Entre Russie et UE, la Moldavie sans majorité après les législatives

Entre Russie et UE, la Moldavie sans majorité après les législatives
Par AFP
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Partagés entre virage pro-européen et rapprochement avec Moscou, les Moldaves ont élu un Parlement dominé par des prorusses mais sans majorité claire, laissant entrevoir de difficiles tractations, voire de nouvelles élections.

Au lendemain d'un vote entaché, selon les observateurs, de "fortes indications d'achats de voix", les résultats quasi-définitifs rendus publics lundi par la Commission électorale reflètent les divisions qui affectent depuis des années cette très pauvre ex-république soviétique nichée entre l'Ukraine et la Roumanie.

Cinq ans après la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne, c'est le Parti socialiste du président Igor Dodon, très favorable au dirigeant russe Vladimir Poutine, qui est arrivé en tête avec 31,2% des voix et 35 députés sur 101.

Dominant le Parlement sortant, le Parti démocrate du richissime Vlad Plahotniuc n'est arrivé que troisième avec 23,7% mais, compte-tenu des résultats des scrutins locaux (qui sont panachés avec ceux du vote à la proportionnelle), il obtient le deuxième groupe avec 30 députés.

Arrivée en deuxième position avec 26,7% des voix, l'alliance pro-européenne ACUM doit être représentée par 26 élus. Le parti de l'homme d'affaires Ilan Shor, condamné dans le cadre d'une gigantesque fraude portant sur un milliard de dollars, aura aussi des sièges au Parlement avec 8,3% des voix.

Aucun parti n'obtient donc la majorité absolue pour déterminer l'orientation que prendra ce pays traversé depuis des années par des crises politiques à répétition.

Beaucoup des 3,5 millions d'habitants souhaitent le maintien de relations étroites avec Moscou et ont porté à la présidence en 2016 Igor Dodon. D'autres, dont des membres du gouvernement actuel, veulent suivre l'exemple de la Roumanie, avec laquelle la Moldavie partage une longue histoire ainsi qu'une langue commune, et tournent leurs regards vers l'UE.

- Nouvelles élections "pas exclues" -

Dans le cas où les partis ne parviendraient pas à former une coalition, le président Igor Dodon a évoqué la possibilité de nouvelles élections "au début de l'été ou fin juin". "Si (une majorité) se compose d'un seul parti avec des transfuges d'autres partis, alors il vaut mieux organiser tout de suite des élections anticipées", a-t-il averti.

Son parti a d'ores et déjà annoncé vouloir contester les résultats au vu des "fraudes grossières".

Tout en saluant "une réelle concurrence", les observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont dénoncé de "fortes indications d'achats de voix et d'abus des ressources de l'Etat", citant par exemple des cars entiers d'électeurs acheminés de la région séparatiste de Transnistrie.

Leur rapport souligne également le "contrôle des médias par des acteurs politiques" et la "confusion" apportée par le changement du système électoral, qui alliait pour la première fois proportionnelle et scrutins locaux.

Andreï Nastase et Maïa Sandu, les deux principales figures de l'alliance ACUM, ont appelé la communauté internationale à "ne pas reconnaître trop vite les résultats" du scrutin, qu'ils ont qualifiés de "falsifiés" et de "page sombre de l'histoire électorale moldave".

Avant même le scrutin, leur alliance, qui rassemble deux partis favorables à l'entrée dans l'UE et dans l'Otan, avait exclu de constituer une coalition avec le Parti démocrate, dénonçant la main-mise de cette formation sur les postes à responsabilité dans la politique, la justice et les forces de l'ordre.

En position d'arbitre avec son groupe parlementaire, l'oligarque Vlad Plahotniuc s'est malgré tout dit "prêt à immédiatement entamer des négociations".

Considérée comme l'un des pays les plus pauvres d'Europe avec l'Ukraine, la Moldavie est aussi aux prises avec un conflit gelé en Transnistrie, un territoire prorusse qui échappe à son contrôle.

Alimentant le climat tendu des derniers jours de campagne, la police russe a impliqué vendredi Vlad Plahotniuc dans un circuit de blanchiment d'argent passé par la Russie qui aurait fonctionné en 2013 et 2014.

Son parti a dénoncé une "ingérence grossière" de Moscou dans le scrutin.

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Entravé dans ses projets de rapprochement avec la Russie par le Parlement et le gouvernement, Igor Dodon a adouci son discours et ne milite plus pour le rejet de l'accord d'association signé entre la Moldavie et l'UE en 2014. Son objectif, désormais, est que son pays puisse "faire du commerce avec la Russie comme avec l'UE".

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