Le DUP nord-irlandais, l'allié qui pourrait se retourner contre Theresa May

Arlene Foster la leader du DUP à Dublin, le 15 novembre 2018
Arlene Foster la leader du DUP à Dublin, le 15 novembre 2018 Tous droits réservés Paul FAITH
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L'archi-conservateur Parti unioniste démocrate (DUP) d'Irlande du Nord, qui se réunit en congrès samedi à Belfast, est un allié essentiel de la Première ministre britannique Theresa May, et pourrait user de sa position pour faire capoter l'accord sur le Brexit.

La formation refuse toute disposition qui distinguerait l'Irlande du Nord du reste du Royaume-Uni.

Or l'accord de retrait qui doit être entériné dimanche par les dirigeants européens à Bruxelles prévoit, à l'issue de la période de transition qui court jusqu'en décembre 2020, et si les discussions sur la future relation commerciale entre les deux parties n'ont pas aboutie d'ici là, un alignement temporaire de l'Irlande du Nord sur les règles européennes. Cette disposition, désignée par le terme "filet de sécurité" ("backstop" en anglais), doit éviter le retour d'une frontière physique avec la république d'Irlande voisine mais elle est rejetée en bloc par le DUP.

"L'intégrité économique et constitutionnelle du Royaume-Uni ne saurait être compromise en aucun cas", a tonné la dirigeante du parti, Arlene Foster, qui a demandé au gouvernement britannique de "repenser" l'accord, en menaçant de possibles "conséquences" politiques.

Le parti pourrait peser de tout son poids lors de la ratification du texte au Parlement britannique, en décembre. Il a déjà envoyé un avertissement cette semaine en s'abstenant voter plusieurs amendements au projet de loi de finances.

Car si le DUP ne dispose que de 10 députés à la Chambre des Communes, ceux-ci constituent la force d'appoint indispensable à Mme May pour continuer à gouverner, son Parti conservateur ayant perdu sa majorité absolue lors des élections législatives de 2017.

Un soutien monnayé contre une rallonge budgétaire initiale d'un milliard de livres (1,1 milliard d'euros) pour l'Irlande du Nord.

L'alliance a fait grincer des dents y compris au sein des Tories, inquiets à l'idée que les positions radicales du DUP ternissent leur image.

- "Adam et Eve" -

Créé en 1971, en plein conflit nord-irlandais, par le pasteur fondamentaliste Ian Paisley, le DUP s'oppose systématiquement à l'avortement, interdit en Irlande du Nord sauf en cas de danger de mort pour la mère, et au mariage homosexuel, autorisé partout ailleurs au Royaume-Uni.

"Dans le jardin d'Eden, il y avait Adam et Eve, pas Adam et Steve", déclarait en 2013 un de ses députés, David Simpson, à la Chambre des Communes.

Des élus ou ex-élus du DUP, adeptes de courants créationnistes comme la Caleb Foundation, se sont aussi prononcés pour la peine de mort et ont mis en doute le changement climatique.

Premier parti d'Irlande du Nord, le DUP a perdu du terrain lors des élections régionales de 2017 au profit du Sinn Féin, son grand rival qui prône lui l'unification de l'île.

Même s'ils poursuivent des objectifs diamétralement opposés, ces deux partis sont obligés de s'entendre pour former un gouvernement de coalition imposé par les accords de paix de 1998. Ceux-ci avaient mis fin à un conflit de trente ans entre catholiques nationalistes et protestants unionistes qui a fait plus de 3.000 morts.

Si le DUP s'était opposé à ces accords de paix, qui furent largement adoptés par référendum, il a depuis modéré son radicalisme anticatholique. Mais les sujets de désaccords restent nombreux et il refuse toujours la reconnaissance officielle de la langue irlandaise au côté de l'anglais comme le réclame le Sinn Féin.

Mais c'est sans doute sur le Brexit que l'opposition est la plus frontale. Le DUP a fait campagne pour une sortie de l'UE alors que le Sinn Féin a milité contre.

Le gouvernement de coalition a d'ailleurs explosé en janvier 2017, sur fond d'accusations à l'encontre d'Arlene Foster sur la gestion d'un programme de subventions aux énergies renouvelables.

Les deux partis poursuivent depuis lors d'interminables négociations pour former une nouvelle coalition mais celles-ci n'ont toujours pas abouti, laissant l'Irlande du Nord sans exécutif depuis près de deux ans.

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