L'angoisse croissante des clandestins de Miami face aux menaces de Trump

Carlos Iraola Reyes, Cubain de 31 ans, à Miami (Floride) le 25 juin 2019
Carlos Iraola Reyes, Cubain de 31 ans, à Miami (Floride) le 25 juin 2019 Tous droits réservés Leila MACOR
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Une centaine de personnes sont agglutinées dans un bureau de Miami offrant une assistance légale gratuite, ou à bas coût, aux immigrés clandestins. Elles veulent régulariser leur situation aux Etats-Unis avant que le président Donald Trump n'active sa menace de les "expulser par millions".

Têtes baissées et pochettes regorgeant de documents, ces sans-papiers --en majorité des Cubains, Vénézuéliens, Haïtiens et Honduriens-- attendent qu'un avocat spécialisé puisse s'occuper d'eux.

José Luis raconte avoir voyagé de Cuba au Guyana, puis avoir traversé l'Amérique du Sud jusqu'au Chili avant de remonter par les Andes et de traverser la frontière mexicano-américaine au niveau du Texas. Un périple qui s'est achevé à Miami en Floride, où il a rejoint sa fille de quatorze ans.

"C'est ce que nous, les Cubains, faisons pour quitter Cuba à cause du malheur qui règne dans notre pays", souligne cet homme de 46 ans, sans donner son nom de famille.

Cette antenne de l'organisation caritative Church World Service était déjà bien sollicitée mais les consultations ont augmenté après l'annonce par Donald Trump la semaine dernière qu'il comptait expulser des "millions d'étrangers irréguliers".

Le lendemain, il lançait officiellement sa campagne de réélection pour 2020. Depuis Orlando, Floride.

Un vent de panique s'est levé. Les clandestins s'attendaient à ce que la police de l'immigration mène dans la foulée des raids d'ampleur, mais l'opération a été repoussée à la semaine prochaine.

"Cela les pousse juste à venir un peu plus rapidement chercher de l'aide", explique à l'AFP Maureen Porras, directrice juridique de l'antenne de Miami. "Des clients m'ont contactée après cette annonce pour me demander: +est-ce que ça me concerne?+ ou +est-ce que je suis en danger?+".

"Nous nous préparons du mieux que nous pouvons", dit-elle, citant un renforcement de leurs services et la recherche de financements.

Et avocats et militants s'assurent que les clandestins connaissent leurs droits, classent leurs documents, prévoient qui s'occupera de leurs enfants en cas d'arrestation et, avant tout, n'ouvrent pas la porte à un policier de l'immigration ne présentant pas une ordonnance.

- "Bienveillant" -

Mais le Cubain Carlos Iraola Reyes a pris la difficile décision de quitter la Floride, où la législation contraint la police locale à coopérer avec les agents de l'immigration.

"Je vais au Texas parce que cet Etat est plus bienveillant", explique cet ingénieur électrique de 31 ans. "Vous pensez que je peux marcher librement? Ce serait très naïf."

L'Uruguayenne Rosana Araujo se sent également en danger. "J'ai peur parce que je n'ai pas de +statut légal+, ça fait moins mal dit comme ça", confie cette employée de maison de 51 ans. "On vit une période de terreur, qui fait craindre de sortir dans la rue, d'aller travailler, d'aller au supermarché."

Tandis que ces immigrés sans-papiers vivaient dans l'anxiété depuis plusieurs jours, le vice-président Mike Pence a lancé mardi à Miami "Latinos por Trump".

Cette plateforme, destinée à séduire la communauté hispanique qui représente 26% des 21 millions d'habitants de Floride, vise particulièrement les Cubains et les Vénézuéliens qui ont apprécié les sanctions américaines contre La Havane et Caracas.

Mais le président républicain s'est attiré l'antipathie des Porto-Ricains installés dans cet Etat, avec son attitude après le dévastateur ouragan Maria en 2017.

"Les Américains d'origine hispanique ouvrent la voie dans cette économie. Comme le président Trump l'a dit, les dirigeants d'entreprises hispaniques sont la preuve vivante que le rêve américain est de retour et plus fort que jamais", a lancé M. Pence.

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Des analystes politiques et des militants démocrates ont qualifié la création de cette plateforme républicaine d'action "détestable".

La Floride devrait de nouveau être un Etat crucial en 2020. Dans ce contexte, attirer les électeurs hispaniques est un enjeu pour les deux partis.

D'après le Pew Research, la Floride était le troisième Etat --derrière la Californie et le Texas-- en nombre de sans-papiers (825.000) en 2017.

Raison pour laquelle les raids de Donald Trump "pourraient affecter de nombreuses familles" de Floride, relève Thomas Wenski, archevêque de Miami, auprès de l'AFP.

Selon lui, "beaucoup" de ces clandestins "sont insérés dans des familles américaines. Ils sont frères, soeurs, conjoints de citoyens américains. Donc tous seront affectés."

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