L'état d'esprit positif du Kuduro, courant musical angolais

En Angola, bien plus qu'un style de musique, le Kuduro est un état d'esprit : il est parti de la rue pour conquérir tout le pays et à présent, le monde entier.
Créateur de ce phénomène musical, Tony Amado a un statut de star dans les quartiers populaires de Luanda. Pour mieux comprendre l'essor de ce style, nous visitons le temps d'un week-end, les banlieues où s'est développé ce style de danse et de musique typiquement angolais dans les années 90.
Jean-Claude Van Damme comme source d'inspiration
À Sambizanga, Tony Amado fait sensation. Chacun veut l'impressionner en lui montrant sa dernière chorégraphie.
Mais comment ce producteur de musique a-t-il eu l'idée de créer ce style ? "Je me suis inspiré d'un film de Jean-Claude Van Damme où il y a une scène où il est ivre et où il fait ça," explique-t-il en se déhanchant. "Ensuite, j'ai créé cette musique, le Kuduro et c'est devenu un projet, on a invité d'autres personnes à y participer et les choses ont pris de l'ampleur," ajoute-t-il.
"Les artistes Kuduro sont pour la plupart, des gens des banlieues qui chantent du Kuduro pour s'élever dans la société," fait-il remarquer.
_"Un style qui peut tout arranger, quels que soient les problèmes qu'on a" _
Dans un autre quartier de la capitale, Zango IV, c'est le même enthousiasme. Tout le monde nous offre sa propre interprétation du Kuduro parce que celui-ci représente bien plus qu'une danse et un style de musique, mais un art de vivre.
La nuit tombée, nous nous dirigeons vers le quartier de Rangel pour y rencontrer la relève : la nouvelle génération d'artistes Kuduro comme Karliteira.
Pour lui, la popularité du Kuduro tient pour beaucoup, à son énergie positive. "Le Kuduro est un style qui peut tout arranger, quels que soient les problèmes qu'on a : c'est cet état d'esprit positif que le Kuduro apporte," assure Karliteira.
Essence d'une nation
Le lendemain, nous assistons à une séance en studio pour voir où la magie Kuduro opère et comment on produit ce son unique.
"On ne peut pas vraiment associer le Kuduro à un instrument en particulier," fait remarquer le producteur Nuno Tello. "On ne pouvait pas enregistrer cette musique avec un vrai groupe de percussionnistes, alors on a pris des rythmes électroniques et on en a fait quelque chose qui ressemble à ce qu'on peut entendre au carnaval qui est au cœur de notre tradition," souligne-t-il.
Une ambiance festive, des rythmes rapides, des paroles souvent crues et des chorégraphies spontanées : pour les Angolais, le Kuduro est l'essence d'une nation, sa fierté et son optimisme résonnant désormais à travers le monde.
Exemple avec Preto Show qui rentre d'un concert aux Pays-Bas. "Je ne m'attendais pas à ça de la part de tous ces gens : il y a ce désir d'écouter le "beat" angolais, le style angolais," indique Preto Show. "Donc aujourd'hui, on peut dire qu'on est de plus en plus reconnu en emmenant ce style - notre style angolais - vers d'autres horizons, d'autres continents," affirme-t-il.