Les champs de fruits rouges manquent de bras au Royaume-Uni

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Par Cecile SauzayLuke Hanrahan
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C'est la terreur des exploitants britanniques : des fruits bien mûrs, mais trop peu de monde pour en récolter les profits. Dans l'ouest de l'angleterre, la cueillette a déjà commencé, mais depuis le Brexit, certains saisonniers venus d'Europe de l'est manquent à l'appel.

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C'est la terreur des exploitants britanniques : des fruits bien mûrs, mais trop peu de monde pour en récolter les profits. Dans le Kent, "le jardin de l'Angleterre", la cueillette a déjà commencé, mais depuis le Brexit, certains saisonniers venus d'Europe de l'est manquent à l'appel. 

La situation nourrit les inquiétudes d'Anthony Snell depuis trois ans. "Cela pourrait devenir très grave si nous ne trouvons pas la main d'oeuvre nécessaire, s'inquiète ce producteur de fraises. Pourtant, nos salaires ont augmenté de 19% en deux ans. " Dans sa ferme du Kent, un ouvrier agricole sur dix n'est pas revenu cette année. 

"Ce pourrait être une catastrophe pour les fermiers et pour toute l'économie du Royaume-Uni", s'alarme-t-il. Pourtant, cet agriculteur a voté en faveur du Brexit, et continue de le soutenir, mais à quelques conditions : "je suis partisan d'un Brexit ordonné, même si pour l'instant nous n'en voyons pas la couleur. Je pense qu'il faut conserver la libre circulation des personnes pour sauvegarder la rentabilité de notre économie."

Baisse drastique de la demande d'emploi côté britannique

Au Royaume-Uni, le taux de chômage est passé sous la barre des 4% cette année, son taux le plus bas depuis 45 ans. Avant le Brexit, il y avait quatre candidats pour un emploi. Désormais, ce ratio s'est inversé : d'après la plus grande agence d'intérim du pays, il y a aujourd'hui quatre emplois pour un seul candidat. 

Une situation qui s'explique notamment par le fait que les conditions de travail sur le continent se sont nettement améliorées. Les fermes européennes se sont mises à la culture sur-élevée : beaucoup plus efficace, et bien plus pratique.

Les Pays-Bas et l'Allemagne siphonnent la main d'oeuvre des pays de l'Est

Dans les serres de'Anthony Snell, les employés ramassent des fraises pour 17 livres de l'heure en moyenne : pas suffisant pour concurrencer les fermes de l'Union européenne, en Allemagne et aux Pays-bas particulièrement.

Selon Stephanie Maurel, de l'agence d'intérim Concordia, ces deux pays ont aspiré la main d'oeuvre des pays de l'Est qui avait l'habitude de traverser la Manche pour la saison des récoltes. "Là-bas, le gouvernement soutient beaucoup le travail agricole, avec des exonérations fiscales par exemple, explique la britannique. Par ailleurs, les producteurs ont énormément investi dans les fermes allemandes et néérlandaises, donc elles se sont développées très rapidement, et elles ont besoin de beaucoup de main d'oeuvre."

Difficultés à fidéliser la main d'oeuvre saisonnière

Dans certaines fermes d'Angleterre , les exploitants se sont mis à débaucher les employés. "Je pense qu'ils sont désespérés à force de regarder leurs champs de fraises en se disant 'je ne sais pas si on pourra les ramasser'", analyse Stephanie Maurel. 

Autre facteur structurel : la rémunération des employés est dépendante de la livre sterling. Or, depuis 2016, la devise britannique a perdu 15% et chute encore, régulièrement.

Claudiu Netoiu est contre-maître agricole dans l'exploitation de fraises d'Anthony Snell. Selon lui, depuis trois ans, planifier les équipes est devenu un casse-tête : "Nous avons des gens qui, au dernier moment, décident de ne pas venir. Un jour, on aura une équipe de 50 personnes, et le lendemain on en aura seulement 40", déplore-t-il. 

Il manque actuellement 10 à 15 000 ouvriers agricoles pour cette saison en Angleterre. Tous les producteurs de fruits britanniques sont touchés, même ceux qui ont voté pour le Brexit.

Video editor • Cecile Sauzay

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