La technologie donne un sixième sens aux malvoyants pour les aider à se repérer

En partenariat avec The European Commission
La technologie donne un sixième sens aux malvoyants pour les aider à se repérer
Par Claudio RosminoStéphanie Lafourcatère
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Un projet de recherche européen, notamment mené en Roumanie, vise à développer la transposition des images en sons pour aider les aveugles à se repérer. Grâce aux dispositifs high-tech des chercheurs, ils pourront se déplacer de manière plus sûre et plus autonome.

Un projet de recherche européen, notamment mené en Roumanie, travaille sur la transposition des images en sons pour aider les aveugles à se repérer. Grâce aux dispositifs high-tech des chercheurs, ils pourront se déplacer de manière plus sûre et plus autonome.

"L'un des principaux outils d'aide à la mobilité des aveugles reste la canne blanche," fait remarquer notre reporter Claudio Rosmino. "Mais imaginez tout l'intérêt d'un appareil qui serait capable de rendre compte de l'environnement autour de la personne en temps réel : cette technologie existe, elle traduit les images en sons et en vibrations," indique-t-il.

Enseignant dans une école pour personnes malvoyantes, Cătălin Nicolaidi a perdu la vue quand il était enfant. Ce jour-là, à l'Université de Bucarest, il s'apprête à tester en tant que volontaire, dans le cadre d'un projet de recherche européen, l'un des appareils conçus par des chercheurs pour aider les aveugles à se repérer dans les espaces intérieurs.

"Le système intègre des caméras 3D qui scannent l'environnement en permanence, très rapidement, 20 fois par seconde," explique Alin Moldoveanu, coordinateur technique de ce projet appelé Sound of Vision. "Ensuite, nous traitons ces informations grâce à des algorithmes informatiques de vision qui nous permettent de représenter séparément les objets qui se trouvent autour de l'utilisateur : chaque objet lui est indiqué par des sons générés par ordinateur et spatialisés en 3D ; donc, il "entend" l'objet grâce à des vibrations transmises par une ceinture sur son abdomen," décrit-il.

Sons en 3D et retour tactile

La personne malvoyante est guidée en temps réel par ces sons en 3D associés à un retour tactile. Leur intensité varie en fonction de la distance à laquelle se trouvent les objets. Son utilisateur est ainsi doté d'une sorte de sixième sens selon l'équipe qui travaille sur ce projet européen.

Une autre application permet de lire des panneaux. "Quand l'utilisateur veut lire un texte, il lui suffit d'appuyer sur le bouton et le système cherche les textes présents dans l'environnement et lui indique leur emplacement," précise Alin Moldoveanu avant d'ajouter : "Il peut se tourner dans la bonne direction et entendre le texte qui lui est lu : pharmacie, supermarché ou station de métro."

Cătălin Nicolaidi nous donne son sentiment sur ces innovations : "Cela me donne beaucoup d'espoir pour l'avenir parce que je veux que ce système fonctionne bien."

Le système repère les éléments les plus importants dans l'espace : des escaliers, des portes ou des personnes qui se déplacent. Le moindre changement est aussitôt détecté.

Les utilisateurs peuvent aussi personnaliser certaines fonctions de l'appareil.

"Les aveugles ne peuvent percevoir que ce que touche la canne blanche, c'est-à-dire ce qui les entoure sur une distance d'un mètre devant eux et jusqu'à un mètre de hauteur," fait remarquer Rúnar Unnpórsson, coordinateur du projet et ingénieur mécanique. "Le prototype de notre projet Sound of Vision leur permet d'appréhender leur environnement plus loin et plus haut," souligne-t-il.

"Une application où la vie est en jeu"

Un navigateur destiné à un usage extérieur est aussi en cours de conception à l'Université technique de Iași dans le cadre de ce projet  mené sur trois ans qui a réuni neuf partenaires dans cinq pays européens (Islande, Pologne, Hongrie, Italie et Roumanie).

Se déplacer dans l'espace public est un défi pour les personnes malvoyantes. La technologie doit pouvoir faire face à des changements soudains comme des différences de luminosité, des déplacements de véhicules et de piétons, la pluie, etc.

"Pour l'usage en extérieur, nous utilisons deux caméras stéréo qui observent l'environnement en même temps et en s'appuyant sur ces deux images, nous évaluons les distances entre l'utilisateur et les objets et l'environnement," dit Simona Caraiman, professeure d'ingénierie informatique de cette université. "Nous devons tenir compte du fait que c'est une application où la vie est en jeu donc, le système doit être capable de signaler des situations dangereuses comme un trou dans le sol par exemple," insiste-t-elle.

"Du moment où je me suis servi de cet appareil, je me suis senti en confiance et plus en sécurité qu'avec toutes les autres choses que j'avais utilisées avant," raconte Eusebiu Toma, testeur malvoyant.

Les chercheurs peaufinent leurs systèmes destinés à l'intérieur et à l'extérieur pour pouvoir les combiner. L'étape suivante consistera à miniaturiser le dispositif en vue de sa commercialisation d'ici deux ans.

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