Les Suisses disent adieu au glacier Pizol, victime du réchauffement climatique

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Par Raphaelle Vivent  avec AFP
Les Suisses disent adieu au glacier Pizol, victime du réchauffement climatique
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Quelques semaines après les funérailles du glacier islandais Okjökull, près de 200 défenseurs du climat ont enterré symboliquement le glacier suisse Pizol, victime du réchauffement climatique.

En vêtements de deuil, plusieurs dizaines de randonneurs suisses ont participé à une longue marche funèbre à travers les Alpes. Leur destination : le Pizol, un glacier situé à 2700 mètres, et qui devrait bientôt disparaître en raison du changement climatique.

Le constat est sans appel : depuis 2006, le glacier a perdu 80 à 90% de son volume. Seuls subsistent 26 000 m² de glace, soit "moins que quatre terrains de football", selon Matthias Huss, spécialiste des glaciers à l'Université ETH de Zürich. Et la situation s'est encore dégradée ces deux dernières années : "En 2018, le glacier a commencé à se désintégrer et à perdre les derniers 40% de sa surface. Cette année, c'est encore pire. Donc on a presque tout perdu", se désole l'universitaire.

Le Pizol "a tellement perdu de sa substance que, d'un point de vue scientifique, il n'est plus du tout un glacier", explique Alessandra Degiacomi de l'Association suisse pour la Protection du Climat, l'une des ONG à l'origine des funérailles.

Ces funérailles rappellent celles organisées pour Okjökull il y a quelques semaines, un glacier islandais, lui aussi victime du dérèglement climatique.

On ne peut plus sauver ce glacier, mais il y en a beaucoup d'autres qui peuvent encore l'être, si l'on protège le climat.
Matthias Huss
spécialiste des glaciers à l'Université EHT de Zürich

Des célébrations symboliques qui ont pour objectif d'appeler les dirigeants du monde entier à agir en urgence - alors que le sommet spécial de l'ONU sur le climat s'ouvre ce lundi à New York.

Objectif zéro émission

"On ne peut plus sauver ce glacier, c'est fini, il est le symbole de tous les glaciers qui sont en train de disparaître et de la glace qui fond dans les Alpes, poursuit Matthias Huss. On ne peut plus sauver ce glacier, mais il y en a beaucoup d'autres qui peuvent encore l'être, si l'on protège le climat."

A l'image du Pizol, les quelque 4000 glaciers alpins, qui fournissent de l'eau en été à des millions de personnes, risquent de fondre de plus de 90% d'ici à la fin du siècle si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon une étude de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

L'Association suisse pour la Protection du Climat a lancé un référendum d'initiative populaire, dit "Initiative pour les glaciers", afin d'exiger que les émissions nettes de CO2 en Suisse soient réduites à zéro, au plus tard en 2050.