Crash de Phuket: quatre ans de prison requis contre l'ancien dirigeant de la compagnie

Le site du crash de l'avion de la compagnie One-Two-Go, le 17 septembre 2007 à Phuket en Thaïlande
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Un "message fort" à envoyer au monde aéronautique: quatre ans de prison et 75.000 euros d'amende ont été requis mardi contre l'ancien dirigeant de la compagnie aérienne thaïlandaise One-Two-Go, dont un avion s'était écrasé en 2007 à Phuket, faisant 90 morts.

Parmi eux, neuf Français avaient péri le 16 septembre 2007 dans l'accident d'un Boeing MD-82 de la compagnie à bas coûts One-Two-Go, avec 130 personnes à bord, en provenance de Bangkok à l'atterrissage sur l'aéroport de Phuket balayé par le vent et la pluie.

Jugé pour "homicides volontaires aggravés" et "blessures aggravées" et visé par un mandat d'arrêt international, Udom Tantiprasongchai, dirigeant à l'époque de la compagnie aérienne thaïlandaise One-Two-Go et de sa maison-mère Orient Thai, était absent et non-représenté par un avocat lors des deux jours d'audience au tribunal correctionnel de Paris.

Au terme de ce procès inédit contre un dirigeant de compagnie dans un crash s'étant déroulé à l'étranger, le procureur Loïs Raschel a demandé au tribunal d'envoyer un "message extrêmement fort".

"C'est un procès important pour les victimes. Mais c'est aussi un jour important pour le monde aéronautique (...). Il ne doit pas y avoir d'impunité, par-delà les frontières, les montages de sociétés, les années qui passent", a-t-il estimé.

Malgré un box vide, les parties civiles ont "enfin eu l'écoute qui a manqué durant douze ans" de procédure marqués par une coopération minimale des autorités thaïlandaises et les atermoiements de l'instruction française, s'est félicité Gérard Bembaron, qui a perdu son frère dans la catastrophe.

L'audience a souligné les erreurs et les mauvaises décisions des pilotes, tués dans l'accident, lors de l'atterrissage.

"Indiscutables" causes directes du crash, ces erreurs sont toutefois "la conséquence inévitable des fautes de la compagnie", a affirmé le procureur: les pilotes étaient "épuisés" par des "cadences infernales", érigées en système.

- Fonctionnement "terrifiant" -

Selon le rapport d'accident de la direction de l'aviation civile thaïlandaise, le copilote avait notamment cumulé 32 heures et 39 minutes de vol sur les sept derniers jours (maximum 30 heures), 120 heures et 27 minutes sur les 30 derniers jours (maximum 110 heures) et 9 heures 29 minutes le 16 septembre avant le vol fatal (maximum 8 heures).

Des temps de vol sous-évalués, selon les parties civiles, car ils n'incluent pas notamment les données -déclarées "manquantes"- de sa journée de travail du 11 septembre. Les deux pilotes devaient en outre effectuer trois autres vols après celui du 16 septembre.

Les témoignages recueillis durant l'enquête ont révélé un fonctionnement "terrifiant" au sein d'une compagnie"guidée par un objectif, la rentabilité, au détriment de tout le reste", a résumé le procureur.

Un ancien pilote a raconté avoir été embauché dans un café, sans entretien sur ses compétences ni test sur simulateur, que les temps de vols, "illégaux", étaient compensés par des primes en espèces, que des pannes déclarées réparées ne l'étaient pas en réalité... "Jamais je n'aurais accepté que quiconque de ma famille soit à bord de mon avion", conclut-il.

Ce témoignage corrobore ceux d'autres anciens pilotes recueillis dans un reportage de la télévision australienne de novembre 2007, diffusé à l'audience.

Interrogé dans ce reportage, Udom Tantiprasongchai "dément" les accusations, se disant "convaincu que nous avons respecté les normes".

Il affirme également "ne pas être au courant" d'un mail révélant que One-Two-Go a soumis aux autorités de faux documents afin de produire des temps de vol conformes à la règlementation.

Dans ce courriel du 13 octobre 2007, dont il est un des destinataires, un collaborateur communique des "suggestions de modification" des temps de vol du copilote et du commandant de bord.

"Une chose doit nous inquiéter: l'assureur peut demander des copies du journal de bord. Y a-t-il quelqu'un à qui nous pourrions faire confiance pour nous aider à refaire le journal de bord ?", ajoute le collaborateur.

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"Ce mail dit tout", a affirmé l'avocat des parties civiles, Alexandre Plantevin, et "cette audience et la décision (du tribunal) sont importantes car elle sont une réponse au sentiment d'impunité" de M. Tantiprasongchai.

La décision a été mise en délibéré au 3 septembre.

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