Egypte: Morsi, président "marionnette" des Frères musulmans

Mohamed Morsi lors de son procès le 8 mai 2014 au Caire
Mohamed Morsi lors de son procès le 8 mai 2014 au Caire Tous droits réservés Tarek el-Gabass
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L'islamiste Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte en 2011, décédé lundi après une audition au tribunal au Caire, était considéré comme une marionnette aux mains des Frères musulmans alors au pouvoir.

Ingénieur de 67 ans, M. Morsi fut le premier civil élu à la tête de l'Egypte.

Issu d'une famille d'agriculteurs, il s'était affiché lors de la présidentielle de 2012 comme le garant des idéaux démocratiques de la révolte de 2011 déclenchée par la jeunesse libérale et laïque, mais à laquelle les Frères s'étaient ralliés, par opportunisme selon leurs détracteurs.

Il avait été surnommé "la roue de secours", remplaçant de dernière minute du premier choix des Frères musulmans, l'homme d'affaires Khairat al-Chater, inéligible, mais avait remporté le scrutin, de justesse, face à un cacique du régime de Hosni Moubarak.

Les manières simples et l'air affable de M. Morsi, marié et père de cinq enfants, avaient contribué à un certain état de grâce durant ses premiers mois de présidence.

Puis il s'est rapidement attiré les foudres d'une grande partie de la population qui l'accusait d'être une "marionnette" aux mains des Frères en les aidant à accaparer tous les pouvoirs, tout en étant incapable de rétablir la sécurité ou de relancer une économie à genoux.

Dans un pays sous la férule de l'armée depuis des décennies, les pro-Morsi soulignent qu'il a tenté d'évincer les militaires des principaux rouages de l'Etat, ce qui a causé sa perte.

- Falot et maladroit -

"Il était perçu comme la marionnette des Frères, dont il a placé des éléments à des postes-clés de l'administration, ce qui a irrité la bureaucratie au sommet et la population", estime Moustapha Kamel al-Sayyid, politologue.

Les crises se sont succédé, et un an après son élection, le 30 juin 2013, des millions d'Egyptiens sont descendus dans la rue pour réclamer son départ.

Son tombeur, l'ex-chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, a invoqué ce mouvement pour justifier la destitution de M. Morsi trois jours plus tard et lancer une sanglante répression contre ses partisans.

Policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi en quelques mois. Des centaines ont été condamnés à mort, dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.

Elu député "indépendant" de 2000 à 2005, ce technocrate a gravi les échelons des Frères musulmans sans se faire particulièrement remarquer.

Emprisonné en 2006 pendant sept mois, il est brièvement incarcéré durant le soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011. Après la révolte, il prend la tête du parti de la Liberté et de la Justice, vitrine politique des Frères.

Ses détracteurs retiennent ses discours interminables souvent inintelligibles et ses maladresses et gaffes protocolaires lors des rencontres avec des chefs d'Etat.

Depuis sa destitution par l'armée dirigée alors par Abdel Fattah al-Sissi, élu ensuite président, Mohammed Morsi a été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires - incitation à la violence contre des manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar.

Il était par ailleurs jugé dans deux autres procès après l'annulation de deux verdicts prononcés contre lui - une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité.

Au cours de ses procès, il apparaît dans le box des accusés derrière des parois en verre insonorisées pour empêcher ses diatribes: il ne cesse, prenant un air martial un peu forcé, de se présenter comme le président victime d'un "coup d'Etat" militaire.

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