La peur de l'extradition vers la Chine plonge Hong Kong dans des violences sans précédent

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Hong Kong a été ébranlé mercredi par les pires violences politiques depuis sa rétrocession à la Chine, la police ayant tiré des balles en caoutchouc sur les manifestants qui bloquaient les grandes artères et tentaient de faire irruption dans le Parlement.

Des dizaines de milliers de manifestants vêtus de noir, pour la plupart des jeunes gens, étaient à nouveau descendus dans la rue pour dénoncer un projet de loi gouvernemental visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Les affrontements ont éclaté près du Conseil législatif (LegCo, Parlement) où le texte aurait dû être débattu en deuxième lecture. Tandis que la foule enflait, l'assemblée dominée par les députés pro-Pékin a annoncé le report des débats à une "date ultérieure".

La cheffe de l'exécutif local, Carrie Lam, qui exclut de retirer le texte, a dénoncé des "émeutes organisées". "Les émeutes qui touchent une société pacifique en ignorant la loi et la discipline sont inacceptables pour toute société civilisée", a-t-elle réagi dans une vidéo.

De son côté, le président américain Donald Trump a dit mercredi espérer que les manifestants soient "capables de trouver une solution avec la Chine", sans se prononcer sur le bien-fondé de leurs revendications.

L'Union européenne a quant à elle appelé au "respect" des droits des protestataires, tout en soulignant "partager plusieurs" de leurs inquiétudes.

Les affrontements faisaient écho à l'immense "Mouvement des parapluies" en faveur de la démocratie de l'automne 2014, quand les manifestants avaient paralysé pendant deux mois des quartiers entiers de la mégapole et combattu les policiers. Mais sans arracher de concessions à Pékin.

- Gaz poivre et pavés -

Mais cette fois, la police semblait déterminée à ne pas les laisser occuper le terrain. Elle a repoussé les contestataires qui tentaient d'entrer dans le LegCo à coups de matraque et avec du gaz poivre, pour finir par tirer des balles en caoutchouc et à recourir à du gaz lacrymogène. Elle a également fait usage de "projectiles en sachet", des sacs remplis de billes en plomb.

Les manifestants n'ont pas été en reste, jetant barres de métal, bouteilles ou encore pavés. "Je vais continuer de me battre", a déclaré mercredi soir Kevin Leung, un manifestant de 20 ans. "On va continuer jusqu'à ce que notre objectif soit atteint".

Selon les autorités, 22 policiers et protestataires ont été blessés.

Le chef de la police Stephen Lo a défendu ses troupes, déclarant qu'elles avaient fait preuve de "retenue" jusqu'à ce que des "gangsters" tentent de prendre le LegCo.

Mais, pour Amnesty International, la police "a profité des actes violents d'une petite minorité pour en tirer prétexte et recourir à un usage excessif de la force contre la vaste majorité des manifestants pacifiques".

"En termes de violences politiques, c'est la journée la plus grave depuis la rétrocession" par Londres du territoire à Pékin en 1997, a commenté l'analyste Dixon Sing.

"Le peuple de Hong Kong croit de plus en plus que le gouvernement est constitué de marionnettes servant les intérêts de Pékin. Il voit ça comme sa dernière bataille", juge-t-il.

Une centaine d'entreprises et de commerces avaient annoncé leur fermeture en signe de solidarité avec les opposants au texte. Les principaux syndicats d'étudiants avaient appelé au boycottage des cours.

- "Inquiétudes" -

L'ex-colonie britannique aux sept millions d'habitants avait déjà été le théâtre dimanche de la plus importante manifestation jamais organisée depuis 1997, celle-ci ayant réuni selon les organisateurs un million de personnes.

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Le projet de loi a suscité les critiques de pays occidentaux. Mercredi, le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a appelé Hong Kong à "écouter les inquiétudes" de ses citoyens.

Nombre de Hongkongais redoutent une justice chinoise opaque et politisée et pensent que cette réforme nuira à l'image internationale et à l'attractivité du territoire.

En vertu de l'accord de rétrocession, Hong Kong jouit d'une semi-autonomie et de libertés n'existant pas en Chine continentale et ce, en théorie, jusqu'en 2047.

La ville est cependant depuis une dizaine d'années le théâtre de soubresauts en raison de l'inquiétude générée par l'ingérence grandissante de Pékin.

Le projet doit permettre les extraditions vers toutes les juridictions avec lesquelles aucun accord bilatéral n'existe, y compris en Chine continentale.

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Un vote final sur le texte était attendu pour le 20 juin, mais les autorités n'ont pas annoncé de date pour la reprise des débats. La Bourse de Hong Kong a reculé mercredi de près de 1,8%.

Le projet, disent les autorités, doit combler un vide juridique et faire en sorte que la ville ne soit plus un asile pour certains criminels. Elles assurent que des garde-fous existent en matière de droits humains et qu'il ne visera pas les opposants politiques.

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