Pourquoi Macron, sans vrai virage social, risque de tourner en rond

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Par Joël Chatreau
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La prestation d'Emmanuel Macron n'a guère convaincu la plus grande partie des "gilets jaunes". Plusieurs analystes l'expliquent notamment par le manque d'ambition des mesures annoncées par le président français. Selon eux, il n'a pas amorcé un "vrai virage social". Voyons pourquoi :

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Emmanuel Macron a passé son grand oral, 13 minutes de discours face aux Français, mais cela ne va pas suffire à régler la plus grave crise politique à laquelle il fait face depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Les annonces du président français sont perçues comme des demi-mesures par plusieurs analystes, et sa prestation n'a guère convaincu la plus grosse majorité des "gilets jaunes". "Beaucoup d'annonces semblent objectivement bricolées", estime par exemple Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique. Jean-Daniel Levy, de l'institut de sondages Harris Interactive, remarque pour sa part que le chef de l'Etat n'a pas effectué "un vrai virage social" mais a plutôt fait "des gestes sociaux".

Emmanuel Macron a effectivement voulu donner des gages mais sans effrayer les milieux économiques. Les questions qui se posent maintenant sont : à partir de quand ces mesures vont-elles réellement être mises en route ? Et comment seront-elles financées ?

L'augmentation de 100 euros par mois pour les salariés au Smic, l'exonération de la hausse de la CSG pour les retraités qui gagnent moins de 2 000 euros mensuels ou les heures supplémentaires payées sans impôts ni charges coûteront en tout entre 8 et 10 milliards d'euros, a chiffré Olivier Dussopt, le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Comptes publics, avouant qu'il faut encore voir comment va s'effectuer leur financement.

Un Smic à 1 210 euros net en janvier

Ce que l'on sait, c'est que la mesure présentée comme phare, le gain pour les salariés au Smic, sera financée par l'Etat. Elle devrait surtout reposer sur une accélération de la hausse de la prime d'activité, revalorisée de 80 euros dès 2019. Le salaire minimum est actuellement de 1 498,47 euros brut par mois, soit 1 184,93 euros net. Avec cette revalorisation, a promis la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, il devrait passer à 1 210 euros net en janvier

"Un peu de marge" pour le budget de l'Etat

C'est aussi l'Etat qui devra payer l'arrêt de la hausse de la CSG pour certains retraités, plus la défiscalisation des heures supplémentaires. Le coût de cette dernière, en 2017, avait été estimé à 1,5 milliard d'euros de manque à gagner pour l'impôt sur le revenu. La France a "un peu de marge" budgétaire, indique le gouvernement, promettant de ne pas mettre en danger la maîtrise de la dépense publique. La crise va déjà faire perdre 0,1 point de croissance au pays au quatrième trimestre, a prévenu le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Impossible de verser une prime pour certaines PME

Le président français souhaite que les entreprises versent une prime de fin d'année à leurs salariés, sans impôts, sans charges. C'est oublier le très mauvais contexte économique, que s'empressent de lui rappeler les représentants du patronat. "Malheureusement, beaucoup d'entreprises ne seront pas en mesure de verser une prime", avertit François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. "Une entreprise ne peut pas verser ce qu'elle n'a pas gagné, c'est comme un foyer, c'est pareil", précise-t-il.

Touche pas à mon Impôt sur la fortune !

Au grand dam des "gilets jaunes", d'une grande partie de l'opposition et des syndicats, les décisions prises par Emmanuel Macron ne pèsent absolument pas sur les citoyens les plus fortunés et sur les grands groupes. Le président n'en démord pas, il ne veut pas rétablir l'Impôt sur la fortune (ISF) qu'il avait aboli dès le début de son mandat. Pourtant, la majorité des "gilets jaunes", et plus généralement une bonne partie des Français, continuent de vivre cela comme une injustice.

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