Grève et incidents au Brésil contre la réforme des retraites

"Dehors Bolsonaro", clame une banderole pendant une manifestation contre la réforme des retraites à Rio de Janeiro le 14 juin 2019
"Dehors Bolsonaro", clame une banderole pendant une manifestation contre la réforme des retraites à Rio de Janeiro le 14 juin 2019 Tous droits réservés MAURO PIMENTEL
Par AFP
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Perturbations dans les transports, blocage de routes et incidents ont eu lieu au Brésil vendredi en raison d'un appel à la grève générale contre la réforme des retraites, alors que la Copa America de football s'ouvrait à Sao Paulo.

Avec des marches de protestation en fin de journée, le gouvernement de Jair Bolsonaro, en fonction depuis moins de six mois, était confronté à de nouvelles manifestations dans les grandes villes.

Mais le mouvement de protestation est apparu nettement moins important que ceux des 15 et 30 mai, qui avaient fait déferler des centaines de milliers de Brésiliens dans les rues pour défendre l'éducation.

Les syndicats avaient appelé les travailleurs à faire grève dans les transports et à bloquer les routes dans toutes les grandes villes pour protester contre la réforme des retraites qui, si elle a été édulcorée pour avoir ses chances de passer au Parlement, reste très impopulaire.

Des manifestations ont eu lieu dans près de 200 villes des 27 Etats du Brésil, a indiqué le site G1. Les syndicats ont fait état de 45 millions de travailleurs grévistes dans 300 villes.

Ils ont aussi rapporté des grèves dans les secteurs du pétrole, de la banque et de la poste, de même que d'enseignants et d'étudiants, très mobilisés contre les coupes claires dans les budgets de l'éducation.

La plupart des rassemblements se sont déroulés dans le calme. Des affrontements entre policiers et manifestants ont toutefois éclaté au moment de la dispersion des cortèges à Rio de Janeiro et Sao Paulo, les forces de l'ordre faisant usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, selon des journalistes de l'AFP sur place.

A Sao Paulo, la première ville du Brésil avec 20 millions d'habitants, la police a annoncé l'interpellation de 14 personnes, dont dix pour des incendies et dégradations et quatre pour avoir endommagé un minibus et menacé le conducteur. Des échauffourées ont également éclaté à Rio, où des milliers de personnes ont déflié le long de l'avenue Presidente Vargas.

- Copa America -

"La grève est un succès malgré les pratiques antisyndicales des patrons et des tribunaux et la répression policière dans divers Etats", a assuré Vagner Freitas, président de la CUT, la Centrale Unique des Travailleurs.

Le mouvement tombe mal pour le gouvernement dont la cote de popularité a chuté, alors que la Copa America, le tournoi de football qui va faire vibrer tout le continent, a débuté vendredi soir à Sao Paulo avec un match Brésil-Bolivie, en présence du président Bolsonaro.

Toutes les grandes villes du pays ont connu des perturbations dans les transports: la capitale Brasilia, Salvador de Bahia ou Recife (nord-est), Belo Horizonte (sud-est), Porto Alegre, Curitiba ou Florianopolis (sud), selon les médias brésiliens.

La réforme des retraites est la clé de voûte de la politique libérale du gouvernement, sous la houlette du ministre de l'Economie Paulo Guedes. Celui-ci a averti d'une catastrophe si le système n'était pas réformé: les caisses de retraites avaient un déficit de 83 milliards d'euros fin 2018 (5,5% du PIB) et la population vieillit vite.

- "Faire des concessions " -

L'avenir de cette réforme est menacé au Congrès, où le parti du président d'extrême droite ne dispose que de 10% des sièges et doit nouer de difficiles alliances pour obtenir la majorité des trois cinquièmes.

Une version édulcorée de la réforme a été présentée jeudi par son rapporteur: elle fait passer de 1.200 milliards de réais (275 milliards d'euros) à 900 milliards de réais (206 milliards d'euros) les économies réalisées pour les coffres de l'Etat sur 10 ans.

Le rapporteur a notamment renoncé à des aspects polémiques de la réforme, tel le passage du système actuel par répartition à la retraite par capitalisation. Une décision très mal reçue par Paulo Guedes qui a déclaré qu'"approuver la réforme du rapporteur (avec ces coupes) signifierait faire avorter la réforme".

Mais le président Bolsonaro a rétorqué qu"il est naturel de faire des concessions".

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A Sao Paulo, les réactions des habitants étaient partagées face à la grève générale.

"Ou on arrête tout, ou on n'arrête rien", a déclaré à l'AFP-TV à une station de bus Vanilda Souza Vieira, "s'arrêter à moitié, c'est une farce".

"Je suis contre parce que cela paralyse toute la ville, cela porte préjudice aux entreprises commerciales. Quand il y a grève à São Paulo, tout s'arrête", dit de son côté Flavio Moreira, autre usager des transports.

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