Au Soudan, le Premier ministre éthiopien appelle à une transition démocratique "rapide"

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Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a appelé vendredi à Khartoum à une transition démocratique "rapide" au Soudan, accentuant la pression de la scène internationale sur les militaires au pouvoir, après la violente répression du mouvement de contestation.

La veille, l'Union africaine (UA) avait suspendu le Soudan "jusqu'à l'établissement effectif d'une autorité civile de transition".

"L'armée, le peuple et les forces politiques doivent faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays", a déclaré M. Ahmed dans un communiqué, à l'issue de sa visite.

L'Ethiopie et le Soudan partagent une longue frontière et des analystes estiment que la stabilité de chaque côté de la frontière est une préoccupation commune.

Arrivé dans la matinée, le Premier ministre éthiopien a rencontré le chef du Conseil militaire au pouvoir, le général Abdel Fattah al-Burhane, et plusieurs chefs de la contestation.

"L'armée doit protéger la sécurité du pays et de son peuple et les forces politiques doivent réfléchir à l'avenir du pays", a-t-il affirmé.

Les négociations entre les militaires et la contestation ont été suspendues le 20 mai, chaque camp refusant de céder à l'autre la direction de la transition post-Béchir censée durer trois ans.

L'ex-président a été renversé par l'armée le 11 avril, à la faveur d'un soulèvement populaire inédit déclenché en décembre. Après sa destitution, la contestation s'est poursuivie pour exiger le départ des militaires au pouvoir.

Lundi, la dispersion brutale par les forces de sécurité d'un sit-in de manifestants qui se tenait depuis le 6 avril devant le siège de l'armée à Khartoum, qualifiée de "massacre" par la contestation, a installé un climat de peur dans la capitale soudanaise.

Des médecins proches des manifestants ont dénombré 113 morts depuis le début de la répression, principalement au sit-in. Le gouvernement a démenti ces chiffres évoquant un bilan de 61 tués.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a comptabilisé 784 personnes blessées dans des hôpitaux de Khartoum depuis la dispersion de lundi, précisant dans un communiqué que "le nombre réel (...) pourrait être plus élevé".

- "Conditions" -

La tentative de médiation du Premier ministre éthiopien a été saluée par les deux camps.

Le Conseil militaire est "ouvert aux négociations" pour parvenir à une solution "à n'importe quel moment", a dit un responsable du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ahmed, devant la presse.

L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a également déclaré "accepter" cette médiation tout en opposant "plusieurs conditions" à un retour à la table des négociations.

Devant la presse, Omar al-Digeir a réclamé la "reconnaissance" par le pouvoir des violences pendant l'évacuation du sit-in, une "commission d'enquête internationale" et la "libération des personnes arrêtées".

Il a également exigé le respect des "libertés publiques", la fin du "blocage d'internet" et le "retrait" de la présence militaire à Khartoum et à travers le pays.

Les rues de la capitale sont en effet sous forte surveillance des forces de sécurité, notamment les rues près du lieu du sit-in, devenu emblématique de la contestation.

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Les passages y sont autorisés mais rares. Divers objets et des bâches de tentes dressées par les manifestants jonchent les lieux, de la cendre recouvre le trottoir.

Comme depuis le début de la semaine, les rues de Khartoum étaient presque désertes vendredi, des habitants décrivant une situation de "terreur" avec la présence de paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), accusés d'être les principaux auteurs de la répression en cours depuis lundi.

Sur une grande avenue, en présence de plusieurs hommes des RSF juchés sur des pick-up, une petite pelleteuse s'attelait à démanteler les barricades de briques, érigées par les manifestants en signe de protestation.

- "Semer la terreur" -

Pour Marc Lavergne, spécialiste du Soudan au Centre national de recherche scientifique (CNRS) français, la répression des derniers jours vise à "briser psychiquement la population de Khartoum parce qu'on s'attaque là à l'élite de la nation".

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"Ce n'est pas une barbarie gratuite, le but est de semer la terreur", a expliqué cet expert à l'AFP.

L'Union européenne (UE), qui a soutenu l'initiative de l'UA de suspendre le Soudan, avait également appelé à la reprise des négociations après l'évacuation du sit-in, réclamant "la cessation immédiate de la violence" et une "enquête crédible sur les événements criminels".

Les Etats-Unis ont aussi salué "le message fort" de l'UA "aux forces de sécurité du Soudan pour le meurtre de civils innocents et pour avoir exigé le transfert du pouvoir à un gouvernement dirigé par des civils".

Des Etats du Golfe, qui soutiennent les militaires au pouvoir, ont eux aussi appelé à une reprise du dialogue.

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