciens commencent à voir qu'il y a un problème", se désole Alix Bernardin, 27 ans, qui habite un quartier populaire de la capitale. "Trop de sang a coulé dans le pays, il faut que (le président) Jovenel parte."

"On n'en peut plus de vivre comme ça, frustrés, parce qu'on sait bien comment les gens vivent à l'étranger. Nous, on n'a pas d'eau potable, d'hôpital, de logement", témoigne Jean Junior, 30 ans, estimant que le président ne fait que "des promesses qu'il ne tient pas".

Depuis 48 heures, la présence policière est notable sur les principaux axes et les grands carrefours de la capitale, même si les quartiers populaires du centre-ville restent le plus souvent paralysés par des barricades.

Arguant que la situation échappe au contrôle de Jovenel Moïse, divers groupes d'opposition formulent des propositions de sortie de crise impliquant le départ du président, sans parvenir à former une coalition.

Depuis cet été, les manifestations se multiplient pour réclamer que des comptes soient rendus dans le dossier Petrocaribe, un programme initié par l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez qui permet à plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes d'acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux.

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Face à une pauvreté grandissante, le mouvement citoyen "Petrocaribe Challenge" a été lancé en août sur les réseaux sociaux pour demander comment l'argent prêté par le Venezuela a été dépensé.

En 2016 et 2017, deux enquêtes du Sénat haïtien sur le mauvais usage de près de deux milliards de dollars de ce fonds avaient épinglé une douzaine d'anciens ministres, du parti actuellement au pouvoir, mais jamais ces rapports n'ont été suivis de poursuites judiciaires.

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