Hélène Grimaud suspend le temps avec Ravel à Los Angeles

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Par Katharina RabillonStéphanie Lafourcatère
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Hélène Grimaud suspend le temps avec le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel à Los Angeles. Katharina Rabillon (@KatharinaKaun) rencontre la captivante pianiste à l'occasion d'un concert aux côtés du Philharmonique de la ville.

La pianiste française Hélène Grimaud est célèbre pour la richesse de son jeu aux multiples couleurs. Elle a récemment interprété le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel au Walt Disney Concert Hall, aux côtés de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles sous la direction de Lionel Bringuier. Occasion pour Musica de rencontrer cette artiste exceptionnelle.

Sensible et captivante, Hélène Grimaud a donné un nouveau souffle au Concerto pour piano en sol majeur de Ravel lors d'un concert à Los Angeles. Elle se produisait aux côtés de l'Orchestre philharmonique de la ville au sein du Walt Disney Concert Hall. Le chef d'orchestre Lionel Bringuier dirigeait cette partition enlevée. "C'est une œuvre magnifique, pleine de vitalité, elle est palpitante," s'enthousiasme Hélène Grimaud.

"Il y a cette force cinétique incroyable," poursuit la pianiste. "Ravel a trouvé l'inspiration pour le motif du premier mouvement lors d'un voyage en train : il y a cette mécanique, mais c'est comme une machine qui aurait une âme," estime-t-elle.

"Une énergie américaine chez Ravel"

Maurice Ravel a composé ce concerto après avoir effectué une tournée aux États-Unis à la fin des années 20, une expérience qui lui avait laissé une forte impression.

"Cela a été un très grand succès pour lui," raconte Lionel Bringuier. "Il avait vraiment eu ses influences de jazz, toutes les musiques qu'il a entendues ici," dit-il. Le chef d'orchestre décrit ainsi l'œuvre à sa manière : "C'est très animé et on sent qu'il y a cette énergie américaine, dans le swing qu'il y a, dans le rythme, dans la vie," indique-t-il.

Hélène Grimaud, pianiste, renchérit : "Il y a ensuite ce deuxième mouvement qui est sublime avec cette mélodie qui semble ne jamais finir." Puis elle ajoute : "Quand on l'écoute, on a l'impression que c'est l'âme qui chante."

"Cette douceur et cette intensité" dans le jeu d'Hélène Grimaud

"Ce que j'espère accomplir lors d'un concert, c'est transmettre assez d'émotions pour suspendre le temps," fait remarquer la musicienne. Lionel Bringuier confirme : "Elle arrive à mettre beaucoup de douceur dans son jeu, mais il y a une telle intensité en l'espace de quelques secondes qui se crée et c'est toujours magique."

Hélène Grimaud cherche sans cesse à explorer de nouveaux horizons en s'interrogeant sur son interprétation. "Toutes ces œuvres peuvent nous accompagner toute notre vie : c'est pour cela que c'est aussi une aventure et je crois que chaque concert doit être abordé avec l'esprit d'un aventurier," affirme-t-elle.

"Se trouver soi-même"

Comme Maurice Ravel, l'artiste française aux multiples facettes a eu une révélation quand elle a joué pour la première fois aux États-Unis il y a près de trente ans.

"Quand j'étais enfant, j'avais déjà ce sentiment que je venais d'ailleurs," confie Hélène Grimaud. "Et tout d'un coup, quand je suis arrivée aux États-Unis, très jeune, c'était presque comme si cette question d'appartenance n'avait plus d'importance ; c'est vraiment ce qui fait qu'aux États-Unis, on se sent chez soi : tout le monde vient d'ailleurs," juge-t-elle.

Hélène Grimaud revient sur sa démarche artistique : "J'aime cette image : quand on quitte une rive et qu'on arrive à un point où l'on est trop éloigné pour faire demi-tour, mais aussi trop loin de l'autre rive. Cet entre-deux est un espace de transformation, de métamorphose," assure-t-elle avant de conclure : "Je crois que c'est là où l'on a le plus de chances de se trouver soi-même."

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