Tennis: les "court-siders", ces indésirables des gradins

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Ils tentent de passer incognito, dans les gradins ou près des courts de tennis, un portable vissé à la main. Ceux qu'on appelle les "court-siders", rouages incontournables des paris en ligne, écument tous les tournois de la planète, mais pas pour l'amour du jeu.

Silencieux, discrets, ces spectateurs d'un nouveau genre sont parfois même les seuls à traîner près des terrains à regarder des rencontres entre deux inconnus dans des tournois "Futures", la dernière division mondiale du tennis, ou bien dans des "Challengers", un peu mieux dotés. Mais ils ne sont pas là pour leur passion pour le sport. Ils travaillent.

"Ces personnes écument les tournois pour envoyer le plus vite possible à l'étranger les résultats des matches, avant que la Fédération internationale (ITF) ne les enregistre", explique un spécialiste du dossier. Ils alimentent ainsi l'industrie des paris en ligne en fournissant du "live-scoring" en express. Un job assez simple, rémunéré près de "2000 euros la semaine" selon une source policière.

Leur statut, en revanche, l'est beaucoup moins. Car ces "courts-siders" approvisionnent à la fois "des escrocs qui vont parier sur des matches quelques secondes avant que l'ITF ait le temps de les enregistrer, mais aussi des opérateurs qui ont besoin de statistiques", explique Corentin Segalen, responsable des relations institutionnelles à l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel). Un statut hybride, légal sans vraiment l'être.

- Un jeu sans fin -

Ces court-siders ne font théoriquement rien d'illégal. En tout cas en France, où ils sont juste sous surveillance. L'Australie a elle réglé le problème en faisant du "court-siding" une infraction pénale, ce que réclament certains en France. "Sauf que criminaliser le court-siding, ce n'est pas simple à mettre en place juridiquement", estime Corentin Segalen.

Les organisateurs de tournois doivent donc se débrouiller avec ça: les repérer, prévenir l'ITF et la Tennis Integrity Unit (ITU), sorte de police mondiale du tennis, et éventuellement leur demander de partir. Mais rien de plus. "Il ne faut surtout pas faire plus, on n'a pas le droit", prévient Alain Moreau, vice-président de la Fédération française de tennis (FFT).

Le jeu du chat et de la souris semble sans fin. La FFT, qui a décidé de leur faire la chasse, a fait placarder dans ces tournois un règlement interdisant l'usage abusif du téléphone dans les gradins. Mais une fois repérés par les organisateurs, comme à Bressuire (Deux-Sèvres) en janvier où sept d'entre eux se sont vite fait attraper, ils ne risquent rien. Et finissent par revenir. "Ils ne font rien d'illégal, c'est compliqué", reconnaît le directeur du tournoi de Bressuire, Pierre-Jean Drouillard.

- "On en voit partout" -

"On en voit partout, dans tous les tournois où on joue. Ils se font souvent virer des courts, mais ils ne nous dérangent pas", explique un modeste joueur français croisé à Veigy-Foncenex (Haute-Savoie) où se dispute un "Futures". Parfois, ces "court-siders" peuvent aussi servir de relais à des réseaux mafieux et tentent d'approcher les joueurs pour leur proposer de l'argent pour manipuler un match. "Mais ce sont deux choses différentes", précise bien Corentin Segalen.

Leur présence semble en tout cas compliquée à gérer pour les directeurs de tournois. Des badges ont été mis en place en France par la FFT pour tenter de minimiser leur zone d'influence.

Mais rien n'empêche un "court-sider" de prendre un billet. "On sécurise le plus possible", lâche le directeur du tournoi de Veigy-Foncenex (Haute-Savoie), Lionel Kupper, un peu plus épargné par le problème car le club est privé, donc moins accessible.

"C'est simple, si on veut se débarrasser des court-siders, il faut que l'ITF cesse de vendre des données en direct", tranche Corentin Segalen. Ce que recommande aussi le panel chargé de statuer sur l'état du tennis dans son rapport publié fin 2018. Une mesure qui règlerait le sort de ces indésirables.

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