Grève massive dans le secteur public en Tunisie

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Transports, écoles et administrations ont été paralysés jeudi en Tunisie par une grève générale massive dans les services publics à l'appel de la puissante centrale syndicale UGTT, dans un contexte politique tendu en ce début d'année électorale.

"Dégage, gouvernement du FMI", ou encore "Chahed, lâche, le peuple tunisien n'accepte pas l'humiliation", ont scandé des manifestants, reprochant au Premier ministre Youssef Chahed de céder aux directives du Fonds monétaire international (FMI).

Certains ont brandi des portraits de la directrice du Fonds, Christine Lagarde, barrés d'une croix rouge.

Le pays, lourdement endetté auprès de bailleurs étrangers, a obtenu en 2016 du FMI un prêt de 2,4 milliards d'euros sur quatre ans, en promettant de mener de vastes réformes et de diminuer le poids de la fonction publique dans le Produit intérieur brut (PIB) --les gouvernements successifs ont massivement recruté après la révolution de 2011 pour atténuer la colère sociale.

A travers le pays, écoles et universités sont restées fermées, les transports en commun ont été paralysés et l'aéroport de Tunis quasiment à l'arrêt, en dépit d'un décret gouvernemental publié in extremis mercredi exigeant un service minimum.

De nombreux vols ont également été annulés ou repoussés dans d'autres aéroports du pays, notamment à Djerba (sud-est) très prisée des touristes.

- Un quart de la population active -

L'UGTT avait appelé à une grève de 24 heures des 677.000 fonctionnaires et 350.000 employés des entreprises publiques, soit un million de personnes, représentant près d'un quart de la population active tunisienne.

Selon une source au sein du syndicat, la grève, qui s'achève à minuit, a été suivie à plus de 90%.

A Sfax, deuxième ville du pays, des manifestants ont également défilé par milliers, a constaté un correspondant de l'AFP.

Devant la foule rassemblée au siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) à Tunis, le secrétaire général Noureddine Taboubi s'est montré très offensif envers le gouvernement.

"L'UGTT s'opposera aux choix libéraux voués à l'échec", a-t-il lancé. "Ils ont attaqué la santé. Ils ont attaqué l'éducation. Ils ont attaqué le transport. Ils ont attaqué tous les secteurs stratégiques", a-t-il poursuivi, appelant à poursuivre le combat pour "défendre la Tunisie (...) et sa capacité à mener une politique indépendante".

Le syndicat réclame des augmentations de salaires plus importantes que les 130 à 180 dinars (40 à 55 euros) étalés sur deux ans proposés par le gouvernement, pour contrer la baisse du pouvoir d'achat due à l'inflation, qui a atteint 7,5% en 2018.

Le salaire brut moyen d'un fonctionnaire est de 1.580 dinars (500 euros) selon le dernier rapport officiel pour 2016.

- "Course-poursuite" -

Le Premier ministre a assuré à la télévision mercredi soir, que les finances publiques ne permettaient pas d'accepter les demandes de l'UGTT, ajoutant que le dialogue se poursuivrait après la grève.

Pour l'économiste Ezzedine Saïdane, la situation résulte d'une "absence de vision globale" à long terme et de réformes économiques. Il déplore des négociations entamées après le vote du budget, et estime qu'au lieu d'"une course-poursuite au salaire", il faudrait "un programme de réformes structurelles de l'économie, pour limiter l'inflation, relancer une croissance créatrice d'emplois".

L'UGTT doit décider samedi de la suite du mouvement.

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"La mobilisation est plutôt réussie, le discours très offensif ne présage pas de suites favorables", souligne le politologue Selim Kharrat. "Il pourrait y avoir un conflit plus long et plus douloureux, le gouvernement ne doit pas ignorer l'ampleur de la mobilisation", a-t-il ajouté.

La grève de jeudi est la première à rassembler la fonction publique et les entreprises publiques.

Une grève des fonctionnaires avait été très suivie en novembre dernier, d'une ampleur inédite depuis deux grèves générales en 2013 en réaction aux assassinats de deux opposants.

Ces mobilisations interviennent alors que le débat politique s'est crispé ces derniers mois à l'approche des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019, dans lesquelles l'UGTT souhaite peser.

Malgré les avancées démocratiques après la chute de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, et une reprise fragile de la croissance après des années de marasme, la Tunisie peine à répondre aux attentes sociales.

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Le chômage se maintient au-dessus de 15%, et la dépréciation du dinar s'est traduite par une inflation désastreuse dans un pays où le salaire minimum est en deça de 400 dinars (120 euros).

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