L'affaire Sule Cet, symbole des violences envers les femmes

L'affaire Sule Cet, symbole des violences envers les femmes
Par Euronews
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L'étudiante de 23 ans est morte dans des circonstances troubles il y a près d'un an

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En Turquie, le cas de Sule Cet est devenu un symbole des violences faites aux femmes, un fléau souvent passé sous silence dans une société hautement patriarcale. Cette étudiante de 23 ans est morte en mai 2018, défenestrée. Une perte dont son père ne se remet pas.

« Elle est là, devant mes yeux, à chaque instant, chaque heure, chaque minute. Je l'aimais tellement », se lamente Ismail Cet.

Sule étudiait à l'université d'Ankara. Elle travaillait pour financer ses études. Ce soir-là, elle était restée au bureau plus tard avec son patron et un ami à lui. Quelques heures plus tard, le corps sans vie de la jeune femme était retrouvé au pied de l'immeuble, après une chute du 20ème étage. Interrogés, les deux hommes avaient assuré qu'elle s'était suicidée.

Incrédules, les amis de Sule lancèrent une campagne sur les réseaux sociaux. Les résultats de l'autopsie finirent par fuiter dans la presse, révélant des traces d'agression sexuelle et des traces ADN de son patron sous les ongles de Sule. Les deux hommes furent alors arrêtés et inculpés. Ils sont actuellement jugés. Pour l'avocat de la famille, il y a clairement deux poids deux mesures.

« Si c'était un homme, la justice gérerait le dossier très différemment, assure Umur Yyldyrym_. Le résultat serait différent. Ce n'est pourtant pas une affaire très compliquée. C'est un meurtre. »_

Si les violences faites aux femmes n'ont rien de nouveau en Turquie, le phénomène tend à s'aggraver. D'après les chiffres d'une ONG qui lutte pour mettre fin aux féminicides, 440 femmes ont été tuées en Turquie l'an dernier par un homme de leur entourage, plus du double qu'en 2012.

Dans ce pays très conservateur, où le Premier ministre a dans le passé critiqué la façon de s'habiller de certaines femmes, des mesures ont pourtant été prises, notamment une application pour smartphone, lancée par la police, pour que les femmes en danger puissent demander de l'aide.

Des marches de femmes sont aussi organisées régulièrement. Fidan Ataselim, militante de l'ONG Nous allons mettre fin au féminicide, s'en félicite.

« Quelques soient leurs croyances, leurs idées, leur position sociale, les femmes sont en train de résister », confirme-t-elle.

La presse pro-gouvernementale se fait, elle aussi, l'écho du phénomène, en évoquant ces violences et le manque de coordination entre les différentes agences gouvernementales. En cette Journée de la Femme, la Turqui - qui a été l'un des premiers pays à ratifier une Convention du Conseil de l'Europe sur ce sujet - est de nouveau placée face à ses contradictions. Mais le cas de Sule rappelle qu'il y a urgence.

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