Le Pakistan reste silencieux après le départ d'Asia Bibi pour le Canada

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Après 10 ans de troubles politiques, d'assassinats et de manifestations violentes, le Pakistan a accueilli le départ d'Asia Bibi dans le calme, le pays semblant chercher à clore ce chapitre loin du tumulte que l'affaire a provoqué.

Une source canadienne a confirmé mercredi à l'AFP que la chrétienne condamnée à mort pour blasphème, puis acquittée, était bien arrivée dans le pays. Elle a pu y retrouver sa famille après des mois passés en détention préventive au Pakistan.

Ottawa a cependant refusé de se prononcer officiellement sur la question.

Au Pakistan, le gouvernement du Premier ministre Imran Khan n'a fait aucun commentaire sur son départ, qui a pourtant fait la Une de la presse internationale mercredi.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères l'a finalement confirmé jeudi à l'occasion d'un point de presse régulier.

"Asia Bibi a quitté le pays. C'est une citoyenne libre et elle a quitté le pays de son plein gré", a déclaré Mohammad Faisal aux journalistes, refusant de livrer plus de détails.

La plupart des journaux au Pakistan n'ont consacré que quelques lignes à l'information.

Les émissions télévisées diffusées aux heures de grande écoute ne se sont pas épanchées sur le sujet, donnant la priorité à un attentat-suicide dans la ville de Lahore et à la cuisine politique locale.

Ce silence entre en contraste frappant avec les violentes manifestations soulevées contre Asia Bibi ces dernières années, notamment en octobre dernier lorsque la Cour suprême avait annulé sa condamnation à mort.

Les islamistes étaient alors descendus dans la rue pour appeler l'armée à la mutinerie et à l'assassinat des principaux juges.

"Il est clair que le gouvernement veut éviter des réactions violentes", a déclaré à l'AFP le directeur adjoint du programme Asie du Sud pour Amnesty International, Omar Waraich.

"Il craint d'être accusé de participer à ce que certains tenants de la ligne dure appellent une +conspiration occidentale contre l'islam+ qui chercherait à punir ceux qui défendent le Prophète et à protéger ceux qui sont accusés de l'insulter".

- "Elle est sauvée" -

Asia Bibi avait été condamnée à mort pour avoir commis un blasphème, qu'elle a toujours nié, lors d'une altercation avec d'autres ouvriers en 2009.

Un de ses défenseurs, l'ex-gouverneur de la province pakistanaise du Pendjab, Salman Taseer, un des rares politiciens du pays à oser critiquer ouvertement l'islamisme, avait été assassiné en 2011 par un de ses propres gardes du corps, qui l'avait criblé de 29 balles à Islamabad.

Son assassinat a été suivi la même année par celui du ministre des affaires des minorités, Shahbaz Bhatti, un chrétien qui s'était également battu pour Asia Bibi.

Ces années ont mis en évidence combien l'extrémisme religieux influence de larges pans de la société pakistanaise, et comment les lois sur le blasphème sont instrumentalisées par les islamistes.

Le blasphème continue d'être une question brûlante au Pakistan, où même des allégations non prouvées d'insulte à l'islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.

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Les chrétiens ont accueilli la nouvelle du départ d'Asia Bibi avec soulagement, heureux qu'elle soit libre loin du Pakistan.

"C'était un problème pour elle de vivre ici. Il est évident qu'elle aurait pu être tuée par quelqu'un. Nous pensons qu'il est bon qu'elle ait pu partir", a déclaré Fayyaz Bhatti, un chrétien pakistanais d'Islamabad.

"Maintenant elle est sauvée", dit-il, "elle peut enfin retrouver ses enfants".

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