Un Turc employé au consulat américain d'Istanbul jugé pour espionnage

Le consulat américain à Istanbul, le 9 décembre 2015 en Turquie
Le consulat américain à Istanbul, le 9 décembre 2015 en Turquie Tous droits réservés OZAN KOSE
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Le procès d'un employé turc du consulat américain d'Istanbul accusé d'espionnage, et dont l'incarcération en octobre 2017 avait provoqué une crise diplomatique avec Washington, s'est ouvert mardi en Turquie.

Metin Topuz était chargé au consulat américain de faire la liaison entre les autorités américaines et la brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants de la police turque. Il est accusé d'"espionnage" et de "tentative de renversement du gouvernement".

M. Topuz, qui risque la prison à vie, est arrivé en pleurant dans la salle d'audience au tribunal de Caglayan à Istanbul, selon une correspondante de l'AFP.

En détention depuis un an et demi, il est soupçonné par les autorités turques d'être lié au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire d'Ankara qui l'accuse notamment d'avoir fomenté une tentative de coup d'Etat en 2016.

"Ce que nous attendons, c'est qu'il soit remis en liberté", a déclaré son avocat Me Halit Akalp avant l'audience.

L'arrestation de M. Topuz avait provoqué la colère de Washington et attisé les tensions déjà vives entre les deux pays. En plus des différends sur le dossier syrien, la demande d'extradition du prédicateur Gülen, installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années, est restée infructueuse à ce jour.

Ankara et Washington, alliés au sein de l'Otan, avaient ainsi réciproquement suspendu pendant près de trois mois la plupart de leurs services de délivrance de visas.

L'arrestation de M. Topuz "a été un gros sujet pour les relations turco-américaines, mais les Etats-Unis sont revenus sur leur décision de suspension des visas et ont opté pour une diplomatie silencieuse", explique Asli Aydintasbas, chercheuse à l'European Council on Foreign Relations à Istanbul.

"Il y a eu des efforts systématiques, mais en coulisses, et des demandes faites lors de rencontres à haut niveau plutôt que par les canaux publics", ajoute-t-elle.

Signe que Washington suit le procès de près, le chargé d'affaires américain à Ankara Jeffrey M. Hovenier et la consule générale à Istanbul Jennifer L. Davis étaient présents au tribunal mardi, selon l'AFP.

- "Détentions injustes" -

Outre M. Topuz, deux autres employés turcs des missions américaines ont été incarcérés: Hamza Ulucay, travaillant au consulat d'Adana, condamné pour aide à une "organisation terroriste" mais libéré sous contrôle judiciaire en janvier, et Mete Canturk, du consulat d'Istanbul, actuellement assigné à résidence pour des charges similaires à celles de M. Topuz.

Un Américain, Serkan Gölge, scientifique de la Nasa, a été condamné en février 2018 à sept ans et demi de prison pour appartenance aux réseaux gulénistes.

Selon un haut responsable américain parlant sous couvert de l'anonymat, la priorité de Washington est d'"obtenir la liberté de nos employés turcs injustement détenus". Il pointe l'absence "d'élément qui soutienne les charges retenues contre Hamza, Metin ou Mete".

"Et nous sommes également très, très concentrés sur nos citoyens américains, avec une attention particulière pour Serkan Gölge", a ajouté ce responsable.

M. Topuz est accusé par le procureur d'avoir eu des contacts fréquents avec des membres présumés du mouvement du prédicateur Gülen. Il lui est aussi reproché de s'être entretenu à plusieurs reprises avec des enquêteurs à l'origine d'un scandale de corruption qui avait fait vaciller le gouvernement turc en 2013, mais qui avait été étouffé et mis par Ankara sur le compte d'un complot guléniste.

Les relations entre Ankara et Washington se sont quelque peu détendues ces derniers mois après la libération conditionnelle, en octobre, d'un pasteur américain, Andrew Brunson, après deux ans de détention en Turquie.

Mais de nombreux objets de tensions demeurent. Les Etats-Unis s'agacent notamment de la détermination de la Turquie à se procurer des systèmes antimissiles russes S-400, qu'ils estiment incompatibles avec les équipements utilisés par l'Otan.

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Washington a mis en garde son allié contre de "graves conséquences" s'il allait au bout de cet achat, affirmant notamment qu'il ne pourrait pas se procurer les avions de combat F-35 et les missiles Patriot américains.

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